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Le Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes (HCE) publie un rapport portant sur les perceptions et vécus de l’égalité chez les jeunes générations.
Confiée au HCE en 2020 par les ex secrétaire d’État aux droits des femmes et à la lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, et secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation et de la Jeunesse, Gabriel Attal, cette mission porte plus spécifiquement sur la façon dont les jeunes générations, notamment les jeunes de 17-19 ans, perçoivent la répartition des rôles sociaux des femmes et des hommes dans la sphère familiale, professionnelle et dans la société, au moment de la pandémie et, plus largement, sur la façon dont elles les envisagent pour l’avenir.
Une méthodologie inédite
Coconstruit avec les jeunes à travers des ateliers déployés dans toute la France, un sondage réalisé par BVA et une enquête sur les réseaux sociaux, ce travail a également reposé sur une commission transversale dédiée du HCE et un Conseil des jeunes, membres du collège jeunes du Conseil d’Orientation des Politiques de Jeunesse (COJ) et du Forum Français de la Jeunesse (FFJ), et d’autre part, de jeunes militant·es d’associations et réseaux de lutte pour l’égalité.
Une conscience plus aiguë des stéréotypes mais des inégalités persistantes
Grâce à une sensibilisation accrue ces dernières années, les 17-19 ans ont une conscience plus aiguë des inégalités de genre et de leur caractère systémique dans la société : ainsi, 74 % des filles et 54 % des garçons interrogé·es pensent qu’il y a encore beaucoup à faire pour atteindre une égalité réelle. À travers l’usage renforcé des réseaux sociaux, les jeunes, et notamment les jeunes femmes, se montrent très engagé·es dans la défense des droits des femmes et la promotion de l’égalité de genre. Il en va de même dans la sphère privée, où la division des tâches domestiques est, entre autres, un point d’alerte unanimement partagé par cette classe d’âge : 93 % des filles et 87 % des garçons interrogé.es affirment que les tâches domestiques doivent être réparties à parts égales dans un couple.
Cependant, ces projections sont à nuancer, puisque 51 % considèrent encore que, lorsqu’un enfant naît, il est mieux que la mère arrête de travailler. De la même façon, les filles sont encore 40 % à considérer que les hommes sont mieux traités à la maison lorsque les garçons ne sont que 13 % à l’affirmer.Dans l’espace public et numérique, les stéréotypes perdurent et entrainent des comportements genrés
C’est le cas du sport, pratique genrée et excluante dès le plus jeune âge : 77 % des filles interrogé·es considèrent que lorsqu’un espace public de loisirs est fréquenté majoritairement par les garçons, les filles ne s’y sentent pas à l’aise. A ce titre, le HCE recommande de conditionner les subventions aux politiques publiques du sport et des espaces de loisirs au respect de l’égalité entre les femmes et les hommes (principe d’égaconditionnalité).
La pratique importante des réseaux sociaux par les jeunes peut également exercer une pression esthétique sans égal et expliquer, pour partie, que les 18-34 ans font désormais plus de chirurgie que la tranche des 50-60 ans. A ce titre, le HCE recommande de renforcer la législation sur les contenus retouchés en ligne.
C’est enfin l’école qui renforce le plus les comportements sexués, puisque, dès leur entrée dans le système éducatif, les enfants sont confronté·es à des représentations genrées qui favorisent l’internalisation des normes, à travers notamment les manuels scolaires et les supports pédagogiques qui échouent à fournir une représentation réaliste : ainsi, seuls 9,8 % des textes présentés ont été rédigés par des femmes. Cette tendance se confirme dans une répartition très sexuée des orientations professionnelles au lycée et qui nécessite d’adopter un plan national d’orientation professionnelle pour orienter les jeunes filles vers les métiers techniques, du numérique, et d’avenir.
Une génération en manque d’éducation à la vie relationnelle
Les jeunes générations sont confrontées à différentes formes de violences sexistes et sexuelles, notamment le harcèlement, auxquelles elles répondent majoritairement par des stratégies d’évitement : 67% des filles interrogées affirment que, lorsqu’elles sont sifflées ou insultées, elles fuient le plus vite possible. Aussi le HCE recommande de concevoir et mettre en œuvre un plan national visant à assurer la sécurité des jeunes femmes dans la rue.
En ligne, la pornodivulgation sévit chez les jeunes générations, puisque 19% des filles interrogées ont déjà reçu des photos intimes d’une personne qu’elles connaissaient sans son accord. Les « sextos », « nudes » ou « dickpicks » constituent un phénomène très répandu puisque 1/3 des répondant.es affirment en avoir déjà envoyé (39% des filles et 27% des garçons). De façon générale, les 17-19 ans témoignent d’un clair manque d’information et d’éducation sur l’égalité, le respect de l’autre, le consentement, la vie relationnelle, sexuelle et affective : 2/3 filles et 1/2 garçon affirment que les sujets de harcèlement et de violences ne sont pas assez évoqués au cours de leur scolarité et qu’ils et elles se sentent désarmé.es. En plus d’être appelée de leurs vœux par les jeunes, la garantie des enseignements obligatoires à la sexualité en coordonnant, en outillant et en évaluant ces programmes paraît absolument fondamentale.