Société « Osez le clito », c’est politique !

Différents types de clitoris © Osez le féminisme

Il fallait oseAffiche de la campagne Osez le clitor. Et Osez le féminisme l’a fait. Sa campagne entièrement consacrée au clitoris a commencé hier au soir. Pour l’association, « qu’il s’agisse de livres scolaires ou médicaux, d’expositions, de littérature érotique, de pornographie, de recherches médicales ou tout simplement de rapports humains, le clitoris est très souvent oublié, considéré comme mineur ou cantonné aux préliminaires ».

Il faut dire qu’il est discret, à l’abri sous son capuchon, on n’aperçoit bien souvent qu’un dixième de cet iceberg qui ne laisse de glace aucune des filles de la rédaction. De 0,5 à 1 cm en externe, pour au moins 11 cm en interne. Et l’association entend bien le rendre visible avec des clips, un affichage sauvage dans toute la France, des pochoirs sur nos trottoirs, et le lancement du site Osez le clito.

Ce cher inconnu !

C’est bien beau cette campagne, c’est drôle, ça pourra choquer, mais Osez le féminisme n’est pas là que pour rigoler. Plutôt pour réparer un oubli, une occultation, parfois une diabolisation de ce cher inconnu. Inutile à la procréation, avec ses 8 000 à 10 000 terminaisons nerveuses (les informations varient) il est uniquement destiné au plaisir.

Et pourtant, de mémoire, nous n’avons jamais vu de femmes en compétition pour savoir qui a le plus gros. Il faut dire que les hommes ne sont pas les seuls à l’ignorer, les femmes elles aussi le connaissent mal.
D’après l’enquête réalisée par Osez le féminisme en mai 2011 (*), 24% des personnes ont donné la bonne taille du clitoris, contre 53% qui pensent qu’il ne mesure que 1 cm.

Anatomie

Et cette ignorance, cette négation n’est pas sans conséquences. Pour Osez le féminisme, « le clitoris et la sexualité des femmes sont des sujets politiques : le fait qu’on les oublie, qu’on les nie, qu’on les enferme dans des normes ou qu’on les mutile ont des conséquences importantes sur nos vies quotidiennes ».
Ce qui est tu peut être perçu comme anormal, mal, « sale », interdit… Des interprétations qui peuvent freiner une sexualité épanouie, tant chez les hommes que chez les femmes. Des femmes freinées par une méconnaissance de leur corps, des hommes par le culte de la performance coïtale. Et beaucoup par l’idée qu’une femme ne peut pas jouir sans le sexe de l’homme. Ou qu’elle n’a pas le droit de jouir tout court…

Pour Caroline de Haas, porte-parole de l’association, « le but de cette campagne, c’est de faire évoluer les mentalités. Le féminisme s’est battu pour l’accès à la contraception et à l’IVG, mais l’égalité femmes/hommes n’est pas encore atteinte sans l’accès possible pour tous-tes à la découverte de sa sexualité. Seul l’égalité d’accès à la connaissance amène l’émancipation ».

Lors de la conférence de presse du 20 juin pour le lancement de la campagne, elle explique : « La publication en 2002 du Guide du zizi sexuel, de Hélène Bruller, illustré par ZEP, l’auteur de Titeuf, et l’expo qui a suivi ont été jugés comme ultra-modernes. Mais on n’y parle pas du clitoris. Dans le livre, le clitoris n’apparaît pas dans le glossaire, alors que l’on trouve gland, érection, vulve… On trouve trois lignes sur le sujet et il est présenté comme un mini-zizi de garçon et une phrase peut laisser entendre qu’il sert à faire pipi. Autant apprendre à conduire sans voiture ! »

Un peu de sérieux !

Mais lorsqu’il n’est pas volontairement ou négligemment ignoré, il est diabolisé et parfois excisé.
Considéré au XIXe siècle en Occident comme siège de « maladies mentales » féminines comme l’hystérie, l’épilepsie, l’homosexualité, le docteur Isaac Baker Brown, président de la British Medical Society recommande en 1865 son excision. Il est l’objet aujourd’hui dans de nombreux pays de mutilations génitales féminines.

Environ 130 millions de filles et de femmes ont subi une mutilation sexuelle dans le monde. Chaque année, 3 millions de petites filles risquent d’être soumises à cette pratique.

Le lancement du site commence aujourd’hui et des contenus très intéressants sont déjà en ligne, répartis dans six rubriques : le clito qu’est-ce que c’est ? – Pourquoi le clito fait-il peur ? – 12 idées reçues sur le clitoris – Elles et ils racontent – Quand la recherche ne s’en mêle pas – L’excision, une violence faite aux femmes.

Des entretiens passionnants avec des « ami-e-s du clito » sont à consulter de toute urgence : Pierre Foldès, chirurgien urologue qui a mis au point les techniques de réparation des organes sexuels pour les femmes mutilées ; Odile Buisson, gynécologue qui a réalisé les premières échographies du clitoris « en action » ; Isabelle Gillette Faye, directrice du GAMS (Groupe femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles et autres pratiques affectant la santé des femmes et des enfants) ; Thérèse Clerc, fondatrice de la Maison des Babayagas, à Montreuil (93) qui parle de la sexualité des femmes âgées (n’oublions pas que le clitoris fonctionne tout au long de la vie) ; Damien Mascret, médecin, journaliste, sexologue et auteur de La Revanche du clitoris.

Alors osez le savoir en allant sur le site Osezleclito.fr, mais, surtout, osez la pratique !…
Et on attend avec impatience la campagne Trouvez le point G !

Catherine Capdeville – EGALITE

(*) L’enquête a été réalisée sur le site d’Osez le féminisme et leur page Facebook, sans visée scientifique : l’échantillon est composé de 2 600 personnes, toutes assez jeunes (33 ans de moyenne d’âge) et sensibilisées à l’égalité femmes/hommes. 30 % d’hommes ont répondu à l’enquête.

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