Articles récents \ Monde Italie: Giraffa, un modèle de maison refuge pour les femmes

Dans le sud de l’Italie, l’association Giraffa oeuvre depuis 1998 sur tous les fronts. Cet espace d’accueil pour les femmes victimes de violences et/ou de traite sexuelle est devenu un lieu féministe incontournable dans la région des Pouilles. Il est aujourd’hui un acteur majeur dans le pays. Une preuve que les initiatives locales peuvent devenir grandes.

Dans les années 1990, l’Italie « est un lieu de débarquement de nombreux migrant-e-s venant d’Albanie et de Roumanie» explique Mara Favia de l’association Giraffa Onlus. De jeunes européen-ne-s de l’Est arrivent par bateau dans les ports de la région des Pouilles, au sud du pays. De nombreuses femmes, arrivées sur place, sont contraintes à la prostitution par leur petit ami. C’est pour venir en aide à ces femmes victimes de la traite sexuelle qu’est née la première maison refuge Giraffa en 1998, à Bari. Pour mieux prévenir ces cas de prostitution forcée, l’association a travaillé en partenariat avec une télévision italienne pour émettre en Albanie un message destiné à prévenir les femmes sur le point de quitter leur pays.  Maria Favia précise :« Le spot disait : si vous venez réaliser le rêve d’une vie meilleure en Italie, attention, votre petit ami peut vous exploiter. L’initiative a porté ses fruits.  Des parents nous ont appelé depuis l’Albanie, car ils n’avaient plus de nouvelles de leur fille partie vivre en Italie depuis des semaines. »

Des Pouilles … à toute l’Italie

Au fur et à mesure Giraffa s’est agrandie, l’association a bénéficié d’immeubles confisqués à la Mafia. C’est devenu un véritable lieu  culturel, d’accueil et d’informations sur les droits des femmes  et les violences faites aux femmes. Ses initiatives se sont même généralisées à toute l’Italie, comme  le numéro d’écoute initialement mis en place dans la région des Pouilles par l’association. Les militant-e-s ont également fait avancer la législation dans le pays. « Lors de procès, en lien avec des violences, se posait le problème du consentement des victimes. Nous avons demandé à rajouter l’article 2 qui stipule que le consentement n’est pas possible quand il y a emploi de mesures coercitives de la part de l’auteur des violences sur la victime » souligne  Mara Favia

Giraffa organise de nombreux événements dans la région des Pouilles et a aussi fait avancer la prise en charge des femmes violentées en veillant à la formation des professionnel-le-s de santé et des forces de l’ordre. Elle propose aussi son aide aux femmes qui souhaitent obtenir des permis de résidence. Notamment pour les prostituées qui, depuis les années 90, ont changé de nationalité. « Aujourd’hui, elles viennent surtout du Nigeria », commente Mara Favia.

 

Lucie Faguais  50-50 Magazine

 

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