Chroniques La Fête de l’Humanité(e) ?

On se promène dans des allées noires de monde. On écoute des débats. On attrape au vol des slogans de contestation et de lutte. On hésite entre la pizza Maurice Thorez, la Gagarine ou bien les merguez des camarades tunisiens en lutte. En un mot, on se fait chaud au cœur et au ventre. De Pierre Laurent à Mélenchon, le programme de lutte de la rentrée semble chargé.

Et puis, très vite, un sentiment de malaise s’empare de la féministe en goguette. Où est la cause des femmes, dans cette fête des luttes ? L’égalité professionnelle, celle des salaires et des carrières, les luttes contre les discriminations, le combat pour des IVG accessibles à toutes, contre le sexisme à l’école, pour l’abolition de la prostitution… Où sont tout simplement les stands de femmes ? Où lit-on leurs mots d’ordre ? Leurs priorités pour cette rentrée ? Où relaie-t-on les combats de leur Ministre, la première depuis si longtemps ?

Les grands thèmes de la fête jamais ne mentionnent les femmes : le refus de l’austérité européenne, l’Algérie, 50 ans après l’indépendance, le rendez-vous des salariés en lutte, liberté/égalité/fraternité, la Palestine au cœur, les suites du                 « printemps arabe »… et même le thème « Déclarons avec Aragon » pour célébrer le trentenaire de la mort du poète, ose ce sous-titre : « la parole n’a pas été donnée à l’homme : il l’a prise ». Et la femme, donc, mon bon monsieur, je ne vous le fais pas dire… !

Heureusement, dans cette Fête au demeurant très festive, il y a les crêpes à faire et les makrouds à servir : voilà qui donne une vraie visibilité aux femmes ! Et puis le service, ça les connaît, elles font ça tellement bien !

Bien sûr, Femmes Solidaires et Clara Magazine sont présentes dans un coin. Et Causette et Osez le Féminisme aussi, plus introuvables encore. Et toutes les initiatives en direction des femmes mises en place par le Conseil Général de Seine-Saint-Denis sur un superbe stand où interviennent deux femmes pour trois hommes à la tribune.

Mais on voudrait des banderoles, des débats, des annonces, des têtes d’affiche : un partage de la fête, en quelque sorte ! La Fête de l’Humanité(e), quoi !

Allez. Je suis de mauvaise foi, comme toujours. L’égalité, on nous la proposait dans cette fête : au stand P-Mate. Un stand purement commercial où l’on vendait un petit gobelet destiné aux femmes pour qu’elles puissent faire pipi debout, et sans baisser leur pantalon. Où avais-je donc trouvé matière à critique ? A la Fête de l’Huma, on permet aux femmes de pisser debout ! C’est bien cela, la lutte finale.

Debout, ma camarade, et cesse de geindre, le vieux monde est derrière toi…

 

Danielle Michel-Chich

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