Société L’été à Lyon : « Allez avorter ailleurs »

En août, tous les établissements de santé pratiquant des interruptions volontaires de grossesse dans le département du Rhône, excepté un seul, étaient fermés ou en activités réduites. De plus 3 médecins sur 17 habilités à pratiquer l’IVG médicamenteuse dans leur cabinet étaient en congés.

Résultats:

– Des délais de prise de rendez-vous allongés, un minimum de 3 semaines pour obtenir un rendez-vous pour une IVG. Des femmes étaient alors obligées se rendre dans d’autres départements de la région, ou d’autres régions. La ville de Grenoble s’est même plainte d’être obligée de recevoir des femmes de Lyon.

– Des difficultés pour certaines femmes qui le souhaiteraient d’accéder à l’IVG précoce par méthode médicamenteuse. (1)

– Pour les femmes proches du « délai limite » (14 semaines d’aménorrhée, c’est-à-dire 12 semaines de grossesse) obtenir un rendez-vous pour une IVG, déjà difficile le reste de l’année, devenait plus compliqué.

« Pour Le Planning, c’est une remise en cause la possibilité du choix inscrit dans la loi », Valérie Radix, conseillère conjugale et familiale au Planning Familial 69 ajoute : « François Hollande dans ses 40 engagements pour l’égalité femmes/hommes avait promis de faire respecter la loi qui oblige chaque structure hospitalière à disposer d’un centre IVG ».

 Un bilan contrasté

Chaque année pourtant, le ministère de la Santé transmet à toutes les Agences régionales de santé (ARS) une circulaire leur demandant de coordonner, pour la période estivale, l’activité des établissements de santé participant à la prise en charge de l’IVG. L’objectif est de « permettre, durant la période estivale, à toutes les femmes faisant une demande d’IVG dans les délais légaux de trouver une réponse adaptée, médicamenteuse ou instrumentale, y compris pour les demandes se situant entre 12 et 14 semaines d’aménorrhée…. ».

Suite à cette alerte, la direction de l’ARS – Rhône-Alpes s’engageait à trouver une solution afin que toutes les femmes puissent obtenir un rendez-vous dans les meilleurs délais dans le département. Rappelons que la Haute Autorité de Santé préconise un délai de 7 jours de réflexion après une demande d’IVG. Une responsable de l’ARS en charge de cette question s’est ainsi rendue dans certains hôpitaux pour comprendre d’où venaient les dysfonctionnements. L’idée était de mettre en place un dispositif d’urgence passant par le planning.

Le Planning Familial 69 s’inquiète aussi des restructurations qui pèsent sur les Centre d’IVG à Lyon, comme il y en a eu à Paris et ailleurs en France. A l’hôpital de la Croix-Rousse, le projet serait un éclatement du service pour organiser les hospitalisations en gynécologie. A Lyon Sud, le CIVG serait lui carrément rattaché au service de gynécologie.

Fin septembre, une réunion de bilan partagé réunit des responsables des centres d’IVG du département, de l’ARS et du Planning Familial.

A la suite de cette rencontre, l’association met en avant les points positifs : le dispositif d’alerte de l’été mis en place peut être réactivé en cas de besoin, un groupe de travail continuera à se réunir dans la cadre du projet régional de santé et pourrait être étendu. Il pourrait s’inspirer de celui qui est en place en Ile de France.

Mais certaines positions des institutions tentant à minimiser les problèmes que vit le département, pointant le fait qu’ils ne concernent que peu femmes, qu’elles ne viennent pas aux rendez-vous ou qu’un bon délai de réflexion ne peut que favoriser leur choix …, ne satisfont pas Le Planning.

« Les femmes doivent avoir un vrai choix » conclut Valérie Radix.

 

Caroline Flepp – EGALITE 

 

(1) Cette prise de médicament doit se faire avant 7 semaines d’aménorrhée (c’est-à-dire 5 semaines de grossesse).

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