Articles récents \ France \ Société ABCD de l'égalité : la riposte s'organise face à la reculade du gouvernement

Les ABCD de l’égalité ont été mis en place dans plus de 600 classes du primaire de 10 académies au cours de l’année scolaire 2013-2014 . L’objectif était de proposer des outils aux enseignant-e-s pour déconstruire les stéréotypes afin de favoriser l’égalité dans la progression éducative entre filles et garçons et de transmettre une culture de l’égalité entre les sexes.  Nicole Abar, responsable sport de haut niveau, ancienne footballeuse, avait été chargée de l’animation de l’expérimentation des ABCD.

«Autour de l’ABCD, il y a des confusions » expliquait hier Benoit Hamon. Mais confusions pour qui ? Certainement pas pour tous celles et ceux qui se battent pour faire avancer la question de l’égalité entre les filles et les garçons. Alors de fait, Benoit Hamon parle d’une partie de la droite, d’un courant catho et de l’extrême droite, tous  vent debout contre ce qui était une belle initiative. Le ministre recule devant la droite la plus obscurantiste, oubliant celles et ceux qui ont permis à ce gouvernement d’arriver au pouvoir. Pourquoi renoncer à la généralisation des ABCD de l’égalité dont « l’évaluation est globalement positive » pour proposer un plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école défini comme « très ambitieux » mais qui ne satisfait personne et reprend en grande partie la loi de refondation de l’école du 8 juillet 2013 ?
Revue des réactions devant ce nouveau recul du gouvernement Valls.
Les partis  de gauche montent au créneau 
Même au PS. Ainsi, un de ses courants, baptisé la Gauche forte, parle sur son compte Twitter de «reculade».
Brigitte Gonthier Maurin, présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat explique, le 2 juillet,  lors de la présentation d’un rapport sur les stéréotypes sexistes dans les manuels scolaires:  « le plan ne nous paraît pas présenter les mêmes garanties d’effectivité que les ABCD de l’égalité ». La délégation a saisi les deux ministres concernés Benoit Hamon et Najat Vallaud-Belkacem.  Catherine Coutelle, présidente de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée Nationale, scandalisée par l’instrumentalisation faites des ABCD,  a également exprimé  son regret devant cet abandon et également  interpellé les deux ministres.
Le porte-parole du Parti communiste, Olivier Dartigolles s’indigne : «Face à une coalition la plus réactionnaire possible, le gouvernement a capitulé en rase campagne. C’est un coup terrible porté à l’égalité, à la lutte contre toutes les discriminations que vient d’asséner le gouvernement, qui va conforter et légitimer les discours obscurantistes qui prolifèrent».
Dans le Monde, Esther Benbassa, sénatrice EELV se dit : « déçue qu’on ait reculé devant l’extrême droite, les catholiques et les musulmans. Le gouvernement fait de la cosmétique : il veut faire de la formation pour les enseignants mais recule sur les ABCD de l’égalité. C’est difficilement compréhensible. Certes, les musulmans et les catholiques n’en veulent pas. Mais on n’est pas dans un pays catholique ! Aux Etats-Unis, le genre est enseigné depuis longtemps et il n’y a rien de choquant à cela. »
La colère des associations
« L’annonce du gouvernement d’abandonner la généralisation des enseignements à partir des ABCD de l’égalité, après son expérimentation positive en 2013, signe une capitulation honteuse pour lui, un recul inquiétant pour la démocratie, dramatique pour cette pierre de touche républicaine qu’est l’égalité, inacceptable pour ceux qui sont du côté des droits de l’Homme » écrit la ligue des droits de l’homme.
Le Collectif National des Droits des Femmes se demande « Jusqu’où les renoncements sur les droits des femmes ? » et ajoute : « On nous avait promis un quinquennat sur les droits des femmes, on assiste à l’heure actuelle à des renoncements en série ! «
Osez le Féminisme ! parle de « fuite en arrière » et pense que le nouveau plan de Hamon est « un plan  moins ambitieux, et n’est que « le recyclage de quelques bonnes intentions et de mesures existantes pourtant déjà jugées insuffisantes … Pas de contraintes, pas d’objectifs précis, pas d’échéances : les formations et outils pédagogiques sont à destination des personnels de l’éducation, et non des élèves, et de nouveau réservé-e-s aux volontaires. »
De très nombreuses associations (1) appellent à un rassemblement pour la généralisation des ABCD de l’égalité, le mercredi 2 juillet, 14h30 devant le Ministère de l’Éducation Nationale, 110 rue de Grenelle, 75007, Paris.
50-50
 
(1) Osez le féminisme !, Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire et universitaire (regroupant FCPE, Fep-CFDT, Ferc-CGT, FSU, Sgen-CFDT, Sud éducation, UNEF, FIDL, UNL), InterLGBT , ARGEF (Association de Recherche pour le Genre en Education et Formation), ANEF (Association nationale des études féministes), Femmes Ingénieurs, Femmes & Sciences, Femmes et mathématiques, Djendeur Terroristas, Institut Emilie du Châtelet pour le développement et la diffusion des études sur les femmes, le sexe et le genre, Collectif « Genre, recherche, éducation », équipe genre & éducation, ESPé UT2, Centre EPS et Société, Les Féministes en Mouvement, Association FIT, une femme, un toit, l’Assemblée des femmes , Fédération Nationale Solidarité Femmes, Le Planning Familial (MFPF), Association Du côté des Femmes, Les Enfants d’Arc en Ciel – l’asso, Centre LGBT Paris-Île-De-France, le Long Yang Club – Paris, Collectif National Droits des Femmes, Collectif Féministe Contre le Viol, CRIFIP et Le monde à Travers un Regard, Libres MarianneS, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir, Féminisme et Géopolitique, FièrEs, Réussir l’égalité femmes-hommes, Adéquations, ANEF, Mouvement jeunes femmes, Mémoire Traumatique et Victimologie, Association Du Côté des Femmes, Stop Harcèlement de Rue…
 
Article actualisé le 3 juillet 2014
 

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