Articles récents \ Monde Forum Génération Egalité: La Convention D’Istanbul, une avancée majeure menacée en Turquie

Le Forum Génération Egalité s’est clôturé le 2 Juillet. Le 30 Juin, une session était animée autour de la Convention d’Istanbul qui a été, ces dernières années en proie à la controverse. 

La Convention D’Istanbul est un traité international du Conseil de l’Europe, dont les Etats signataires sont amenés à s’entendre pour l’élimination de toutes les formes de violences envers les femme, y compris les violences conjugales et familiales. C’est le premier instrument juridiquement contraignant au niveau européen. Il offre un cadre juridique complet pour la prévention des violences, la protection des victimes et la fin de l’impunité des auteurs de violences.

Bien que la Convention d’Istanbul soit une avancée majeure sur les droits des femmes et la lutte contre les violences de genre, les principaux débats autour de la Convention se concentrent principalement sur les pays dits du Nord, même si la société civile féministe du sud de la Méditerranée tente avec ses moyens de pousser au progrès dans le domaine des violences faites aux femmes. C’est le cas en Algérie et en Tunisie. Cependant, la Turquie premier signataire du document s’est retiré formellement de la Convention le 1er Juillet 2021. En effet, malgré plusieurs mois de mobilisation intense et courageuse de milliers de femmes en Turquie et dans le monde, le gouvernement d’Erdogan a maintenu sa décision de sortir de la Convention d’Istanbul.

« C’est une régression totale pour les droits des femmes et des filles dans le pays » Ateş Dilan militante féministe turque

Pour justifier son retrait, la Turquie a avancé que la Convention servait à « normaliser l’homosexualité », ce qu’elle considérait incompatible avec les « valeurs familiales » du pays. « Ce sont en réalité des argumentaires anti-genre et antiféministes qui reviennent trop souvent dans notre pays », explique Ateş Dilan.

La situation semble un peu plus favorable en Tunisie. Hafidha Chekir, militante féministe tunisienne explique : « nous avons espoir que la Tunisie adhère à cette Convention. Pour les militantes féministes, la Convention D’Istanbul vient compléter et consolider l’arsenal juridique applicable en la matière auprès des organisations de la société civile, tant au niveau local, régional que national.»

En Algérie, les lois en place protégeant les femmes des violences sont clairement déficientes souligne Amina Cheballah, militante féministe algérienne et la situation de l’Etat de droit reste très préoccupante. Dans ce contexte, la Convention d’Istanbul est « utile mais celle-ci soulève quelques réserves dans le pays car elle est perçue comme une question européenne et donc occidentale » explique t’elle.

Pour conclure l’échange, Hafidha Chekir précise que les droits des femmes sont  avant tout des droits humains qui sont eux-mêmes fondés sur la dignité humaine. Pour elle, les droits des femmes sont souvent objet de restrictions et de violences et c’est pour cela qu’une attention particulière à leur respect est nécessaire.

Marthe Dolphin 50-50 Magazine

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