Articles récents \ France \ Société Sylvie Pierre-Brossolette : « Les mauvais résultats du baromètre nous préoccupent » 

Le CSA a récemment publié un baromètre de la présence des femmes dans les programmes d’informations de 16 chaînes hertziennes gratuites et Canal+. Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du groupe de travail droit des femmes du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel nous fait part de ses inquiétudes et de ses attentes.

Que relève le baromètre sur le présence des femmes dans les TV, en l’occurrence les 16 chaînes hertziennes gratuites et Canal+ ? 

Il s’agit juste d’une approche quantitative, mais le baromètre (1)  montre que les choses n’ont pas progressé et même plutôt régressé.

Les mauvais résultats du baromètre nous préoccupent et montrent la nécessité de l’application de la loi adoptée le 4 août dernier (2).

Quelques progrès ont pourtant été réalisés en 2014, notamment par France Télévisions qui a inscrit dans son contrat d’objectifs et de moyens, l’objectif de 30 % de femmes expertes et s’est même engagé sur le chiffre de 35 % pour 2015.

Pendant tout l’automne, nous avons eu des discussions avec chaque chaîne, avec les rédactions, les producteurs, les réalisateurs. Et nous avons discuté avec chaque éditeur des questionnaires destinés à les aider à s’auto-évaluer.

Il y a seulement deux femmes à la tête de chaînes de radio et de télévisions, Arte et France Média Monde. Mais Mathieu Gallet, nommé Président de Radio France, l’an dernier, a nommé un grand nombre de femmes à des postes de responsabilité.

L’air du temps évolue. On n’oserait plus aujourd’hui ne mettre que des hommes en avant !

Que prévoit la loi du 4 août 2014 sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes en matière de communication audiovisuelle ?

La loi du 4 août a prévu de confier au CSA la mission de veiller à une juste représentation des femmes et des hommes dans les programmes des services de communication audiovisuelle et également à l’image des femmes dans ces programmes.

La loi requiert des données qualitatives et quantitatives. Elle prévoit que s’il y a des propos sexistes, des images dégradantes et de violences, des stéréotypes sexistes nous puissions entamer une action. Avant la loi, nous n’avions pas de base juridique. Aujourd’hui nous pouvons être saisis ou nous pouvons nous saisir. Cela signifie que nous pourrons mener des instructions et proposer d’éventuelles sanctions.

La loi prévoit également la diffusion de programmes de lutte contre les stéréotypes et les violences faites aux femmes.

Que dire de la question de Morandini qui, à propos de votre baromètre, vous demande, si «ce n’est pas un peu, ringard, has-been, de compter le nombre des femmes» ?

J’aurais pu lui répondre, dans un sourire, que c’est une question d’homme ! Il me provoquait, c’est le jeu. Il s’est fait l’avocat du diable mais il m’a tout de même reçu un quart d’heure !

Que pensez-vous du tumbler Prenons la Une ! qui s’est créé pour défendre une plus juste place des femmes dans les médias ?

Même si la presse écrite n’est pas de ma compétence au CSA, je pense que les journalistes qui l’ont créé ont raison de se battre. Je les encourage dans leur combat, je suis de tout cœur avec elle.

Quels sont les projets du groupe de travail droit des femmes du CSA pour 2015 ?

Nous continuons notre travail de veille. Et puis si des saisines arrivent, nous les traiterons. Nous allons revoir et accompagner les chaînes tout au long de l’année, analyser le bilan que la loi leur demande de nous remettre et voir avec elles les progrès qui restent à faire.

Nous sommes là pour aider les chaînes à appliquer la loi.

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine

1 Le baromètre a été réalisé sur les programmes d’information de mi-journée de TF1, France 2, France 3, M6, Canal+, NT1, TMC et France Ô, sur les tranches horaires de 17 heures à 23 heures, sur la période du 19 au 23 mai 2014 et du 8 au 14 septembre 2014.

2 La loi du 4 août 2014 sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

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