Articles récents \ Matrimoine L’Escadron Bleu : les héroïnes de 1945

En 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une brigade de femme surnommée l’Escadron Bleu, est chargée d’une mission de sauvetage à haut risque. Mandatée par le Général de Gaulle, cette unité féminine, composée de douze Françaises, conductrices, secouristes, ambulancières, infirmières…  a un objectif : sauver les déporté·es, travailleurs/travailleuses forcé·es et prisonnier·es politiques français·es, détenu·es dans les camps nazis d’Europe de l’Est.

Les filles de l’Escadron bleu âgées, pour la plupart, de moins de 30 ans, volent au secours des rescapé·es de guerre au cœur d’une Allemagne meurtrie et d’une Pologne dévastée, contrôlée par l’armée soviétique. En 1945, dans le chaos de l’après-guerre, le Rideau de fer est en train de s’abattre sur une Europe plus affaiblie que jamais. Dans ce contexte de fortes tensions et de fracture idéologique, ces volontaires ont décidé d’engager une course contre la montre pour sauver des femmes et des hommes. Exposées à l’horreur des camps nazis, à la brutalité de l’armée soviétique et aux conflits stratégique entre les États-Unis et l’URSS, les femmes de l’Escadron Bleu risquent leur vie pour soigner et rapatrier 300 000 Français·es dispersé·es dans un continent en ruine.

Dirigée par Madeleine Pauliac, une ancienne résistante, lieutenant et médecin cheffe en charge de l’hôpital français à Varsovie, la troupe prend la route à bord de cinq ambulances de la Croix Rouge et parcourt 48 000 km pour retrouver le plus possible de femmes et d’hommes. De juillet à novembre 1945, ces douze femmes vont accomplir plus de 200 missions de sauvetage.

Madeleine Pauliac, une combattante de l’ombre

Le 14 novembre 1945, la mission de rapatriement de l’Escadron Bleu prend fin. Les femmes rentrent à Paris. Deux mois plus tard, Madeleine Pauliac, déterminée et décidée, retourne en Pologne pour continuer son combat dans une clandestinité totale. Son but, aider les religieuses d’un couvent polonais victimes de viol de guerre par les soldats soviétiques. Plusieurs se retrouvent enceintes et sur le point d’accoucher. Madeleine Pauliac se lie avec ses religieuses craignant l’opprobre et la fermeture du couvent. Vouées à la chasteté, elles sont détruites physiquement et psychologiquement, traumatisées au plus profond de leur âme. La docteure française va revenir plusieurs fois pour aider ces femmes dans le rejet, le déni ou la découverte de la maternité, portant l’enfant du péché et de l’ennemi. Le 13 février 1946, Madeleine Pauliac, âgée de 33 ans, meurt d’un accident de la route en se rendant en Pologne. Elle aura exfiltré 24 nouveau-né·es qui seront adopté·es en France. Une héroïne insoumise qui a dévoué sa vie aux autres.

Sans jamais se glorifier de leurs actions, les femmes de l’Escadron bleu, reprirent une vie normale après la guerre. Leur périple, oublié de l’histoire du XXème siècle, mérite d’être mis en lumière et salué.

Ni éligibles, ni électrices, les Françaises n’ont pas hésité à agir pour la défense nationale. Leur participation dans la Résistance et dans l’après-guerre, fut primordiale. Saboteuses de ligne de chemin de fer, infirmières, espionnes, distributrices de tracts clandestins, opératrices radio, organisatrices de réseaux d’évasion… Des femmes ont participé, combattu et vécu le conflit malgré les risques de déportation, de viol, de torture et de mort.

Des héroïnes ignorées de l’histoire, qui ont affronté les mêmes risques que les hommes, voire pires. Leur combat est très peu valorisé, leur lutte sous-estimée et leurs actions minimisées : 1038 hommes sont reconnus Compagnons de la Libération contre seulement 6 femmes. Les femmes représentent à peine 10% des médaillé·es de la Résistance.

Un manque de reconnaissance injustifié au regard de leur engagement volontaire civil et moral pour servir une France qui vient juste de leur accorder le droit de vote.

Messilia Saidj 50-50 Magazine

Photo de Une : Madeleine Pauliac

 

 

 

 

 

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