Monde Marina Silva: une candidate opportuniste ?

La carrière politique de Marina Silva, candidate à l’élection présidentielle au Brésil, le 5 octobre prochain, est sinueuse. Elle a changé trois fois de parti et a échoué à créer le sien. Ses positions économiques, environnementales et sociales sont à l’image de son parcours politique. Portrait d’une femme politique imprévisible.

Mulâtre, d’origine modeste, Marina Silva a tout d’abord été femme de ménage, et s’est instruite sur le tard. Avec Chico Mendes, militant syndicaliste, elle a durant des années défendu l’extraction naturelle du caoutchouc et lutté contre la déforestation.
Membre du parti des travailleurs (PT) , Marina Silva est élue sénatrice en 1994.
En 2003, elle est ministre de l’Environnement du gouvernement Lula. Elle met alors en place un plan national de lutte contre la déforestation. Puis de plus en plus isolée au sein du gouvernement, elle démissionne de son poste en mai 2008.
En 2009, elle quitte le PT pour entrer au parti vert dont elle se retire en 2011.
En 2013, après avoir échoué à créer son propre parti A Rede (le Filet), elle rejoint le parti socialiste brésilien (PSB) dont elle devient vice-présidente. Après la mort d’Eduardo Campos, le président du PSB, dans un accident d’avion le 13 août 2014, elle est désignée candidate à la présidence du pays.
Depuis cette candidature, elle a changé ses positions au point de devenir, disent certain-e-s qui la connaissent bien, « méconnaissable ». Une femme politique difficile à suivre …
Après avoir longtemps rejeté les produits transgéniques, ce qui contrariait bien évidement les intérêts des « rurales », les grands propriétaires terriens qui plantent de façon extensive, principalement pour l’exportation, elle revient aujourd’hui sur cette position.
 
Une candidate évangélique 
 
La candidate du PSB avait tout d’abord pris position pour le mariage homosexuel puis, sous la pression de pasteur évangélique Malafaia, elle a renié sa position, expliquant qu’elle avait été mal comprise. Silas Malafaia est un télévangéliste qui rejette ouvertement l’avortement et le mariage des homosexuels. Marina Silva est elle-même évangélique, et comme elle recherche tous les appuis possibles, on peut craindre une « évangélisation » de la vie quotidienne.
Ces derniers temps, le mouvement féministe s’est mobilisé contre deux projets de députés évangéliques (ils sont 73 députés sur 594). L’un proposait un statut qui donnerait plus de droits à l’ovule fécondé qu’à la femme qui le porte, et l’attribution d’une bourse jusqu’aux 18 ans de l’enfant que les femmes, même violées, décideraient de garder. Raison pour laquelle, les féministes l’appellent la « bourse-viol ».
Un autre projet des députés évangéliques s’appelle « cura gay » et se propose de guérir les gays !
Comme le PSB est un parti relativement petit, Marina Silva se dit prête à faire toutes les concessions possibles en direction de ses potentiels alliés, à droite, comme à gauche. Dans ses discours, elle affirme que, si elle est élue, elle gouvernera avec « les bons » de tous les partis politiques – même du PT !
Elle déclare qu’elle sera à l’écoute des intérêts de tout-e-s , des « rurales » jusqu’aux « quebradeiras de côco » (les femmes qui cassent manuellement les petites noix de coco dont on extrait de l’huile).
Elle est très proche de l’héritière de la plus grosse banque du Brésil et prétend « libérer » l’économie. Elle propose également « l’indépendance » de la Banque Centrale.
Pour les questions « délicates », elle suggère le recours aux référendums. Imaginons quel serait le résultat d’un référendum sur la question de l’avortement (1) !
Marina Silva revient sur nombre des positions qu’elle a adopté au cours de son parcours politique. Son discours parait très opportuniste. Il semble qu’elle dit ce que les électrices et électeurs les moins politisé-e-s aimeraient entendre.
 
Rachel Moreno 50-50
 
(1) L’avortement est autorisé au Brésil dans trois cas: quand il résulte d’un viol, quand il menace la vie de la mère et quand le fœtus est atteint d’anencéphalie ( absence d’encéphale : cerveau, cervelet et tronc cérébral)

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