Articles récents \ Monde Tunisie : l’avion pour la liberté à Sousse, « un acte de solidarité citoyenne »
En réaction aux tueries perpétrées à Sousse, cette plage tunisienne où 38 personnes ont trouvé la mort vendredi 26 juin, une soixantaine de personnes ont décidé d’affréter «un avion pour la liberté» contre le terrorisme djihadiste et la barbarie islamiste. Une des organisatrices, Arlette Zilberg revient sur le voyage du collectif, au cours d’un weekend de solidarité et de recueillement qui a eu un écho considérable en Tunisie. Elle souligne les risques politiques qui pèsent sur la jeune démocratie tunisienne et l’importance du tourisme pour cette économie.
Comment est née cette idée de l’avion pour la liberté ?
Lors du rassemblement de soutien à la Tunisie, organisé place du Chatelet à Paris, 5 femmes dont 3 d’origine tunisienne (Violette Baranda, Arlette Zilberg, Souad Harrar, Fatma Ben Aïcha, Wided El Othmani) se sont rencontrées et ont décidé de ne pas en rester là. Elles ont pris pour modèle l’opération «el tren de la libertad» des féministes espagnoles et ont décidé d’organiser «un avion pour la liberté», le weekend suivant, déterminées à ne pas plier face au terrorisme islamiste.
Comment s’est déroulée l’organisation et les préparatifs du voyage ?
Wided est partie mercredi à Sousse pour organiser l’événement sur place. Un voyagiste, René Trabelsi s’est mis à notre disposition pour nous organiser le voyage, avec Nouvelair pour l’avion. Nous étions à l’hôtel où a eu lieu l’attentat, et un car a été mis à notre disposition.
Sur place, comment avez-vous été accueillies par la population locale ? Qui avez-vous rencontré ?
L’hommage aux victimes de l’attentat s’est déroulé toute la journée du samedi. Samedi matin, nous avons rencontré les associations civiles de femmes de Sousse. Nous avons aussi fait une visite de la Medina et du souk. A 17h30, nous avons participé au recueillement sur la plage de l’hôtel, avec une minute de silence et la lecture des messages de soutien. Le soir, nous sommes allées prendre un thé dans un café du port et nous avons lâché 100 lanternes avec le personnel de l’hôtel. J’ai été très touchée par la gentillesse, la dignité du personnel de l’hôtel qui avait servi de bouclier humain lors de l’attaque.
On a été bien accueillies par la population qui nous appelle à l’aide contre le terrorisme et demande notre solidarité. Le tourisme est la troisième source de profit de la Tunisie. En s’attaquant au tourisme, les islamistes s’attaquent à l’économie de la Tunisie. Cet immense hôtel était désert, comme la Médina qui a cette période grouille de monde habituellement malgré le ramadan. Et le regard des commerçants du souk hagard…
Si le tourisme ne reprend pas, la pauvreté va s’installer et la jeune démocratie tunisienne sera déstabilisée. Il faut appeler à venir en Tunisie pour affirmer que ce pays n’est pas seul face aux islamistes. Les islamistes tunisiens veulent récupérer politiquement ces attentats, mais sur une tonalité nationaliste : ils annoncent dans les journaux qu’ils sont les seuls à pouvoir se battre contre le terrorisme et pour la Tunisie, et relativisent en disant que les massacres ne visaient que des touristes ! Or, les tunisien-ne-s sont réputé-e-s pour leur hospitalité. La solidarité s’organise aussi dans l’Algérie voisine.
Nous sommes revenues dimanche.
Quel bilan tirez-vous de cette démarche ? Seriez-vous prête à recommencer ?