Articles récents \ Monde Forum Génération Egalité : les feuilles de route des Coalitions d’action

La première partie du Forum Génération Egalité, organisée au Mexique du 29 mars au 31 mars, a permis de donner un aperçu des feuilles de route dessinées pour chaque Coalition d’action. Les six Coalitions (Violences basées sur le genre ; Justice et droits économiques ; Autonomie corporelle et droits en matière de santé reproductive et sexuelle ; Action féministe pour la justice climatique ; Technologies et innovations pour l’égalité des sexes ; Mouvements et leadership féministes) ont organisé une présentation avec les organisations, associations et Etats membres désigné·es.

Autonomie corporelle et droits en matière de santé reproductive et sexuelle

C’est peut-être l’une des Coalitions d’action les plus importantes pour la France. En tout cas, c’est cette thématique que la France a choisie comme priorité.

« 33 000 filles chaque jour se marient sans consentement et une femme sur trois est victime de violences. 45% des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans qui sont mariées ou en concubinage ne peuvent pas prendre leurs propres décisions en matière de santé sexuelle et reproductive. Le moment est venu d’avoir une vision holistique », commence Natalia Kanem, Secrétaire générale adjointe et directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP). 

Et c’est Elisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances en France qui est chargée de présenter les objectifs de la Coalition.

« Le programme d’action de la Coalition repose sur 3 thématiques d’intervention, afin de donner la possibilité aux femmes et aux filles de disposer comme elles l’entendent de leur corps. D’ici 2026, nous souhaitons développer une éducation complète à la sexualité. 50 millions d’enfants, d’adolescentes et de femmes supplémentaires devront avoir accès à une éducation à la sexualité, à l’école et en dehors de l’école. Nous devons faire progresser la qualité des services de contraception et d’avortement. 50 millions d’adolescentes et de femmes supplémentaires dans le monde devront avoir accès à des services de contraception et d’avortement. 260 millions de filles, d’adolescentes et de femmes supplémentaires devront être en mesure de prendre des décisions autonomes concernant leur corps. Nous devons soutenir davantage les associations chargées de protéger les droits en matière de santé reproductive et sexuelle. Et les prochains moins vont être décisifs pour mobiliser le plus d’actrices/acteurs possibles », a détaillé la ministre.

Justice et droits économiques

Neuf leaders ont présenté les conclusions de la Coalition « Justice et droits économiques ». En introduction, les participant·es ont rappelé pourquoi ces Coalitions existent et quels sont leurs objectifs : « les Coalitions d’action sont nées d’une idée simple, depuis Pékin il y a 26 ans, aucun pays n’a pu atteindre l’égalité femmes-hommes. Avec la pandémie, les inégalités se sont même creusées. 30 millions de femmes pourraient tomber dans l’extrême pauvreté à cause de cette pandémie, et de nombreux pays ne prennent pas suffisamment en compte les femmes dans les plans de relance. Les Coalitions du FGE permettent donc de créer une feuille de route pour les 5 prochaines années afin d’atteindre enfin cette égalité », explique Anita Bhatia, Directrice exécutive adjointe d’ONU Femmes.

Quels sont les objectifs de la Coalition d’action pour les 5 prochaines années ?

« En 2019, malgré les engagements mondiaux, pourquoi constate-t-on toujours une différence de 16 à 22% dans les salaires entre les femmes et les hommes ? » interroge Charlotte Lobe, directrice des opérations pour le Département des relations internationales et de la coopération du Gouvernement d’Afrique du Sud. « Les femmes sont plus nombreuses à travailler dans le secteur du care (soin), de façon informelle, sans système de sécurité sociale. D’ici 2026, la Coalition souhaite que la justice et les droits économiques soient garantis pour les femmes et les filles, nous souhaitons promouvoir des environnements de travail sans violences et mettre en place des lois et des politiques publiques qui prennent en compte le genre », ajoute-t-elle.

« D’ici 2026, plus de pays devront investir dans les services du care, dans les sphères public et privé (travail domestique). Nous souhaitons créer 80 millions d’emplois reconnus dans le secteur du soin, nous devons diminuer le travail du care non payé et représenter les travailleuses du care en garantissant leurs droits. Les pères et les mères doivent pouvoir prendre des congés parentaux égaux. Le gouvernement suédois s’est engagé à être un gouvernement féministe mais ça n’a pas suffi. La Suède va donc créer une commission sur les salaires, pour analyser les revenus des hommes et des femmes et pour évaluer les différences », Lenita Freidenvall, Conseillère spéciale et cheffe adjointe de la Division de l’égalité des sexes au ministère de la santé et des affaires sociales de Suède.

Bien sûr, la question du budget est très vite apparue dans les discussions, « nous souhaitons réduire de 85 millions le nombre de femmes et de de filles vivant dans la pauvreté d’ici 2026 », précise Juan Yermo de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et pour y arriver « nous devons nous assurer que les gouvernements dépensent l’argent destiné à l’égalité de genre comme il le faut ».

Même si les ambitions affichées sont intéressantes, les obstacles actuels sont encore très nombreux. « Le progrès pour l’égalité femmes-hommes s’est arrêté bien avant la pandémie, donc il y a un manque de participation des gouvernements. Il y a un manque d’inclusion, si les femmes ne sont pas à la même table alors on ne pourra pas prétendre à l’égalité. Il faut investir dans les soins, il faut des salaires minimum dans l’économie formelle et informelle et une protection sociale universelle », conclut Sharan Burrow de lInternational Trade Union Confederation (ITUC). 

Chloé Cohen 50-50 Magazine

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