Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes Les politiques de santé oublient ou maltraitent encore trop souvent les femmes

Les pratiques médicales, la recherche sont influencées par l’histoire, la culture, et reproduisent des discriminations dans la prise en charge égalitaire de la santé des femmes, en termes de diagnostic, d’accès aux soins ou de suivi.

Femmes et santé, des inégalités persistantes

En matière de suivi gynécologique et obstétrical, une prise de conscience récente, due à de nombreux témoignages de femmes et au relais du Haut-Commissariat à l’Égalité femmes-hommes a pointé les violences exercées par des praticiens, violences qui « s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes ».

La santé des femmes âgées reste aussi un angle aveugle des politiques de prévention et de santé, qui continuent à se préoccuper peu des conditions de santé au cours du vieillissement, tandis que la question de la santé des femmes au travail est encore souvent abordée sous l’angle de la santé reproductive principalement, alors que leurs tâches spécifiques nécessiteraient une approche plus systémique. La répartition genrée des métiers expose les femmes – majoritaires dans les métiers du soin, de la coiffure, de l’esthétique, l’entretien des locaux, le secrétariat, … – à un niveau élevé de toxicité et à des pollutions trop souvent ignorées, comme celles de l’air intérieur, huit fois plus pollué que l’air extérieur.

Les femmes sont particulièrement vulnérables aux substances chimiques, en particulier pendant les périodes de grossesse qui peuvent exposer les enfants à naître et les tout petits à des contaminants susceptibles d’avoir des conséquences sur leur santé, alors que leur système immunitaire n’est pas encore formé. L’augmentation de la production de produits chimiques dangereux et de pesticides coïncide avec celle des maladies chroniques – cancers du sein, l’une des causes de décès les plus courantes chez les femmes dans le monde, et autres cancers, allergies, diabète – tous liés à des expositions chimiques.

Ces problématiques d’exposition des femmes aux substances chimiques se retrouvent aussi dans les politiques de gestion des déchets au niveau international. Les métaux lourds, pesticides, déchets de matériels électroniques, POPs, …, inondent les marchés, notamment dans les pays en développement, et menacent la santé de tous mais en particulier celle des femmes qui travaillent dans les champs ou utilisent des huiles recyclées dans leur cuisine et sur les marchés locaux.

Les politiques publiques, aveugles en termes de genre, ignorent ces spécificités et n’engagent pas d’action déterminée pour lutter contre ces expositions et leur impact sur la santé des femmes.

Les informations destinées aux utilisateurs et aux consommateurs, telles que l’étiquetage des produits, ne sont pas largement disponibles. Quelques initiatives existantes sur la sensibilisation, l’autonomisation et le renforcement des capacités n’ont que peu de poids dans le tableau d’ensemble.

Des pistes de réponse pour éradiquer les inégalités

Pour éradiquer les violences sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical, il est nécessaire de renforcer la formation initiale et continue des professions médicales et paramédicales en matière de respect du consentement et de dépistage des violences sexistes et sexuelles, de diffuser les outils permettant aux femmes de faire un choix éclairé, de soutenir les associations spécialisées sur les violences sexistes et sexuelles.

La formation des soignants doit être renforcée également pour prendre en compte l’influence du sexe et du genre dans les facteurs de risque cardio-vasculaire ou d’ostéoporose par exemple, et la vulnérabilité spécifique aux substances chimiques. La formation en santé environnementale, qui figure théoriquement dans le curriculum des soignant·es, doit être mise en œuvre de façon volontaire et tout au cours du parcours professionnel.

De nombreuses femmes, notamment agricultrices, construisent des modèles originaux centrés sur les valeurs fortes du respect des écosystèmes et du lien social.

Leurs approches doivent être valorisées et intégrées dans les politiques publiques de développement local pour assurer la résilience des systèmes agricoles et préserver la santé des populations.

Genre et santé environnementale, une approche mixte pour protéger les plus vulnérables et la santé de toutes et tous

Wecf France demande une approche forte et à plusieurs niveaux pour prendre en compte le genre dans la santé, et notamment dans la santé environnementale comme axe majeur de santé publique et de prévention, avec des objectifs chiffrés et publics de réduction des polluants, la prise en compte des atteintes aux écosystèmes, un plan de lutte contre les épidémies et pour la prévention impulsant des changements profonds de politiques publiques, et le développement d’une information transparente des consommateurs.

Cette approche doit se conjuguer avec la prise en compte effective des expositions professionnelles ou domestiques des femmes aux produits chimiques dangereux, et le développement de la recherche sur l’impact des expositions pré et postnatales aux polluants physiques et chimiques.

L’intégration d’une approche genre dans les politiques de gestion des substances toxiques est un outil indispensable pour comprendre l’impact du dumping sur les femmes et les populations vulnérables.

Wecf France plaide pour des politiques robustes d’éducation aux questions de genre et aux inégalités femmes hommes pour repenser les rôles et les métiers sexués, la répartition du travail, les stéréotypes et éradiquer les violences de genre.

Prendre en compte la spécificité des femmes, c’est assurer une meilleure réussite des politiques de santé et une réelle protection pour tous et toutes

Wecf France – Women engage for a common future

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