Articles récents \ Culture \ Livres Maria Sybilla Merian : la mère de l’écologie

Yannick Lelardoux est illustrateur-graphiste. Il a réalisé une bande dessinée sur Maria Sybilla Merian, (1647-1717), une artiste-naturaliste née au XVI  qui fit des découvertes considérables, incroyables, remarquables mais resta … méconnue pendant des siècles. L’Allemagne lui rendit enfin hommage à la fin du XX éme siècle, en apposant son portrait sur les derniers billets en Deutsche Mark et sur un timbre. La mère de l’écologie reste encore à découvrir dans de nombreux pays.

 
Qui était Maria Sybilla Merian  ?
Maria Sybilla Merian a vécu au 17ème siècle, c’était une artiste, naturaliste et voyageuse. Elle a été totalement oubliée de notre histoire. En France, on a surtout retenu les grands naturalistes masculins français et européens. Et cette grande femme est sortie de l’histoire.
Maria Sibylla Merian était une pionnière. Cette artiste-scientifique a consacré une grande partie de son existence à l’étude des insectes. Elle est même considérée comme la fondatrice de l’entomologie allemande. J’ai souhaité retracer cette existence, au cœur de ce 17e siècle peu enclin à l’émancipation des femmes. Très tôt, elle s’intéresse à l’étude des insectes, ce qui en soi est déjà une révolution pour une petite fille de l’époque. Une fois mariée, son caractère la pousse à refuser les violences de son mari, une exception à l’époque. Elle le quitte et se réfugie dans une congrégation religieuse à la limite de la secte. Un long préambule pour expliquer ce qui a forgé le caractère bien trempé de femme. C’est aux Pays-Bas qu’elle va s’affirmer. Elle va convaincre des marchands de soie de financer un voyage au Surinam, en pleine forêt amazonienne, pour trouver un insecte qui pourrait remplacer le ver à soie.
Elle part donc à l’autre bout du monde ?
Oui, le voyage de Maria Sibylla Mérian est fascinant puisqu’elle n’hésite pas à aller à la rencontre des Amérindiens considérés comme des sauvages dangereux. Cette femme est donc étonnamment moderne et représente un symbole fort de la libération des femmes. Libre et courageuse, Maria Sibylla Mérian a refusé toutes les chaînes de la vie en s’affranchissant du joug des religieux, puis du mariage, rejetant ensuite l’obscurantisme d’une société coloniale. Elle a préféré donner sa vie à la nature et aux insectes.
Pourquoi est-elle considérée comme la mère de l’écologie ?
Parce que c’est la première personne qui ait mis en évidence le principe de la métamorphose. Elle vivait à une époque où c’était encore le thème d’Aristote qui était en vigueur. Elle a fait les premières constatations de la métamorphose . C’est elle qui, la première, a constaté que la chenille était bien la larve du papillon. Elle a fait des élevages d’insectes. Elle a démontré aussi que la chenille avait une plante nourricière. En faisant cette démonstration du cycle écologique, elle a montré que l’espèce est en relation avec son milieu.
C’est une femme précurseure dans de nombreux domaines.
Pourquoi avoir fait un livre sur elle ?
J’ai voulu retracer sa vie en bande dessinée. C’était une façon pour moi de présenter une personnage fort qui a été longtemps oublié. Pour moi c’était important et intéressant de la mettre en lumière.
Et aujourd’hui que reste-t-il de Maria Sibylla Merian ?
En 2017, ce sera le tricentenaire de sa mort, à cette occasion « The Maria Sibylla Merian Society » organise un grand colloque à l’Université d’Amsterdam. Mais déjà en 2015, une grande exposition lui était consacrée au Getty Museum de New York et cette année c’est à Londres dans la Galerie de la Reine du château de Buckingham que l’on peut (re)découvrir son travail.
Propos recueillis par  Guillaume Hubert 50-50 magazine
Yannick Lelardou : Maria Sybilla Merian Collection Grands Destins De Femmes Ed. Naïve Livres 2015
Article publié le 10 juin 2016
print