Brèves Lettre ouverte d’associations féministes à Jean-Michel Bourlès, avocat général au procès des attentats de janvier 2015

Monsieur l’avocat général,

Lors de l’audience du 30 septembre 2020, en réaction à une déclaration de deux des accusés qui vous semblait aberrante, vous avez fait une remarque que nous ne pouvons pas laisser passer.

Alors qu’est évoquée une série de voyages de deux des accusés dans le nord de la France, ceux-ci, pour se défendre d’avoir convoyé des armes, se justifient en prétendant être allés « voir des prostituées ». Vous commentez ainsi :

« Ça fait un peu loin. Des prostituées, il y en a à Paris. »

Comment avez-vous pu dire cela, vous, l’avocat général, c’est-à-dire la personne dont le devoir est de défendre les victimes et la société ? Dans un contexte aussi dramatique que celui de ce procès exceptionnel, y avait-il lieu d’abonder dans le sens des accusés, en vous situant aussi spontanément sur leur terrain, comme si vous les approuviez ?

Nous qui sommes engagé·es pour un monde sans prostitution, avons vu dans votre remarque un témoignage de solidarité machiste.

Depuis 2016, vous le savez, payer une personne dans la prostitution est une infraction. Nous déplorons que, même dans les plus hautes instances de la justice française, la violence prostitutionnelle continue à être l’objet de banalisation et de complaisance.

Texte cosigné par l’Amicale du Nid, le réseau « Encore féministes ! », Initiative Féministe EuroMed IFE-EFI, Marche Mondiale des Femmes France, Mémoire Traumatique et Victimologie, le réseau féministe Ruptures

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