Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes G7: les recommandations des ONG pour des solutions contre les inégalités mondiales transmises au gouvernement

Les organisations de plusieurs pays étaient réunies en sommet le 1er et le 3 juillet à Paris dans le cadre de la présidence française du G7, pour remettre les recommandations de la société civile en matière de lutte contre les inégalités. Cette rencontre intervient en amont des réunions ministérielles développement et éducation qui accorderont une large place à l’Afrique, en particulier la région du Sahel.

L’élaboration des recommandations de la société civile a fait l’objet d’un processus de construction de plus d’un an, en dialogue avec les pouvoirs publics français. Elles ont été construites collectivement avec les ONG des pays du G7 et au-delà.

Résultat de ce travail, le sommet de la société civile (Civil 7 – C7) du 3 juillet a réuni plus de 200 personnes à Paris au Conseil économique, social et environnemental. Les ONG ont remis à cette occasion leurs recommandations à Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères qui s’est engagé à les transmettre au président de la République. Le dialogue citoyen organisé le 2 juillet par le gouvernement avait permis aux ONG de transmettre leurs premiers messages. Les organisations du C7 (1) réitèrent leur demande d’un rendez-vous avec Emmanuel Macron avant la fin du mois d’août, demande formulée dès janvier 2019.

Le G7 français a établi comme priorité la lutte contre les inégalités mondiales, un objectif salué par les ONG et un marqueur de leur combat. Dans la continuité du G7 canadien, les ONG se félicitent que l’accent ait été mis sur l’éducation et la santé, sur l’égalité femmes-hommes, mais également sur l’Afrique, en particulier le Sahel où les inégalités sont les plus criantes. Cependant, les engagements des pays du G7 se font toujours attendre.

Pour Philippe Jahshan, président de Coordination SUD qui coordonne le C7 en France : « Le G7 doit être au service du multilatéralisme, notamment en accélérant les ambitions en matière de développement durable, de climat, de promotion des droits humains dont l’égalité femmes-hommes, d’éducation et de santé. Ces efforts doivent être traduits par la mise en place de propositions concrètes associées à des financements nouveaux ».

« Nous avons établi 3 critères pour que ce G7 soit un succès. C‘est d’abord la capacité du G7 à prendre des nouveaux engagements financiers et politiques ambitieux. C’est aussi l’obligation de cohérence et d’exemplarité pour les pays du G7 et notamment la présidence française. C’est enfin la nécessité de s’assurer d’une réelle redevabilité. C’est à l’aune de ces critères que le C7 jugera si ce G7 est réussi et c’est le défi que nous lançons au président de la République pour le sommet de Biarritz » ajoute Bruno Rivalan, directeur adjoint d’Action Santé Mondiale et référent pour le G7 au Conseil d’administration de Coordination SUD.

« En l’absence de communiqué final, tous les engagements pris ne devront pas rester au stade de bonnes intentions. Nous attendons une véritable feuille de route de mise en œuvre et un suivi transparent associant pleinement les organisations de la société civile », conclut Philippe Jahshan.

Les organisations du C7 demandent aux chef·fe·s d’États des pays du G7

– de s’engager à atteindre les 0,7  % de leur richesse nationale affectée à l’aide au développement (APD), plaçant au cœur de l’aide la réduction de la  pauvreté et des inégalités, notamment edans les pays les plus pauvres comme le Sahel en priorisant les secteurs publics essentiels, leviers puissant de réduction des inégalités, en s’engageant notamment à :

  • allouer 15 % de l’aide à l’éducation, en favorisant l’éducation des jeunes filles ;
  • augmenter d’au moins 15 % leur contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme dont la France présidera la conférence de reconstitution en octobre prochain à Lyon ;

– de s’assurer qu’au moins 85 % de l’ensemble de leur APD en volume intègre le genre, comme objectif significatif ou principal d’ici 2025, dont au moins 20 % dédiés à des projets ayant l’égalité de genre comme objectif principal ;

– de lutter contre les pratiques d’évasion fiscale en soutenant une réforme en profondeur des règles internationales en matière d’impôt sur les sociétés conduisant à un rééquilibrage plus équitable des droits d’imposition entre pays développés et pays en développement et à la mise en place d’un taux effectif minimum d’imposition à un niveau équitable ;

– un engagement réel des États et de relever l’ambition avec une hausse des objectifs climatiques avec un doublement de la contribution des états membres au Fonds vert pour le climat ;

– des efforts concertés afin de rétablir et d’exiger le respect de la protection des civils et le respect des normes internationales, notamment le droit international humanitaire et le droit des réfugiés ;

– d’assurer la participation de la société civile à la gouvernance de l’Alliance Sahel ainsi que dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets pour plus d’appropriation et d’efficacité.

Les organisations du C7

1 Le C7 a été officiellement crée en 2000 à l’occasion du Sommet d’Okinawa au Japon. Il entend donner une place à l’expression de la société civile des sept États membres au sein des négociations du G7. La participation de la société civile dans le C7 est coordonnée par une task force mondiale, coalition informelle réunissant environ 170 organisations, 400 personnes issues de tous les pays du G7. La task force participe aux réunions avec les sherpas du G7 avec le C7. Outre le C7, il existe six autres groupes d’engagements. Chaque groupe organise un sommet en amont et à l’instar du G7 : B7 (Business), L7 (Labor), S7 (science), T7 (think tanks), W7 (Women), Y7 (Youth).

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