Articles récents \ Monde Aux Etats-Unis, on enchaîne toujours les prisonnières enceintes.
Aux Etats Unis, dans le Wisconsin, en juin 2013, Alicia Beltran enceinte de 14 semaines ne pensait pas en se rendant à son rendez vous de suivi de grossesse que son cas servirait à lancer une action de justice pour remettre en cause les lois fœticides et autres lois qui permettent d’envoyer en prison des femmes enceintes accusées de mettre en danger la vie du fœtus qu’elles portent.
Alicia Bretan s’étant sevrée d’une accoutumance médicamenteuse depuis plusieurs mois décide d’en parler à son médecin pour plus de sûreté. Au lieu de répondre à ses questions et inquiétudes, le cabinet médical appelle la police en vertu de ces lois qui donnent au fœtus le statut d’une personne, trahissant ainsi le secret médical et la confiance qui devrait être à la base de la relation patiente-praticien-ne.
Deux jours plus tard, la police l’arrête à son domicile et lui met chaînes et menottes aux poignets et aux chevilles.Elle est ensuite conduite ainsi enchaînée au tribunal où une procédure expéditive l’attend. Le fœtus est représenté par un avocat, mais Alicia Bretan n’a droit à aucune assistance légale ou médicale. Le juge ordonne qu’elle suive un traitement de désintoxication, bien qu’aucune trace de drogue n’ait été trouvée dans les analyses réalisées après l’audience, bien qu’elle ait eu soin de veiller sur sa grossesse.
A la suite de ce jugement les problèmes se sont accumulés pour Alicia Bretan et elle a finalement perdu son emploi, puisqu’il n’y a pas de garantie d’emploi pour les femmes enceintes aux Etats Unis. De plus, toute cette action en justice a sans aucun doute eu des effets néfastes sur sa santé et la santé du fœtus ainsi que sur son statut social et celui de sa famille.
Des lois foeticides
Le Wisconsin comme le Maryland font partie des trente huit États qui ont fait passer des lois foeticides. Le Wisconsin, le Minnesota et le Dakota du sud se sont aussi dotés des lois dites “cocaïne mom“ qui expédient encore plus vite en prison les femmes enceintes qui auraient utilisé de la drogue.
Durant la dernière décennie, le risque de se retrouver derrière les barreaux pour les femmes n’a fait qu’augmenter et en particulier pour les femmes enceintes.
Le cas Alicia Beltran a ouvert la voie à la première action en justice au niveau fédéral lsoutenue par deux ONG qui défendent les droits reproductifs des femmes : The National Advocates for pregnant women et The Reproductive Justice Clinic ainsi que par l’avocate de la plaignante Linda S. Vanden Heuvel.
Cette action en justice est la première du genre contre ces lois qui menacent les femmes et les rendent légalement inférieures au fœtus qu’elles portent, tout particulièrement lorsque celles-ci sont des femmes de couleur, pauvres, socialement vulnérables.
En 2013, une loi interdisant l’utilisation de chaînes et autres moyens de contrôle sur les détenues enceintes a été proposée au vote durant la session de travail du parlement du Maryland. Étonnement cette loi a été rejetée !
Ces pratiques qui consistent à enchaîner les femmes enceintes servent deux buts, d’abord elles rendent les femmes inférieures, les déshumanisant, et ensuite elles nient la femme et ses droits. L’année dernière le Maryland a abrogé la peine de mort, il serait temps pour cet État de joindre les dix huit autres États qui interdisent l’enchaînement des femmes enceintes.
L’argument pour ces lois fœticides était d’apporter une protection supplémentaire aux femmes enceintes ; en réalité en faisant du fœtus une personne elles ont pour but de réduire et peut être même d’éliminer le droit à l’avortement et le droit des femmes à contrôler leur corps.
Brigitte Marti collaboratrice USA 50-50