Articles récents \ Monde \ Europe En Géorgie, Sophie Beria se bat pour les droits des femmes
Sophie Beria est militante géorgienne des droits humains et présidente de YouAct, le Réseau européen de la jeunesse sur les droits sexuels et reproductifs. C’est l’une des six Coalitions d’action du Forum Génération Egalité (FGE), un thème qu’elle soutiendra en tant que membre du Groupe consultatif de la société civile.
Aujourd’hui, de nombreux pays remettent en cause les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles dans le monde. Les Etats-Unis ou la Pologne ont récemment essayé d’affaiblir l’accès à l’avortement, parfois avec succès. Mais les féministes ne relâchent pas la pression. YouAct fait partie de ces réseaux essentiels pour protéger ces droits menacés. Il est d’ailleurs le « seul réseau féministe paneuropéen sur les droits sexuels et reproductifs entièrement dirigé par de jeunes volontaires », précise Sophie Beria.
Le Forum Génération Égalité prévoit d’ailleurs de consacrer une large partie aux droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles. L’une des six Coalitions d’action s’articule autour de l’autonomie corporelle et des droits en matière de santé reproductive et sexuelle. C’est d’ailleurs tout l’objectif de l’organisation YouAct : « permettre aux jeunes femmes de gérer leurs corps comme elles l’entendent, d’être autonomes dans leur choix », explique Sophie Beria.
Ce thème est d’autant plus important qu’il concernant notamment les jeunes générations. L’accès à un moyen de contraception sûr est loin d’être évident, y compris en France avec une remise en question de la pilule et de ses effets négatifs sur la santé des femmes et des filles. Les jeunes générations ont donc décidé de s’emparer de ces sujets et occupent une place centrale dans l’organisation de ce Forum. Au sein même de l’organe décisionnel, le groupe consultatif de la société civile compte d’ailleurs de nombreuses jeunes femmes. Sophie Beria, avec YouAct, en fait partie. « Les jeunes sont de plus en plus sollicité·es, et prennent de plus en plus la parole dans l’organisation du FGE. Les jeunes générations sont une voix décisive du Forum Génération Égalité. Nous ne pouvons pas attendre encore 25 ans, nous devons agir maintenant pour faire en sorte que nos voix soient entendues et que nos besoins soient inscrits à l’ordre du jour. En outre, nous devons assurer le suivi des engagements, les évaluer de manière critique, qu’ils soient réussis ou non, et nous améliorer constamment. C’est ainsi que nous éviterons l’instrumentalisation des jeunes dans le processus, que nous nous assurons que l’engagement n’est pas superficiel, mais significatif », détaille la féministe.
Les défis des nouvelles générations
Mais le Forum est-il la solution la plus adaptée pour faire face aux défis des nouvelles générations, notamment pour leurs droits sexuels et reproductifs ? « Le Forum est une bonne étape, mais il est loin d’être la seule », répond Sophie Beria. « Le véritable progrès commence toujours par le bas. Nous devons donc examiner les mouvements de base, comment ils se mobilisent, quelles stratégies ils utilisent et quels défis ils doivent relever. Le FGE fournit une plateforme aux activistes de terrain et leur permet de mettre sur la table leurs programmes, de répéter leurs besoins… mais nous devons également nous assurer que les progrès ne s’arrêtent pas là et se reflètent réellement dans la vie quotidienne des femmes et des filles. Il y a énormément d’étapes à franchir avant de parvenir à l’égalité des sexes, beaucoup de restructurations systémiques à mettre en place, dans la représentation des femmes dans nos sociétés et le financement des associations féministes », complète-t-elle.
C’est d’ailleurs pour répondre à ces différentes problématiques que le FGE a lancé six Coalitions d’action. « Elles sont toutes importantes, elles ont été spécifiquement conçues pour répondre aux besoins pressants de notre contexte actuel, pour être interconnectées et concrètes », rappelle Sophie Beria. Par conséquent, des progrès acquis pour l’une des Coalitions d’action entraînerait des progrès dans toutes les autres. Évidemment, la jeune militante féministe s’intéresse tout particulièrement aux actions menées au sein de la Coalition sur l’autonomie corporelle et les droits en matière de santé reproductive et sexuelle. Dans le contexte actuel, elle considère qu’il est indispensable de réaffirmer un soutien à l’autonomie corporelle, à l’accès à la contraception et aux procédures médicales essentielles, comme l’avortement. « Nous devons également décoloniser les espaces existants et garantir une représentation significative et respectueuse des groupes historiquement marginalisés dans ces espaces », conclut Sophie Beria.
Chloé Cohen 50-50 Magazine