France \ Société L'épidémie de VIH/Sida: les femmes toujours invisibles !

180 000 personnes sont porteuses du SIDA en France dont 59 000 femmes. 18% d’entre elles seraient séropositives sans le savoir. Les femmes ont entre 2 à 4 fois plus de risque d’être contaminées. 1/3 des nouvelles personnes contaminées sont des femmes. Une grande majorité d’entre elles viennent d’Afrique subsaharienne.

Une féminisation du VIH/SIDA méconnue
L’arrivée des trithérapies en 1996, a transformé la maladie. De mortelle dans les années 80, elle est devenue chronique et n’impacte presque plus l’espérance de vie des personnes contaminées.
Les femmes sont plus touchées par l’épidémie à cause d’une plus grande vulnérabilité biologique mais également de l’absence de campagnes de prévention ciblées.
En France, la proportion des femmes séropositives est passée de 14% en 1986 à 31% en 2006. L’infection des femmes a été sous estimée dès le début de la pandémie alors même qu’il y avait en Afrique plus de femmes contaminées.
Selon l’enquête réalisée par Opinion Way en juin 2014 pour le Collectif VI(H)E Pluri‐elles (1), une grande partie des Français sous estiment cette réalité :
48% des Français sont au courant que la part des femmes atteintes du VIH/SIDA a augmenté ces 20 dernières années en France.
1/3 des jeunes interrogé-e-s pensent même que la part des femmes a diminué.
23% donnent une bonne estimation de la proportion de contaminations féminines.
Les chiffres du VIH-SIDA au féminin (2)
66,5% des nouveaux diagnostics dans la population des immigrés sont originaires d’Afrique subsaharienne.
50 à 60% des femmes bénéficient d’un suivi gynécologique en raison principalement de son coût.
10 % des femmes sont sujets des essais cliniques.
56,4% sont diagnostiquées à un stade tardif et 34,2% à un stade ultra-tardif.
32% vivent seules avec des enfants.
74% n’ont pas de diplôme au-dessus du bac.
87,5 % sont employées ou ouvrières.
38,6%5 des femmes contaminées (migrantes ou non) perdent leur emploi contre 18% des hommes.
Les moyens mis en œuvre pour la prévention et la prise en charge des porteuses du VIH/Sida sont clairement insuffisants. Quant aux médias, ils sous traitent cette pandémie au féminin.
 
Interview de Catherine Kapusta-Palmer coordinatrice du Collectif interassociatif Femmes & VIH (3).

 
Interview réalisée par Caroline Flepp 50-50 magazine
(1) Le Collectif VI(H)E Pluri‐elles réunit les associations ELCS (Elus Locaux Contre le Sida), Ikambéré et Dati Seni ainsi que l’Institut Pasteur avec le soutien du laboratoire d’AbbVie.
(2) Chiffres donnés par le Collectif VI(H)E Pluri‐elles
(3) Le Collectif interassociatif Femmes & VIH est composé d’Act Up-Paris, du Planning Familial,de Médecins du Monde et de Sida Info Services, en partenariat avec Actif Santé, Actions Traitements, Aides, l’AVH78, Dessine Moi un Mouton, Frisse, Ikambéré, Marie Madeleine et Sol En Si.

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