Culture Livres à (re)lire pour l’été
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La Bâtarde d’Istanbul, de Elif Shafak
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Armanoush, qui a un père arménien et une mère américaine, vit aux Etats-Unis. Depuis le divorce de ses parents, elle est déchirée entre deux cultures, d’autant que sa mère est remariée avec un Turc, qui incarne l’ennemi héréditaire.
De l’autre côté de l’Atlantique, Asya vit à Istanbul, sans père dans une famille de femmes, toutes originales : elle est « la bâtarde ».
Armanoush décide d’aller en Turquie sur les traces de sa famille et rencontre Armanoush. Entre les deux femmes, l’amitié est immédiate…
Ce roman est prétexte à nous raconter, à travers le portrait de deux femmes, l’histoire récente de la Turquie. Dans cette promenade passionnée et érudite à travers Istanbul, les deux femmes partagent beaucoup de plaisirs, dont la nourriture : chaque chapitre porte le nom d’un ingrédient !
Ouvrage foisonnant et attachant.
Voir notre portrait de Elif Shafak.
Phébus août 2007 et 10/18 septembre 2009
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Precious, de Sapphire
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Tout commence très fort, avec une violence primitive : Precious se fait frapper, violer et engrosser par son père, maltraiter et humilier par sa mère.
Elevée à Harlem, dans l’horreur d’une misère qui s’infiltre partout, elle est mère à seize ans de deux tout-petits, est obèse et se fait renvoyer de l’école.
Sa chance : être mise par une assistante sociale sur le chemin de l’Etablissement d’Enseignement Parallèle dont la devise est «Apprendre de chacun, apprendre à chacun».
Lentement, elle apprend à lire et découvre la poésie. Elle apprend à vivre, tout simplement.
Un livre exceptionnel, troublant et attachant.
Seuil, février 2010
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Femmes, race et classe, de Angela Davis
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Née en 1944 dans l’Etat d’Alabama, Angela Davis est une grande figure du mouvement Noir américain et une militante révolutionnaire. Elle dénonce le fait que les femmes noires sont triplement réprimées : à cause de leur classe sociale, de leur race et de leur sexe. Pour elle, seule l’unité des mouvements entre Noirs et Blancs et entre hommes et femmes permettra de combattre la classe dirigeante.
«L’abolition du travail domestique en tant que responsabilité individuelle de chaque femme est un but stratégique du mouvement des femmes. Mais la socialisation du travail domestique passe par la suppression du règne du profit économique. Les femmes sont donc particulièrement concernées par le combat du socialisme. »
Des femmes, 1983
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La Petite Différence et ses grandes conséquences,
de Alice Schwarzer
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La journaliste allemande Alice Schwarzer est née en 1942.
Grande figure du féminisme allemand et fondatrice du magazine Emma, elle est initiatrice de la campagne médiatique PorNO visant à faire interdire la pornographie.
« C’est dans le rapport homme-femme que s’ancrent la soumission, la culpabilité, la fixation aux hommes, c’est là que prennent racine puissance virile et impuissance féminine, c’est là que le soi-disant privé échappe à toute réflexion politique. C’est là que la dépendance apeurée et l’isolement honteux empêchent les femmes de se rendre compte combien leurs destins se ressemblent… »
Des femmes, 1977
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Une chambre à soi, de Virginia Woolf
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Virginia Woolf, écrivaine et féministe anglaise née en 1882, s’est suicidée en 1941.
Elle est considérée comme l’une des plus grandes romancières anglaises du XXe siècle.
Une chambre à soi est son ouvrage le plus connu.
« Tous ces siècles, les femmes ont servi de miroirs, dotés du pouvoir magique et délicieux de refléter la figure de l’homme en doublant ses démons naturels. »
Avec irritation et ironie, Virginia Woolf détaille les conditions matérielles limitant l’accès des femmes à l’écriture : interdiction de prendre du temps pour s’ouvrir l’esprit, charges et contraintes liées au mariage, à la charge du ménage et des enfants… Elle compare les conditions de vie de Shakespeare à celle d’une sœur qu’elle lui imagine… L’injustice est criante !
Texte paru en 1929, existe en dans la collection 10/18
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Prochain rendez-vous le 22 août.
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