Articles récents \ Monde Viviane Teitelbaum, présidente du Lobby Européen des Femmes : « Notre rêve, une Europe féministe »

Le Lobby Européen des Femmes est une impressionnant coalition qui regroupe aujourd’hui plus de 2500 association de 31 pays européens. C’est une des plus anciennes ONG européennes. Créé en 1990, il fête cette semaine ses 25 ans. Rencontre avec Viviane Teitelbaum, présidente du LEF qui nous présente les victoires, les combats et les perspectives de ces millions de femmes qui le composent.

Qui a été à l’origine de la création du LEF il y a 25 ans ? 

Au départ, 12 coordinations nationales et 17 organisations européennes ont été à l’initiative du LEF. Les douze pays étaient : la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, le Portugal, l’Espagne et la Grande Bretagne.

Quel était le but initial de ce réseau ?

Créer une structure pour faire pression sur les institutions européennes et nationales afin d’assurer une meilleure défense et la représentation des intérêts des femmes sur le plan européen. L’idée était de fournir des informations aux responsables politiques afin de s’assurer que les droits des femmes et leurs besoins ainsi qu’une perspective de genre soient pris en compte lors de l’élaboration des politiques et législations.

Mais aussi de promouvoir la participation des organisations de femmes au niveau de l’UE et leur fournir les outils nécessaires à une telle participation et pour défendre nos missions: une totale égalité réelle et effective entre les femmes et les hommes, dans toutes les sphères de la vie publique et privée, à travers l’UE.

La parité dans la prise de décision économique et politique, la lutte contre les violences, la lutte contre les stéréotypes, pour une égalité des salaires et des pensions, pour une autonomie financière et économique, un accès à l’éducation, aux médias. Pour une Europe libre de prostitution, pour la défense des droits sexuels et reproductifs, etc. 

Qui sont les quelques 2500 associations membres du LEF ?

En fait nos coordinations sont généralement des coupoles d’associations, qui représentent l’ensemble des associations de femmes dans leur pays. De plus, nos associations européennes sont aussi des réseaux avec des membres dans de nombreux pays européens. Pour donner quelques exemples: Business & Professional Women Europe (EFBPW), les  Agriculteurs-trices européen-ne-s ; la Confédération européenne des syndicats et la Confédération européenne des syndicats indépendants, le Conseil européen des fédérations WIZO, la fédération européenne des femmes actives en famille, la fédération des femmes romani et voyageuses, la fédération des femmes des carrières juridiques, l’association des femmes médecins, Soroptimistes International Europe, le Groupe européen des femmes diplômées d’universités, la ligue internationale des femmes pour la paix, etc. Au total, des milliers d’associations et des millions de femmes sont représentées.

On sait que les groupes d’intérêt économiques pèsent auprès des institutions européennes et ont un impact négatif sur les droits des femmes. Pourriez-vous nous citer des exemples d’actions du LEF qui ont contrebalancé ces impacts ?

Oui, nous avons milité et nous avons joué un rôle crucial dans l’obtention d’une législation européenne sur les droits liés à la maternité et la protection du congé parental au début des années 90. Le travail du LEF a été majeur dans l’adoption d’un protocole sur la traite et l’exploitation des femmes.

Quelles sont vos plus belles victoires ?

J’en citerai deux: notre manifeste pour les élections de 2014 demandait une commissaire pour les droits des femmes, nous l’avons obtenu. Et notre travail dans le cadre de «l’appel de Bruxelles» pour une Europe libre de prostitution a été décisif pour aboutir au vote de la résolution Honeyball au Parlement Européen en 2014 qui lie la prostitution à l’inégalité de genre. 

Quelles sont les perspectives pour l’avenir du LEF ?

Notre rêve ? Une Europe féministe. Toutes nos membres participent au travail stratégique, aux actions et aux campagnes pour y mener.


Propos recueillis par Guillaume Hubert et Caroline Flepp, 50-50 magazine

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