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Regards de femmes a saisi le Comité des Droits de l’Enfant sur l’abus parental islamiste : le voilement des petites filles

À la suite de la décapitation d’un enseignant, Samuel Paty, par des islamistes, le gouvernement annonce des actions de lutte contre ce fascisme.

Qu’en est-il du signal fort de l’enrôlement des parents et de l’endoctrinement de leurs enfants dans l’idéologie islamiste :  le voilement des petites filles dès 2 ans ? Cette pratique révèle la haine de l’école de la République due à la peur que les filles soient « perverties » par une éducation à l’autonomie de penser. Voiler les petites filles, c’est sexualiser leur corps, les réduire à l’état d’objet sexuel à dissimuler dans l’espace public, car source de désordre. Cet abus parental contrevient à nos principes constitutionnels, au droit européen et à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

Regards de femmes, ONG auprès du Conseil Économique et Social de l’ONU, a saisi le Comité des Droits de l’Enfant au sujet du voilement des petites filles par leurs parents, en adressant un rapport complémentaire au rapport de la France. Ce rapport précise les articles de la CIDE auxquels le voilement des fillettes contrevient. Il montre également que le voilement des fillettes est une maltraitance à enfant par personne ayant autorité, selon la définition de l’OMS.

Nos alertes aux gouvernements pour faire respecter l’intérêt supérieur de l’enfant et sa dignité, sont, jusqu’à ce jour, restées sans réponse :

  • Une lettre ouverte avait été adressée aux Ministres Jean-Jacques Urvoas et Laurence Rossignol, en 2016.
  • La pétition « Halte à la maltraitance des fillettes ! Danger du voilement pour leur développement et leur santé » ayant recueilli plus de 15 000 signatures, parmi lesquelles Yvette Roudy, Elisabeth Badinter, des parlementaires, Femmes sans voile d’Aubervilliers, le Comité Laïcité République, a été remise au Président de la République en décembre 2017.

Le Président de la République, dans son discours « La République en actes » a fait référence aux petites filles voilées, en France, dans les écoles clandestines.

Le Ministère de l’Intérieur a communiqué sur la présence de petites filles, de 2 à 6 ans, voilées lors de l’intervention le 8 octobre des services de l’état dans l’école clandestine « Apprendre et Comprendre » de Bobigny, fermée depuis.

Il est temps que cette maltraitance à enfant de sexe féminin par leurs parents soit réprimée et que des mesures soient prises pour assurer la protection de ces fillettes. C’est d’autant plus inacceptable que les politiques publiques visent l’égalité entre les femmes et les hommes et que la protection des enfants vis-à-vis d’abus parentaux figure dans l’arsenal législatif français.

Toutes les fillettes ont droit à la protection de l’État, indépendamment de l’appartenance religieuse de leurs parents. Nul ne peut s‘affranchir de la loi commune en invoquant son appartenance à un groupe ethnique, linguistique ou religieux (réserves de la France sur l’article 3,2 de la CIDE).

Les petites filles de filiation musulmane ont droit, comme les autres, à la protection de la République Française. Elles n’ont pas à subir un assujettissement violent, les préparant à se conformer au rôle patriarcal attribué aux filles. Dans le même temps, les garçons sont conditionnés à perpétuer le pouvoir viril, la possession du masculin sur le corps et l’esprit des filles puis des femmes.

Les enfants, filles et garçons, sont assignés dès le plus jeune âge à obéir à la vision rigoriste de prescriptions religieuses néfastes à leur développement psychologique et social. Il n’y a pas de parents, ni de religions, ni de coutumes qui puissent déroger à l’ordre républicain.

Le rapport complémentaire au Comité des Droits de l’Enfant ainsi que les préconisations pour lutter contre cette maltraitance et autres pièces annexes sont publiés sur

Regards de Femmes

 

Assassinat de Samuel Paty, après le deuil une réponse politique forte

Femmes solidaires est un mouvement féministe, laïque et d’éducation populaire avec un réseau de 190 associations en France.
Le mouvement Femmes solidaires a appris avec horreur et émotion l’assassinat de Samuel Paty, enseignant d’histoire géographie, décapité par un fanatique religieux pour avoir fait son métier avec sens et responsabilité. Il n’y a pas de mots assez forts pour exprimer notre douleur et notre colère en ce moment terrible de notre histoire nationale. Nos premières pensées vont à sa famille, ses proches, ses collègues et toute la communauté éducative.
Notre mouvement est reconnu mouvement d’éducation populaire et bénéficie d’un agrément auprès de l’Education nationale. A ce titre, nous intervenons dans les collèges et les lycées sur plusieurs champs dont évidemment l’éducation non sexiste et non violente, mais également sur la laïcité et la liberté d’expression, piliers des droits des femmes.
Notre association n’a cessé d’alerter depuis dix ans, et particulièrement depuis les attentats de janvier 2015, sur la détérioration des conditions d’enseignement et la difficulté de transférer des connaissances dans une société où le fait religieux envahit toujours plus l’espace éducatif, l’école bien sûr mais aussi les centres sociaux ou les accueils sportifs et de loisirs. Nous constatons, semaine après semaine, année après année, la montée d’un discours de radicalisation religieuse s’opposant notamment à la liberté d’expression et au droit à disposer de son corps.
Les professeur.e.s d’Histoire demeurent les plus exposé.e.s, notamment à un antisémitisme latent qui va jusqu’à les empêcher d’enseigner dans la sérénité la Shoah mais plus largement la Seconde Guerre mondiale et l’histoire contemporaine. Nous constatons à chacune de nos interventions que le sexisme, l’antisémitisme et l’homophobie n’ont pas disparu des salles de classes.
Les propos violents entendus dans les classes n’entraînent heureusement pas systématiquement des passages à l’acte. Toutefois, en les laissant s’exprimer comme une opinion qui en vaut une autre, ils légitiment les violences les plus fanatiques, qu’ils soient dans des démarches isolées ou dans des organisations qui agissent de façon coordonnée.
Nous avons toutes et tous une responsabilité à ne pas laisser passer le moindre propos ou acte discriminatoire. Les enseignant.e.s ne peuvent pas porter seul.e.s cette responsabilité.
Les dessins de presse, les caricatures, l’enseignement de la Shoah, l’histoire des droits des femmes dont celui de l’avortement, la liberté d’expression, la laïcité et le droit au blasphème font partie de notre histoire et de notre corpus législatif français. Nous devons les défendre quelles que soient nos opinions philosophiques, politiques ou religieuses. Ils représentent un espace de liberté précieux, celui de la liberté de conscience et d’égalité entre les citoyen.ne.s.
La loi française nous garantit de croire ou ne pas croire, voire de ne plus croire. Elle nous garantit même le droit de se moquer des puissants sans risquer la Bastille, ou des religions sans risquer la peine de mort pour apostasie. Indépendamment de nos croyances, les lois divines ne peuvent jamais se mettre au-dessus des lois républicaines. La laïcité représente cet acquis extraordinaire de l’égalité entre les citoyen.ne.s, indépendamment de leurs opinions religieuses. Elle est profondément, dans son essence, antiraciste.
Nous restons pleinement mobilisées sur les fronts de l’éducation et de la non violence.
Nous attendons une réponse politique forte, un plan national pour la laïcité et la liberté de pensée à l’école mais au-delà dans toutes les composantes de notre société.
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