Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes 26 propositions aux candidat·es à l’élection présidentielle pour plus d’égalité en entreprise

L’actualité a souligné l’importance de développer la recherche et l’innovation scientifique et technologique pour répondre aux enjeux environnementaux, sociétaux et économiques mondiaux. Or, en France comme dans tous les pays industrialisés, les vocations pour les métiers scientifiques et techniques ne sont pas à la hauteur des besoins estimés, et les femmes sont, sans raisons objectives, minoritaires dans ces métiers. Face à ces défis, les associations Femmes et MathématiquesFemmes & Sciences et Femmes Ingénieures ont élaboré 26 propositions concrètes pour plus de mixité dans les entreprises, universités et centres de recherches scientifiques et techniques.

Soutenues par 19 associations, ces propositions visent à dynamiser la carrière des femmes scientifiques, techniciennes, chercheuses et ingénieures, pour briser le plafond de verre, comme par exemple :
  • Instaurer une réelle égalité salariale entre les femmes et les hommes ingénieur·es et scientifiques, et cela tout au long de leur carrière. (Proposition 26)
En France, comme dans tous les pays industrialisés, les vocations vers les métiers scientifiques et techniques ne sont pas à la hauteur des besoins estimés. Concernant les femmes ingénieures, les techniciennes ou les scientifiques18 qui sont minoritaires dans ces métiers, leurs salaires médians sont, sans raisons objectives, inférieurs à ceux des hommes. Dans certaines entreprises, cet écart existe dès les premières années d’activité professionnelle, et croît en fonction de l’ancienneté dans la carrière, soulignant des compétences des femmes ingénieures ou techniciennes insuffisamment reconnues ou mal utilisées. Cet état de fait génère une perte d’attractivité pour les filières scientifiques, techniques et industrielles au sens large, ce qui constitue d’une part une perte pour l’économie de la nation, et d’autre part une forte injustice pour les femmes.
  •  Travailler avec les publicitaires sur le contenu de leurs campagnes en intégrant le rôle de la science et des femmes dans les objets grand public et de grande consommation (ex : transports, jeux vidéo, électroménager, etc.). (Proposition 5)
Il s’agirait de renforcer le pouvoir de contrôle de l’ARCOM (ex-CSA) sur la publicité (télévisée) concernant les stéréotypes de sexe. À chaque fois qu’une caution ou une argumentation technique est apportée, il suffirait de veiller à ce que ce soit fait aussi par des femmes en position de « sachantes », avec l’introduction de quotas ou au moins d’indicateurs chiffrés.
  • Proposer aux filles et aux jeunes de milieux défavorisés ou de milieux ruraux des stages de 3ème dans des laboratoires scientifiques et dans l’industrie. (Proposition 12)
Les entreprises et organismes scientifiques limitent la plupart du temps l’accueil des stagiaires en classe de 3ème aux enfants de leurs collaborateurs et collaboratrices. Les élèves ne disposant pas d’un « réseau » se trouvent pénalisé·es alors que cette première découverte du monde professionnel à ce stade de leur scolarité pourrait favoriser les vocations scientifiques.
Une enquête réalisée par ENGIE-Mines ParisTech confirme que, dans l’état actuel, ce stage ne constitue pas un dispositif efficace pour faire découvrir les métiers scientifiques, notamment aux filles et aux jeunes de milieux défavorisés11.
Un guide destiné aux organismes publics et aux entreprises est en cours d’élaboration, dans le prolongement de cette enquête, afin que les propositions de stages soient plus nombreuses, que ces stages deviennent plus « scientifiques » et plus attrayants. Un système d’incitation financière (par exemple un avantage fiscal) aux entreprises pourrait être mis en place pour les encourager à prendre des stagiaires de classe de 3ème.
Il serait utile de déployer un service généralisé mettant en ligne des offres de stages de 3ème, comme par exemple le site « Viensvoirmontaff »12 ou les sites Internet de certaines Régions13.De manière alternative, on pourrait encourager les entreprises à accueillir des classes entières pendant une journée, et encourager les collèges à organiser ces sorties.
  •  Instaurer une « éga-conditionnalité » dans tout plan de relance ainsi que dans tous les programmes d’aide à l’entreprenariat (Proposition 25)
L’éga-conditionnalité est un prérequis dans le contexte des mesures budgétaires déployées en réponse à la pandémie mondiale. En complément de ce que prévoit la loi du 24 décembre 2021 visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle concernant la Banque publique d’investissement (art. 16 de la loi), nous préconisons d’intégrer systématiquement l’éga-conditionnalité dans les plans de sauvetage sectoriels et thématiques qui ne tiennent toujours pas compte aujourd’hui des impacts différenciés sur l’emploi des hommes et des femmes :
  • Imposer une « éga-conditionnalité » dans les garanties financières et les financements publics afin de respecter l’égalité de traitement des femmes entrepreneurs ;
  • Mettre en œuvre une stricte parité dans tous les comités et conseils de crise ;
  • Instituer le contrôle du respect de la mise en place des contreparties et des pénalités lorsque ce contrôle existe, notamment en rendant obligatoire la publication des fonds alloués aux entreprises dirigées par des femmes vs. celles dirigées par des hommes au-dessus d’un certain montant et par la création d’un comité de suivi chargé de s’assurer du reporting annuel des entreprises et établissements publics sur l’utilisation des aides et financements publics.
Ces propositions sont soutenues par 19 associations : AFDESRI, AFNEUS, BECOMTECH, Digital Ladies & Allies, Femmes du Numérique-Numeum, Femmes@Numérique, Gender Scan, Grandes Ecoles au Féminin, ParisTech au Féminin, Parité sciences, Quelques Femmes Du Numérique, Réussir l’égalité Femmes-Hommes, Social Builder, Société Chimique de France, Société Française de Physique, Société Informatique de France, Syntec Ingénierie, Women in Nuclear, Women In Tech.
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