Brèves Y Jadot veut abroger la loi d’accompagnement des personnes en situation de prostitution. Nous ne le laisserons pas faire!

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Le 1er décembre, Yannick Jadot a publié une série de tweets dénonçant les discriminations contre les personnes séropositives et informant des mesures qu’il soutient en tant que candidat à la présidentielle de 2022.

Parmi ces mesures, il annonce, à la sauvette, vouloir l’abrogation de la loi 2016 contre le système prostitutionnel”. Cette loi de six chapitres prévoit :

  • l’abrogation du délit de racolage
  • un renforcement des moyens de lutte contre le trafic sexuel 
  • un titre de séjour pour les personnes migrantes en situation de prostitution
  • une amélioration des indemnisations des victimes de proxénétisme 
  • la création d’un parcours de sortie de la prostitution pour les personnes qui le souhaitent
  • la possibilité de remise gracieuse de dettes
  • une allocation financière (dont le montant est actuellement trop faible)
  • l’accompagnement aux soins
  • la mise en place de prévention de la prostitution des mineur·es dans les écoles
  • l’interdiction de l’achat d’actes sexuels

Ce dernier point, prévu par le chapitre cinq de la loi, est souvent celui qui fait débat, parfois au sein même des abolitionnistes. Cependant, le tweet de Yannick Jadot est clair, c’est bien la loi dans son ensemble, et non seulement l’interdiction d’achat d’actes sexuels, qu’il souhaite abroger.

Interpellé par des féministes sur Twitter, il justifie sa proposition en déplorant l’inefficacité de la loi : “ l’évaluation de la loi de 2016 a montré qu’elle manque de moyens dans la lutte recherchée contre la prostitution”. Une logique qui nous laisse perplexes : lorsque les mesures sociales sont trop faibles, la solution serait alors de les supprimer. Un état d’esprit qu’on retrouve régulièrement chez les libéraux et partis de droite… 

Concernant les mesures de la loi de 2016, celles-ci nécessitent effectivement d’être améliorées et développées, c’est ce que les associations abolitionnistes ne cessent de répéter, revendiquant un budget de 240 millions d’euros annuel, afin d’augmenter l’allocation financière prévue (dont elles exigent qu’elle ne soit pas conditionnée à la sortie définitive de la prostitution), et de faciliter l’accès aux soins. Comment Yannick Jadot espère-t-il aider les personnes souhaitant sortir de la prostitution à accéder à des ressources et des soins s’il supprime la loi censée le permettre ?

Que dire d’un candidat qui souhaite la suppression d’un ensemble de mesures sociales ? Comment peut-il encore se prétendre de gauche, quand il souhaite retirer aux femmes, aux minorités de genre et aux minorités sexuelles concernées par la prostitution, les moyens certes perfectibles, qui leur sont alloués? Nous invitons les autres candidat·es à s’exprimer sur le sujet. Nous savons l’attachement des partis politiques de gauche au modèle abolitionniste. Nombreux se sont déjà exprimés en faveur de ce modèle par le passé. C’est le cas  de Lutte Ouvrière, du PCF, du Parti de Gauche, de la France Insoumise et du Parti Socialiste, qui ont inscrit l’abolition de la prostitution dans leur programme, sans toujours la mettre en avant de manière explicite dans leur communication auprès du grand public… Le point de vue défendu par le NPA se distingue, étant partagé sur la question de la pénalisation des clients, mais rejoint les autres idées abolitionnistes, considérant la prostitution comme une violence, et promouvant la mise en place de mesures sociales d’aide aux personnes en situation de prostitution indépendamment de leur sortie définitive de la prostitution. 

Il nous semble primordial que les candidat·es de gauche à l’élection présidentielle et les partis politiques de gauche de manière générale, réaffirment aujourd’hui leur soutien à la loi de 2016 et plus particulièrement aux mesures sociales qu’elle prévoit pour l’accompagnement des personnes en situation de prostitution.

Les Effronté·es

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