Articles récents \ Monde Forum Génération Egalité: le changement climatique et les droits des femmes

Le Forum Génération Egalité s’est clôturé le 2 juillet après avoir exposé les 6 Coalitions d’action. Si le Forum a évoqué les grandes thématiques comme les violences faites aux femmes, la justice économique ou encore les droits sexuels et reproductifs, l’une des récentes problématiques est le changement climatique. Il n’est pas encore très évident, pour toutes et tous, de voir les liens entre féministe et changement climatique. Pourtant, les enjeux sont immenses.

Plusieurs tables rondes ont été consacrées au sujet du changement climatique. Dans chacune d’elles, les intervenant·es ont tenu à rappeler les liens entre climat et droits des femmes. Car les logiques d’oppression exercées sur les femmes ressemblent fortement à celles exercées sur notre planète par la société patriarcale. C’est ce qu’on appelle d’ailleurs l’écoféminisme.

Les voix de la jeunesse

Dans une première table ronde donnant la parole aux voix de la jeunesse, trois jeunes d’Equateur et du Mexique ont souhaité rendre visibles les liens entre le changement climatique et les droits sexuels et reproductifs. Le panel a d’ailleurs présenté les résultats d’une consultation régionale pour faire entendre la voix des jeunes d’Amérique latine et des Caraïbes sur cette question. « Les droits sexuels et reproductifs sont affectés par le changement climatique. L’augmentation des températures, la sécheresse et les pénuries en eau par exemple affectent particulièrement les femmes enceintes », rappelle Nicky Bravo Hidrovo, militant pour les droits humains, avocat, chercheur, enseignant et représentant du Mouvement social pour la défense des droits des enfants et des jeunes en Équateur. Selon l’enquête menée par les intervenant·es, les jeunes sondé·es estiment que justice sociale et justice environnementale sont liées. 51,4% des personnes interrogées pensent que le changement climatique a une influence sur les droits des femmes et des filles. La lutte contre le réchauffement climatique doit donc prendre en compte les questions de genre.

Isabel Adriana García Gómez, défenseuse de l’environnement, des droits sexuels et reproductifs, biologiste, jeune leader de l’organisation Charte de la Terre, et membre du groupe consultatif des jeunes du FNUAP Mexique, a présenté la feuille de route établie par le panel dans le cadre du FGE : « D’abord, il faut visibiliser les voix des filles et des adolescentes, puis identifier l’impact du changement climatique sur le désir de fertilité, sur la santé sexuelle et les droits sexuels et reproductifs, et sur l’accès à la contraception. Il faut également promouvoir la coopération entre les entités gouvernementales responsables du genre, de la santé et celles en charge des questions environnementales. Enfin, il faut mettre en place une approche décentralisée pour aborder ces problématiques », a-t-elle expliqué.

La Coalition d’action sur l’action des femmes en faveur de la justice climatique

Lors de cette deuxième table ronde spécialement dédiée à la coalition d’action sur le climat, les différent·es intervenant·es sont revenu·es sur les conséquences du réchauffement climatique pour les femmes. « Les personnes déplacées à cause du réchauffement climatique sont majoritairement des femmes. La crise climatique est une crise pour les femmes et les filles », a déclaré en introduction Mary Robinson, ancienne présidente d’Irlande et Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Pour preuve : 4 millions de filles auraient été déscolarisées à cause du changement climatique.

Si les femmes sont les principales victimes du réchauffement climatique, elles sont aussi les principales actrices dans la lutte pour préserver la planète. « Le changement climatique provoque un bouleversement économique. Les femmes jouent un rôle essentiel dans la transition vers une économie à faible carbone. La participation des femmes dans les secteurs émergents doit donc être promue », a rappelé Odile Renaud Basso, présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. D’autres personnes sont intervenues pour parler du rôle essentiel joué par les femmes pour l’environnement. Et notamment à travers la présence d’agricultrices qui ont assisté au FGE depuis le Sénégal, aux côtés de Julie Cissé, coordinatrice du Groupe d’Initiative pour le Progrès Social (GIPS- WAR).

Evidemment, là encore, les jeunes ont été largement évoqués. Car la nouvelle génération était au cœur de ce Forum et encore plus quand il s’agit de climat. « La justice climatique féministe est enracinée chez les jeunes. C’est pour cela que nous créons une école pour la justice climatique à Nairobi, d’août à septembre 2021, afin de mettre en place des solutions climatiques et d’aborder les question du genre », a  annoncé le Dr Mithika Mwenda, Directeur exécutif Pan African Climate Justice Alliance (PACJA).

Chloé Cohen 50-50 Magazine

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