Biennale de l'égalité en Bretagne « Les garçons doivent s’autoriser à s’intéresser aux métiers « féminins » »

Yoann Thébaud

Yoann Thébaut a choisi de travailler dans une crèche. En France, rares sont les hommes qui suivent cette voie. A l’occasion de la Biennale de l’égalité organisée par la région Bretagne les 9 et 10 décembre à Saint-Malo, Yoann souhaite passer le virus à d’autres garçons.

Yoann Thébaud

Vous travaillez actuellement dans une crèche. Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai 27 ans et j’ai passé mon CAP petite enfance il y a deux ans, après un parcours un peu spécial. Après un bac SMS (sciences médico-sociales), j’ai fait une licence en sciences de l’éducation, puis j’ai passé un concours d’éducateur de jeunes enfants. Mais je n’ai pas trouvé d’entreprise pour faire une formation en alternance. Je savais depuis toujours que je voulais travailler auprès des enfants et notamment des plus petits. Après mon CAP, j’ai été embauché par Gepetto à Vannes (voir l’encadré).

Comment vous êtes-vous intégré dans ce milieu largement féminin ?

J’avais déjà l’habitude d’affronter les conseillers d’orientation, qui s’étonnaient que je veuille travailler avec des enfants. Au lycée, en section SMS, il y avait beaucoup de filles. Pendant ma formation de CAP, j’ai observé pas mal de réticences du côté des enseignantes. J’étais le premier homme à faire cette formation et il y avait tout un discours à changer. Je crois qu’il a fallu un temps d’adaptation aux formatrices.

Et comment réagissent les parents aujourd’hui ?

C’est surprenant pour la quasi totalité des parents. Il y a tout un travail mis en place par l’équipe d’Optimômes (voir encadré) pour leur faire comprendre que j’ai tout à fait ma place auprès de leurs enfants. Beaucoup de parents me prennent pour un stagiaire voire pour un parent. Puis ils comprennent que je suis un professionnel et que tout se passera de la même façon qu’avec une de mes collègues.

 

  • Optimômes, un mode de garde innovant
  • La société Optimômes regroupe la crèche solidaire les Minuscules et l’association Gepetto. La complémentarité des deux structures permet une amplitude horaire de 5h30 à 18h45, comprenant si besoin une garde des enfants le matin au domicile jusqu’à l’ouverture de la crèche. Une initiative intéressante pour les gens qui ont des horaires décalés et ne peuvent accompagner eux-mêmes leur enfant à la crèche. Aujourd’hui, Optimômes gère quatre crèches en France : une à Vannes (56), une à Rennes (35), et deux à Lyon (69).

Pensez-vous que la présence d’hommes est importante auprès des jeunes enfants ?

Beaucoup de gens, encore aujourd’hui, autant chez les professionnel-le-s que chez les parents, pensent qu’une femme a plus sa place auprès des enfants, surtout dans les premières années de la vie. Je pense qu’il est important de changer les idées reçues et de faire évoluer les mentalités. Je me bats pour que les hommes trouvent leur place dans des métiers quasi exclusivement féminins. Aujourd’hui, il n’y a que 3% d’hommes dans le milieu de la petite enfance. Ce n’est pas suffisant car beaucoup de jeunes enfants vivent entourés de femmes et pour trouver leur équilibre ils doivent construire leurs repères aussi auprès des hommes. Quand on est un petit garçon, c’est important de savoir qu’il existe aussi des grands garçons !

Que proposez-vous à la Biennale de l’égalité ?

Un débat (*) avec des lycéens et des apprentis à partir d’un petit film de 2 mn 30, Paroles de gars. Il a été réalisé par Optimômes il y a trois ans au lycée Notre-Dame-le-Ménimur de Vannes. L’objectif est d’accueillir un public uniquement masculin pour dire aux garçons qu’ils doivent s’autoriser à s’intéresser aux métiers qui leur semblent réservés aux femmes. Je serai là aussi pour témoigner de ma propre expérience et leur dire : n’ayez pas peur de choisir ce type de métier.

Et si des filles veulent s’inscrire à votre atelier ?

Elles auront leur place aussi dans notre stand où elles pourront s’exprimer sur la place des hommes dans les crèches. Mais avant tout on voudrait pouvoir mesurer l’évolution entre les paroles de garçons filmées en 2008 et celles d’aujourd’hui.

Propos recueillis par Geneviève Roy – EGALITE

(*) L’atelier proposé par Yoann Thébaut et Optimômes se déroulera le vendredi 9 décembre. Retrouvez tout le programme de la 3ème Biennale de l’égalité femmes et hommes sur le site de la Biennale.

 

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