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Le 25 Juin, Osez Le Féminisme ! 13 organisait avec le Collectif féministe pour le Forum Génération Egalité une réflexion sur le Programme d’Action de Beijing. Adopté à l’unanimité par 189 pays en 1995, il forme un programme pour l’autonomisation des femmes considéré comme le principal document de politique mondiale en matière d’égalité des sexes. Cet évènement s’inscrit dans le cadre du Forum Génération Egalité. Avec des associations féministes de Marseille telles que Femmes Solidaires Marseille, l’Assemblée des Femmes et le Centre Evolutif Lilith, plusieurs thèmes ont été abordés comme l’éducation, les violences conjugales, la précarité…, mais aussi les conséquences de la crise sanitaire sur les femmes. 

En présence de Monique Dental (Présidente du Réseau Féministe Ruptures),  Annick Karsenty (Présidente de Femmes Solidaires Marseille et membre du Collectif National Femmes Solidaires), Geneviève Couraud (Présidente d’honneur de l’Assemblée des Femmes, ancienne présidente de la commission DSR et Santé des femmes du HCE (2015/2019)), Sofi Plisson (militante lesbienne féministe et membre de l’association CEL),Yveline Nicolas (Coordinatrice relations extérieures et chargée de projets d’Adéquations), Daniela Levy (Porte-Parole Nationale de Osez le féminisme ! et co-présidente de OLF13) et enfin Hélène Caron (Directrice Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité de la région PACA) et Nathalie Tessier (Conseillère municipale chargée de la délégation des droits des femmes et de la lutte contre les violences faites aux femmes à Marseille).

         Marche #NousToutes, Paris, 23 Novembre 2019, ©Marthe Dolphin/ Collectif Gerda

Pour Nathalie Tessier on peut parler de féminisation de la pauvreté au niveau mondial ainsi qu’au niveau local car à « Marseille le nombre de familles monoparentales explose. On retrouve alors des femmes qui cumulent les difficultés (financières, sociales…), elles sont vulnérables sur tous les plans ». La pauvreté touche donc de plein fouet les femmes, les difficultés se sont même exacerbées avec la crise sanitaire actuelle. « Ce constat permet d’adapter la politique régionale pour mettre en œuvre des plans d’actions adéquats » précise plus tôt Hélène Caron. « En un quart de siècle, la place des femmes est devenue à travers le monde un véritable enjeu stratégique », souligne Monique Dental

Pour Annick Karsenty, obtenir une société débarrassée des inégalités et des violences passe par « l’accès et le droit à l’éducation pour tous·tes, et en particulier pour les filles, c’est une priorité mondiale ». Bien que la part des enfants scolarisés progressent dans le monde, Annick Karsenty rappelle que les filles sont moins scolarisées que les garçons. Ce constat faisait pourtant déjà l’objet des douze domaines critiques de Beijing dans lequel des mesures urgentes étaient nécessaires pour assurer aux femmes et aux hommes une égalité accrue. Aujourd’hui, Femmes Solidaires se bat, en allant notamment à la rencontre des jeunes dans les collèges et lycées, pour que soit mises en place des réflexions ainsi que des actions pour développer une éducation non-sexiste (déconstruction des stéréotypes de genre, changement des mentalités). 

Alors que l’égalité des droits entre les hommes et les femmes est formellement actée dans plusieurs pays, « il persiste un certain désenchantement chez nombre de femmes qui considèrent qu’on est loin du compte pour parvenir à une égalité réelle », affirme Monique Dental. Pour le Réseau Féministe Ruptures, la situation actuelle du Forum Génération Egalité « est une initiative qui ne nous semble pas pertinente ». Monique Dental précise, « d’un point de vue sémantique, quand on parle de Forum Génération Egalité, est-ce qu’on entend pas par là que l’égalité est réalisée ? ». La préparation et l’organisation du Forum même pose problème. Le gouvernement a imposé aux associations, dans les coalitions d’actions, de travailler dans le cadre de partenariats sociétés civiles-Etats-entreprises privées, sans moyens et sans autonomie de décisions. Monique Dental relève que les entreprises sont les organisations principales et que parmi elles, aucune ne réalise l’égalité des salaires.

Les pays conviés sont ceux qui se positionnent sur l’égalité hommes-femmes, ceux qui ne sont pas pour cette égalité ne sont pas invités. Pour Monique Dental,  « ce Forum manque d’ambition, il y aussi une absence de consultation des associations et donc pas de véritable reconnaissance de partenaires sociétaux. Nous craignons que ce Forum ne fasse pas face aux défis actuels sur les droits des femmes de nos jours. C’est un évènement international qui est avant tout symbolique, il n’y a pas de réelle volonté politique et cela nous pose problème ».

Marthe Dolphin, 50-50 Magazine

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