Articles récents \ France \ Politique Marine Le Pen : un danger pour les femmes du monde entier

Marine Le Pen cherche des voix à tout prix. Alors la catholique multi-millionnaire s’invente féministe, s’affiche « être une femme de son temps, divorcée avec 3 enfants, qui veut protéger les femmes dans la rue et souhaite porter les préoccupations des droits des femmes au sommet de l’État ». Un discours et des promesses dans la pure lignée du patriarcat, celle où les femmes ne servent qu’à mettre au monde de bon.nes chrétien.nes, à fournir la main d’œuvre de demain et à céder la place aux hommes sur le marché du travail sauf pour celles qui sont au pouvoir ou proches de celui-ci, bref, celles des classes supérieures, des nanties et des rentières.

Mais comment faire pour obtenir l’adhésion d’un électorat féminin peu réceptif à la vision rétrograde de la femme prônée par le RN et séduire les jeunes générations issues de #Metoo pour gagner des voix ? Marine le Pen a bien conscience que les hommes sont aux commandes du pouvoir et qu’il faut les caresser dans le sens du poil pour accéder au fauteuil de l’Elysée. Également, la conservatrice ne peut pas aller contre ses valeurs traditionnelles inculquées depuis sa plus tendre enfance et qu’elle a toujours défendues. Alors, la solution est toute trouvée pour une Marine Le Pen qui n’hésite pas à brûler son soutien-gorge : tenir un discours « féministe » mais pas trop, le temps de l’entre-deux tours…

Un changement de position qui ne passe pas inaperçu puisqu’elle prend ouvertement les femmes pour des cruches.

Dans les 22 mesures de son programme électoral, la candidate de l’extrême droite omet sciemment de leur faire une place. Les femmes sont à peine citées. Pas une seule mention sur l’obligation de l’égalité salariale du côté du patronat. Forcément puisque « la loi existe » et que « les syndicats doivent faire leur travail ». N’oublions pas qu’en 2017, les députés RN ont voté contre la loi pour l’égalité salariale et de manière générale, contre les textes qui favorisent l’avancée des droits des femmes en matière d’égalité.

Pourquoi tant de misogynie ? Pour la candidate, « Le progrès pour les femmes, c’est de rester à la maison » affirmait-elle en 2012 où elle proposait un revenu maternel pour que Madame s’occupe du foyer et cède sa place sur le marché du travail. Pour elle, il n’existe pas de plafond de verre ni de parois de verre. Les écarts salariaux se justifient par le mérite. Dans son programme, pas de mesures concrètes proposées pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles « sauf pour les étrangers qui se livrent à ces pratiques outrageantes » qui seront expulsés (quid des violeurs français ou harceleurs possédant leurs papiers en règle ?) La candidate ment sur les chiffres du viol « 52 % des viols commis à Paris l’ont été par des étrangers » alors que 80% des violeurs sont proches des victimes.  Elle propose juste un meilleur accueil des plaignantes dans les commissariats et d’inscrire les harceleurs dans un fichier. On reste dans le déni des violences faites aux femmes, discours conservateur par excellence.

En revanche, elle promet une entrave aux droits reproductifs ce qui est contraire aux accords signés entre la France et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Marine Le Pen s’engage à un moratoire de trois ans sur les sujets sociétaux (PMA, GPA, euthanasie, IVG…). Il s’agit encore et toujours de faire main basse sur le ventre des femmes afin de mieux les contrôler et qu’elles arrêtent leur carrière pour fournir un travail domestique gratuit (garde d’enfants, tâches domestiques). Pour cela, il est impératif que naissent des Français.es blanc.hes de préférence. Une croisade nataliste que la candidate de l’extrême-droite souhaite mettre en marche avec le doublement de l’allocation familiale réservée qu’aux familles françaises, l’instauration d’une part fiscale pleine contre une demi-part actuellement pour le deuxième enfant, un prêt public à taux 0% sur 10 ans pour un achat immobilier à l’occasion de la naissance d’un troisième enfant ou aider financièrement les familles monoparentales au lieu d’obliger les pères à prendre leur responsabilité paternelle.

