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Cette année, la 17 éme édition du festival de documentaires Femmes en résistance a pour titre “ Femmes en résistance, ensemble ». Le Festival a lieu le week-end du 28 et 29 septembre à l’espace municipal Jean Vilar à Arcueil. Entretien avec la fondatrice et l’une des organisatrices, Sandrine Goldschmidt.

Comment est né le festival ? Et pourquoi, cette année, avez-vous choisi le thème Femmes en résistance ensemble ?

Le festival est né de l’envie de militantes féministes et lesbiennes de proposer une sélection très politique de films de femmes, en ne proposant que des documentaires, sur un thème mettant en avant les résistances des femmes à travers le monde, leurs luttes pour leurs droits, et aussi leurs créations. Cette année, il nous a paru particulièrement important, dans un contexte où le patriarcat, remis en cause par des mouvements comme #metoo, organise sa réplique, ce que l’on appelle le « backlash », de mettre en avant la nécessité pour les femmes d’être ensemble. Ensemble, c’est indispensable pour conserver énergie et espoir face aux régressions qui interviennent comme des coups de boutoir dès que l’on obtient la moindre avancée. Ensemble, c’est la seule façon de contrer les tentatives de diviser les femmes. C’est une des premières stratégies de l’agresseur : isoler ses victimes, pour les empêcher de se défendre. Etre ensemble, même si l’on n’est pas toujours d’accord, c’est donc la première stratégie de survie pour les femmes à travers le monde.

Quels sont les films marquants de cette 17 éme édition ?

Question difficile ! Car la sélection a été difficile. Non pas parce qu’il  n’y avait assez de films, mais parce qu’il y en avait beaucoup ! Nous avons reçu près de 80 films, et donc, tous les films du programme sont très importants pour nous. Strike a Rock, d’Aliki Saragas, dont est extrait le visuel du festival cette année, est un magnifique documentaire sur une lutte de femmes en Afrique du sud, contre une multinationale. Vivre leur vie, de Marie-Pierre Jaury, qui sera diffusé le samedi soir, donne la parole à des femmes qui ont vécu un avortement, le plus souvent légal. Nous sommes très heureuses de le diffuser le jour de la journée mondiale pour le droit à l’avortement. On y voit bien, que là aussi, il est essentiel que les femmes puissent être ensemble pour parler de l’avortement. Car même quand il est légalisé, il reste trop souvent de la honte, de l’isolement au moment où une femme se retrouve obligée de choisir si elle poursuit ou non sa grossesse. Nous avons également une tendresse particulière pour le film The Rest I make up de Michelle Memran. Dans ce film, la réalisatrice et Maria Irene Fornes, grande dramaturge lesbienne new-yorkaise décédée l’an dernier et qui était atteinte de la maladie d’Alzheimer, sont ensemble et ensemble avec nous et cela nous permet de découvrir cette artiste exceptionnelle, qui ne se laisse pas miner par l’oubli qui la gagne. C’est un film superbe que nous avons vu au Festival de femmes de Créteil et que nous voulions absolument faire découvrir à notre public. Il y en a encore beaucoup d’autres, comme Seder Masochism, A Thousand Girls Like Me

Comment évolue la situation des réalisatrices depuis 17 ans ? Y a t’il un changement depuis metoo ?

Notre festival est un festival de documentaires. Comme le documentaire est moins cher à tourner, beaucoup de femmes en réalisent. En revanche, dans ce secteur comme ailleurs, elles reçoivent moins de financements que les hommes, et souvent imaginent des films à petit budget car elles savent qu’on va leur donner peu d’argent. Est-ce que les choses changent ? Je ne sais pas si on peut d’ores et déjà le quantifier. Il est certain que des actions de résistance existent, sont menées (le Bechdel test, les propositions de quotas, le fait de rendre visible les inégalités, etc.), mais comme partout, nous sommes au début de la prise de conscience. Ce qui est sûr, c’est que les films faits par des femmes, permettent que soient abordés les sujets qui les concernent. Ce qui est sûr aussi, c’est qu’après #metoo, la question de l’égalité femmes/hommes gagne en visibilité, et qu’il se peut que cela ait une curieuse conséquence négative : en effet, maintenant, de nombreux hommes obtiennent pour faire des sujets « femmes », de l’argent que les femmes n’arrivent pas à obtenir…

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine

Le programme

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