Articles récents \ Culture \ Théâtre Laura Elko, une mère (pas) comme les autres

Avignon le Off. Ah ! vous dirais-je mamans, de et avec Laura Elko, est une pièce rafraîchissante et drôle, intelligente comme tout. La jeune comédienne et autrice y révèle sans esbroufe ses multiples talents. Une heure de bonheur.

Enceinte jusqu’aux dents, Laura va accoucher dans la nuit. Elle se souvient alors qu’elle n’a pas résolu l’énigme héritée de sa lignée maternelle. De mère en fille, depuis des générations, on se transmet une valise. Chacune doit la remplir avec tout  ce qui lui manque fondamentalement… Sans quoi devenir mère s’avèrerait catastrophique. Pour tenter de trouver ce qui emplira sa valise, Laura revisite sa vie et convoque sa mère, ses grand-mères, la Hongroise et celle du Touquet, et même une arrière-grand-mère. L’une était danseuse, l’autre chanteuse lyrique, l’une était une mère lointaine, l’autre une mère possessive. Mais toutes sont charmantes, finalement. Attachantes. Comme Laura elle-même, personnage de théâtre, comédienne, autrice… et pas seulement.

Ventriloquie : une corde de plus à son arc

Au fil de la pièce, Laura Elko interprète la Norma avec une belle sensibilité. Sa formation de base, c’est la musique : piano et chant lyrique. Elle a débuté sur scène en duo dans Cosmopolitan Divas, spectacle qu’elle a co-écrit et qui a obtenu le P’tit Molière du Meilleur Spectacle Musical en 2014. Comme la voix l’intéresse, elle s’est formée à la ventriloquie. Une technique autrefois utilisée dans les cabarets populaires et aujourd’hui bien oubliée. Dans Ah ! vous dirais-je mamans, Laura Elko en use joliment, sans en abuser, prêtant sa curieuse voix intérieure à la marionnette Adalbert, son très philosophe doudou d’enfance.

Etre ou ne pas être mère, telle est la question. Accoucher ou pas ? Etre la mère d’un garçon ? D’une fille ? Est-ce que c’est si différent ? Etre une mère occupée par le domestique pendant que le père joue avec l’enfant ? Au fait, quelle est la place du père, dans tout ça ? Et si c’était lui qui se chargeait de préparer la valise pour le bébé à venir ? Laura se pose des questions. Chacune des spectatrices s’y reconnaît un peu et, dans son for intérieur, apporte ses propres réponses. Le sujet de la maternité est traité ici avec tendresse, humour, et même un brin de poésie. Sans une once de mièvrerie. Le propos est servi par la mise en scène précise de Victoire Berger-Perrin et les lumières de Stéphane Baquet. Tout est réuni pour que cette nouvelle création devienne un succès de plus à l’actif de la polyvalente Laura Elko.

Sylvie Debras 50-50 Magazine

Théâtre Arto à 16 h 35 jusqu’au 31 juillet

Photo de Une Alexandre Foulon

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