La candidate abonde la culture du viol en souhaitant abolir la loi de 2016 sur la prostitution qui vise à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel, à cesser la traite humaine et à accompagner les personnes prostituées. Aucune empathie pour ces femmes fragiles psychologiquement en précarité financière dont la société française masculiniste profite et abuse.

Remise en cause de l’égalité femmes/hommes à travers la diplomatie et la politique étrangère françaises

La candidate qui se préoccupe du sort de ses consœurs à l’international, affirme haut et fort qu’elle « soutiendra des programmes français, bilatéraux voire multilatéraux, qui ont fait la preuve de leur efficacité en faveur de la protection des femmes, notamment contre tout fanatisme religieux, contre certaines traditions, excision, infibulation, mariages précoces … » sans les lister. Elle rappelle sa conception du rôle de la France en termes de politique étrangère : « les pays riches n’ont pas vocation par l’intermédiaire de l’ONU et ses agences à imposer aux pays pauvres leurs modes de vies ou leurs traditions ».

Un discours ambigu qui affirme la position d’une France qui lutte contre les discriminations faites aux femmes, mais qui ne peut intervenir au nom de la culture et des traditions locales. Ainsi, dans la conférence de presse du 13 avril dernier, Marine Le Pen se détache entièrement de ce que les autres Etats peuvent bien mettre en place pour l’égalité femmes/hommes et la protection des droits des femmes et des enfants.

Elle souligne que la vocation de l’appareil diplomatique français doit briller par sa présence physique et militaire uniquement et remet ainsi en cause la défense et la promotion des droits fondamentaux et des valeurs démocratiques françaises à l’étranger lorsqu’elle affirme que « l’appareil diplomatique français est concentré sur de prétendus grands enjeux globaux, définis par telle ou telle agence de l’ONU ou par exemple le GIEC (1)  : Ainsi, au lieu d ’œuvrer aux intérêts de la France, nos ambassades doivent parfois se consacrer à la santé reproductive, à la promotion des droits des minorités, à l’égalité femmes/hommes ou encore à la diplomatie féministe. Or, la diplomatie française doit être orientée non en direction de prétendus grands enjeux globaux, féministes ou environnementaux, mais vers la protection et la promotion des intérêts de la France quels qu’ils soient dans le monde. C’est cela le rôle de la diplomatie française ».

Une remise en cause totale et sans ambiguïté des différents axes d’intervention de la politique étrangère de la France en faveur de la non-discrimination des femmes portés par le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères  . Ainsi, il ne serait plus question de débloquer des budgets alloués à l’entreprenariat féminin dans les pays en développement, de lutter contre les stéréotypes de genre, de favoriser l’accès aux droits reproductifs, de soutenir les associations féministes locales et les ONG qui œuvrent contre les violences, etc.

Marine Le Pen offre une France qui se désengagerait de ses valeurs universelles et humanistes. Il est vrai que la candidate est sur la même lignée que son ami, Viktor Orbàn, premier ministre hongrois, modèle et soutien politique et financier de la candidate, lequel a mis en place une politique nataliste dans une société traditionnellement patriarcale où la communauté LGBT n’a plus sa place puisque considérée « contre-nature » par l’Eglise et où l’accès à la contraception est entravé. Une même vision prônée par son autre soutien politique et financier, Vladimir Poutine, où une loi en 2017 a été votée pour dépénaliser les violences domestiques sous prétexte de ne pas détruire le sacro-saint noyau familial au détriment de la souffrance des femmes et des enfants. Et que penser des eurodéputé.es du RN qui ont voté, en 2020, contre une résolution visant à condamner l’interdiction de l’avortement en Pologne au motif de leur souveraineté. Toujours cette même vision de la femme-objet qui appartient à l’homme et au service de l’homme…

En dehors des principes démocratiques et des valeurs universelles que porte la France, Marine Le Pen, est un véritable danger pour les femmes… pour toutes les femmes du monde entier. Il revient en conséquence à chacun et à chacune de porter sa responsabilité sur l’avenir de nos libertés en ce deuxième tour de l’élection présidentielle.

Laurence Dionigi 50-50 Magazine

1 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

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