Articles récents \ France \ Politique Gabriella Boffy : « Nous voulons rencontrer Emmanuel Macron avant le Forum Génération Egalité »

À quelques semaines du Forum Génération Egalité, les associations féministes françaises multiplient les rendez-vous pour faire de cet événement un rendez-vous historique. Gabriella Boffy est responsable plaidoyer auprès de Humanity Diaspo, une ONG féministe, qui lutte contre la précarité hygiénique et menstruelle, et contre les préjugés sexistes dans les métiers du numérique. Elle est également membre du collectif Générations Féministes, une entité active dans la préparation du Forum Génération Egalité.

Quel bilan faites-vous du Forum virtuel organisé au Mexique organisé les 29, 30 et 31 mars ?

Il s’agissait de la première étape du Forum Génération Egalité et c’était un vrai challenge d’organiser un événement mondial virtuel. Les organisatrices/organisateurs ont permis aux organisations de la société civile de naviguer sur la plateforme, afin d’assister à un maximum de conférences et de rendez-vous. Mais nous avons identifié des lacunes. Il n’était vraiment pas possible d’avoir accès aux décideuses/ décideurs, chef·fes d’Etat, d’avoir des échanges avec elles/eux. Delphine O répète qu’elle souhaite créer des interactions entre la société civile, la sphère publique et privée, mais à Mexico cela n’a pas été le cas. En France, le FGE risque aussi d’être en grande partie virtuelle, il faudra faire attention à rendre l’événement plus inclusif.

Avez-vous trouvé les feuilles de route, présentées au Mexique pour chaque Coalition d’action, suffisamment ambitieuses et précises ?

J’ai principalement été attentive aux conclusions de la Coalition d’action sur l’Autonomie corporelle et droits en matière de santé reproductive et sexuelle, choisie par la France. Il est primordial, comme il a été dit, que toutes les femmes et les filles dans le monde aient accès à une éducation sexuelle complète et qu’elles aient accès à des moyens de contraception. Mais il est aussi primordial d’aller plus loin, et d’inclure la société civile, de prendre en compte les connaissances des organisations qui sont sur le terrain. Nous voulons un plan d’action concret, et des précisions sur les financements :  quelles organisations seront financées et à quels seront les montants. C’est indispensable d’avoir plus de précisions pour savoir comment cela va se passer sur les cinq prochaines années. Les discours vont dans le bon sens mais maintenant il faut aller plus loin.

Qu’attendez-vous du FGE à Paris ?

Delphine O a imposé des conditions aux pays qui participent, ils doivent vraiment s’engager à changer les choses et à obtenir l’égalité de genre. Il y aura des indicateurs afin de mesurer les efforts, et des comptes à rendre. Notre objectif c’est, en amont du FGE à Paris, de travailler avec les autres actrices/acteurs à l’élaboration de ces indicateurs. Ces indicateurs permettront d’évaluer, de façon neutre, les Etats et nous, en tant qu’associations, nous souhaitons y participer. Nous avons également rencontré Delphine O, et nous lui avons demandé d’organiser une rencontre entre la société civile et le chef de l’Etat français, car il est essentiel de présenter clairement nos objectifs et nos revendications auprès du président Emmanuel Macron directement. Nous voulons rencontrer Emmanuel Macron avant le Forum Génération Egalité. Delphine O y a été favorable, maintenant nous travaillons à obtenir ce rendez-vous.

Pensez-vous que le FGE soit la réponse adaptée face aux enjeux et à l’urgence de l’égalité de genre ?

Pour l’instant nous avons peu d’informations sur la forme que prendra le FGE à Paris, mais c’est un événement politique fort, un événement historique, car 26 ans après la Conférence de Pékin aucun pays n’a encore atteint l’égalité de genre. Nous souhaitons qu’au moins 0,1% du PIB de la France soit investi dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et c’est dramatique. Nous ne pouvons et ne devons pas rater ce rendez-vous mondial. Et il sera raté si on ne parle pas d’argent.

Il vaut mieux un FGE que pas de FGE, et après l’événement, en fonction des engagements pris puis de l’évolution de ces engagements, nous pourrons dire si le Forum était la réponse adaptée ou non, mais c’est loin d’être joué.

La France dit avoir une diplomatie féministe, qu’en pensez-vous ?

Les discours de la France vont dans le bon sens, mais maintenant nous voulons voir les résultats. La France doit mieux cibler les organisations féministes, il faut distribuer l’argent aux organisations sur le terrain. L’objectif de la France c’est de faire en sorte que, d’ici 2022, 50% de l’Aide publique au développement soit dédiée à des projets œuvrant pour l’égalité femmes-hommes. Cela veut dire qu’aujourd’hui ce n’est pas le cas. Pourtant, il faudrait que ça soit toujours le cas et surtout que l’intégralité de l’Aide publique au développement prenne en compte l’égalité de genre.

Chloé Cohen, 50-50 Magazine

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