Brèves « Battre encore » spectacle inspiré de l’histoire des soeurs Mirabal

« Battre encore » se dessine comme la poursuite de cette exploration fondamentale que représentent la lutte des femmes et la défense et l’égalité des droits de chacun.e. Inspiré de l’histoire des sœurs Mirabal, le potentiel poétique et tragique de ce récit historique permet de basculer dans l’écriture d’un conte morbide et acidulé, aux drôles accents de réalisme magique à la Garcia Marquez avec cette chronique de trois morts annoncées. Ce trio de sœurs, aux corps à corps avec le pouvoir, la religion ou le machisme, invite aussi à la digression, vers des images toujours à la limite entre rêves et cauchemars, entre liberté, transport et aliénation.

La Mue/tte utilise des marionnettes portées et des ombres créant un effet de dédoublement et d’absorption des corps, dans l’environnement onirique, sonore et lumineux du jardin. Matérialisant les émotions des trois sœurs, ronces, branches, ramifications colorées troublent les limites entre le jardin d’agrément et le jardin intime évanescent et inconscient, comme une expansion organique du corps féminin. Par le néologisme de femme-castelet (tiré du corps-castelet faisant du corps le support de manipulation), la pièce questionne l’appropriation de la femme par le pouvoir masculin.

Cette présence-absente de la marionnettiste crée la vision d’un corps féminin tiraillé, offert autant que révolté. Que faire d’un corps dont on est dépossédé ? Avec des fragments de corps et des masques, Battre encore interroge ce qu’il reste des corps mutilés par la violence du masculin. Le corps féminin est aliéné par l’éducation, le pouvoir, la domination. Du surnom Mariposas (papillons) des sœurs Mirabal se dégage la figure de la métamorphose comme révolution douce, une lente mais irrémédiable et nécessaire transformation. Par la marionnette, la métamorphose au plateau dans « Battre encore » est une figure de résistance, troublant les frontières du vivant.

Un spectacle éblouissant qui se joue jusqu’au 25 novembre au théâtre Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette.

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