Politique Seybah Dagoma, plus qu’un symbole, « une femme de gauche »

Seybah Dagoma

Seybah Dagoma

Elle est jeune, femme et noire. Trois handicaps en politique qui visiblement n’en n’ont pas été pour elle.

Le 17 juin, avec 70,10 % des voix, Seybah Dagoma, tout juste 34 ans, a été élue députée de la 5e circonscription de Paris (3e et 10e arrondissements), battant son rival UMP Benjamin Lancar.

Investie dans une circonscription acquise au PS, elle avait toutes les chances d’être élue. Les partis politiques n’investissent donc pas les femmes seulement dans des circonscriptions difficiles à gagner ? « La preuve que non ! »

Un symbole de la parité et de la diversité Seybah Dagoma ? Elle espère plutôt avoir été investie par son parti pour ses compétences et « son expérience politique et de terrain ».

Et elle aimerait se détacher de l’étiquette d’élue de la diversité qui lui colle déjà à la peau : « Le sexe, l’âge ou la condition sociale ne garantissent en rien la qualité des lois votées, mais il est important d’avoir cette diversité. L’ancienne Assemblée nationale constituée à 18,5 % de femmes, avec une moyenne d’âge des députés de 52 ans, et une sur-représentation des catégories professionnelles supérieures, n’était pas satisfaisante. »

Seule Noire d’origine africaine du nouvel hémicycle, elle se dit « avant tout une femme politique, une femme de gauche ». Et socialiste.

Sourcils froncés, elle rechigne à parler de ses origines et de sa vie privée, elle préfère parler de son « engagement [à elle] ».

Elle livrera au compte-gouttes quelques éléments de son parcours atypique. Née à Nantes de parents tchadiens, elle est élevée par sa mère « de condition très modeste » et grandit à Sarcelles dans le Val-d’Oise. Un pur produit de « l’école de la République ».

C’est pourquoi elle se dit heureuse d’appartenir à un parti « dont le président met l’éducation au cœur de tout ». « L’école a été laissée en piteux état. La République c’est permettre à tous les enfants de se réaliser. La reproduction des élites on sait ce que cela veut dire… »

Elle se dit impatiente de se mettre au travail. Avec pour tâche la plus urgente l’élaboration de la nouvelle loi sur le harcèlement sexuel.

Ses priorités ? L’emploi, le logement, la santé, l’éducation…

Et pour les femmes ? « Violences, rémunérations, soutien aux femmes en situation de mono-parentalité, emploi, précarité… La tâche est énorme ! »

Globalement, c’est un programme « de justice sociale » qu’elle porte avec conviction.

Cette avocate « spécialisée dans les entreprises en difficulté » n’exerce plus depuis son mandat de conseillère à la mairie de Paris. Après un engagement associatif, notamment par le biais du soutien scolaire, elle décide de militer au parti socialiste «par l’action et la réflexion». Elle est membre fondatrice du laboratoire d’idées Terra Nova et membre du conseil d’orientation scientifique de la Fondation Jean-Jaurès. Elle se présente aux municipales à Paris en 2008, sur la liste de Bertrand Delanoë, « qui lui a fait confiance ». Elle était, jusqu’au 17 juin, adjointe au maire de Paris à l’économie sociale et solidaire.

Candidate pour la première fois, elle est élue députée. Un parcours sans fautes.

La politique, c’est donc si facile aujourd’hui pour une jeune femme ?

« Maman » les-yeux-qui-brillent-quand-elle-en-parle d’un petit garçon de 2 ans, Seybah Dagoma reconnait que, sans la compréhension et l’aide de son compagnon, la campagne des législatives n’aurait pas été possible…

Catherine Capdeville – EGALITE

print