Brèves Le projet de Marine Le Pen est profondément anti-féministe

Avec 23,1% des suffrages exprimés, Marine Le Pen s’est qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle française. Elle joue du fait qu’elle est la seule femme a avoir accédé deux fois au second tour, se présentant comme la “Femme d’Etat” dont la France, et notamment les Françaises, aurait besoin. Equipop rejoint toutes les analyses exprimant les dangers qu’elle fait peser de manière générale sur la démocratie. Nous soulignons, dans la même perspective, qu’elle est une ennemie et de l’égalité de genre et de la justice sociale.

La communication revisitée de Marine Le Pen ne doit pas faire oublier ses prises de position, ni cacher les réelles intentions de son programme. C’est sans doute dans son discours du 10 avril que l’hypocrisie de la candidate du Rassemblement National (RN) a été la plus éclatante. Marine Le Pen s’est d’emblée positionnée du côté de la “justice sociale”, qui est tout le contraire du principe de préférence nationale du RN. Elle a fait miroiter un “cadre fraternel”, qu’elle détruit régulièrement à travers ses discours racistes. Elle a vanté “l’égalité, notamment entre les hommes et les femmes”, à laquelle elle s’est toujours opposée et continue de s’opposer farouchement, avec ses positions rétrogrades et ses alliances avec les partis politiques les plus conservateurs d’Europe et du monde. Enfin, elle s’est défendue de toute « attache partisane”, alors que son projet de société sexiste et misogyne est encore complètement ancrée dans celui du FN, dont elle est l’héritière directe au sens propre et figuré.

Sur les 36 pages du programme et le document “22 mesures pour 2022”, le mot “femmes” n’apparaît qu’une fois, pour parler de ses sympathisantes. Il n’y pas de livret dédié à l’égalité femmes-hommes parmi les 17 livrets thématiques. Le 7 mars, elle avait publié une “Lettre aux Françaises”, instrumentalisant la Journée mondiale de lutte pour les droits des femmes. Elle avait effleuré de façon opportuniste quelques enjeux comme les déserts gynécologiques ou la lutte contre les violences.

Sur la question des droits sexuels et reproductifs, rappelons qu’en 2012, Marine Le Pen envisageait de dé-rembourser l’IVG dans certains cas (note), dénonçant ce qu’elle appelait des “avortements de confort”. “ Au Parlement européen, les député·e·s du RN, dont Marine Le Pen, ont systématiquement voté contre les textes relatifs aux droits des femmes et continuent de le faire, qu’il s’agisse d’améliorer l’accès à l’avortement ou de lutter contre les violences sexistes et sexuelles”, rappelle Lucie Daniel, experte Plaidoyer pour Equipop (voir par exemple le rapport Tarabella en 2015 et la résolution sur l’adhésion de l’UE à la Convention d’Istanbul en 2016). Plus récemment encore, en 2021, les eurodéputé·e·s RN ont voté contre un texte visant à améliorer, par exemple, l’accès à l’éducation à la sexualité dans l’UE, et contre un autre visant à lutter contre toutes les formes de violences, “en englobant expressément la violence faite aux femmes dans toute leur diversité et celle dirigée contre les personnes LGBTIQ+ en raison de leur identité de genre, de leur expression de genre et de leurs caractéristiques sexuelles”(note) (note) (note).

Sur le volet de la solidarité internationale, Marine Le Pen conditionne l’aide publique au développement à la mise en place de politiques de gestion des flux migratoires. En plus du caractère xénophobe de ce programme qui suffit à le disqualifier, l’arrivée du Rassemblement National au pouvoir empêcherait la mise en oeuvre d’une politique étrangère féministe française (pourtant prévue par la loi sur la solidarité internationale adoptée l’été dernier). Les modèles et les alliés objectifs de Marine Le Pen sont les chefs d’Etat les plus misogynes de ces dernières décennies : Donald Trump, Vladimir Poutine, Viktor Orban, etc… Sa politique aurait des conséquences catastrophiques pour les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ en France et en Europe.

En tant qu’association féministe, le rôle d’Equipop est d’alerter sur les idées et les personnalités politiques qui vont à l’encontre de l’égalité de genre. C’est le cas de Marine Le Pen. Nous réaffirmons que son projet de société a toujours été et continue d’être profondément anti-féministe, anti-républicain, et raciste. Il doit être combattu.

Equipop

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