Articles récents \ Île de France \ Politique Hélène Bidard : « La transition féministe de Paris est aussi une transition budgétaire »

L’adjointe à la Mairie de Paris en charge de l’égalité Femmes-Hommes, Hélène Bidard, et candidate communiste sur la liste « Paris en commun » dans le 11ème arrondissement de Paris, a présenté les mesures qu’elle entend mettre en place si la majorité est reconduite lors des élections municipales.

« 53% des Parisiens sont des Parisiennes », lance d’emblée Hélène Bidard. Un chiffre qu’il est important de rappeler, trop souvent oublié et trop couvent bafoué. « Le monde, notre société, Paris, sont entrés dans un moment historique de mise en cause massive du patriarcat, des violences et des inégalités qui en résultent. » poursuit-elle. Et s’il ne fallait retenir qu’un seul mouvement mondial récent de lutte féministe, il s’agirait certainement de #Metoo, lancé pour libérer la parole des femmes. La transition féministe a donc bel et bien commencé, et Hélène Bidard s’engage à la poursuivre. Plusieurs mesures, déjà mises en place lors de cette mandature, seront reconduites et améliorées.

Citons notamment son projet de « Ville du quart d’heure », « un projet de transition écologique, solidaire et féministe », tente-t-elle d’expliquer. L’objectif ? Réduire les déplacements et les temps de trajet afin que les femmes puissent accéder à tous les services essentiels en 15 minutes. « Nous souhaitons créer 4000 nouvelles places de crèches pour répondre à 100% des besoins d’ici à 2026, et organiser des gardes d’enfants dans les lieux de sociabilité et de bien-être », comme les clubs de sport par exemple, détaille l’adjointe à la Mairie de Paris.

Un lieu unique de prise en charge

Autre point majeur de ce programme : la lutte contre l’exclusion et la protection des femmes contre les violences sexistes. Cette triste réalité n’est un secret pour personne : les femmes, pourtant plus diplômées que les hommes, sont les premières victimes des inégalités salariales et de la précarité. « Les catégories les plus vulnérables étant les familles monoparentales et les femmes âgées » rappelle justement Hélène Bidard. Alors comment lutter efficacement contre ces inégalités ? « Nous proposons 25% de logements sociaux avec un accès prioritaire pour les femmes victimes de violences, la gratuité des transports pour les enfants et les personnes âgées, l’installation de médecins en secteur 1, la création des sept nouveaux centres de santé et la mise à disposition de protections hygiéniques gratuites dans tous les collèges et équipements publics municipaux », énumère-t-elle. La sécurité des femmes et des filles est un enjeu primordial pour une ville qui se dit féministe. Et Hélène Bidard l’a bien compris. Trois nouveaux centres d’hébergement spécialisés, dédiés aux femmes et aux enfants, verront prochainement le jour.

L’élue envisage également d’ouvrir un lieu unique de prise en charge des femmes victimes de violences. « Adossé à un hôpital, cet endroit fonctionnera comme un guichet unique où les femmes pourront porter plainte, accéder à une unité médico-judiciaire, à des consultations psychologiques… », explique-t-elle, en citant l’exemple de la Maison des femmes à Saint-Denis.

Le Violentomètre pour lutter contre les violences

Le « Violentomètre » créé par Hélène Bidard.

L’éducation n’est pas à prendre à la légère pour prévenir les violences sexistes. Depuis 2018, la Ville de Paris distribue un Violentomètre, un projet fièrement porté par l’adjointe à la Mairie de Paris, aux collégien.nes. Cet outil, qui porte le numéro de Vigilances femmes info (39 19), est une réglette graduée du vert (relation saine) au rouge (demande de l’aide) lorsqu’on « t’oblige à regarder des films porno » ou on « t’oblige à avoir des relations sexuelles ». Plusieurs centaine de milliers de réglettes ont déjà été distribuées gratuitement. Forte de ce succès, Hélène Bidard envisage de créer le Sexistomètre, en collaboration avec les associations féministes, pour « faire la pédagogie des images sexistes, notamment dans la publicité ». Car l’espace public doit être « débarrassé » d’une vision exclusivement masculine, pour permettre aux femmes de prendre leur place dans la ville. « Au plan symbolique, nous avons fait passer de 4% à 12% le nombre de lieux parisiens aux noms de femmes et de féministes […] et cela doit continuer pour atteindre 50/50. » Le critère de genre sera également pris en compte dans les projets de rénovations urbaines – c’est déjà le cas pour sept grandes places parisiennes – afin de créer une ville plus égalitaire et inclusive.

Enfin, la Ville inaugurera, le 5 mars, la cité de l’égalité et des droits des femmes, baptisée la « Cité audacieuse », un lieu culturel et citoyen, ouvert à tou.tes et dédié aux événements culturels et aux associations de femmes. « C’est une victoire pour la visibilité du matrimoine », estime l’élue.

Pour réaliser toutes ces mesures, « le budget consacré à l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les discriminations sera doublé, passant de 2 à 4 millions € en 2021 », conclut Hélène Bidard, car « la transition féministe de Paris est aussi une transition budgétaire. » 

Chloé Cohen 50-50 magazine 

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