Articles récents \ France \ Économie Pour Egae, il est possible d’éradiquer le harcèlement sexuel au travail

Le 3 juin, le groupe Egae organisait une conférence sur le harcèlement sexuel au travail. Egae est une structure qui intervient sur des thèmes divers et variés touchant principalement à la prévention et à la formation contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles. Les missions de l’agence se portent autant vers le privé que vers le public. Actuellement, il travaille avec Le Monde sur un baromètre annuel, avec L’École des hautes études de commerce sur une plateforme de signalement interne pour les victimes ou témoins de violences à l’école ou encore avec le ministère de la Culture pour former leurs agent·es. La conférence était présentée par Caroline de Haas, directrice associée. 

Après un bref mais essentiel triger warning (1), Caroline de Haas commence par mettre au clair les différentes définitions du harcèlement sexuel. La première définition, présente dans le Code Civil, est la suivante : « propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexistes répétés qui, soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ». Par exemple, si un collègue fait souvent des remarques sur le fait qu’une collègue a une petite poitrine, c’est du harcèlement sexuel. A ne pas confondre avec une agression sexuelle où un collègue toucherait la poitrine de la dite collègue. Il y a un contact sur une zone sexuelle donc il faut faire attention à ne pas déqualifier ce geste. 

La seconde définition dit : « est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers ». Cet acte est tellement grave que cela suffit pour être considéré comme du harcèlement sexuel, même sans répétition. Par exemple, si un patron dit à son employée “si tu veux la promotion il, suffit de venir dîner chez moi”. Même si jusqu’ici il s’est toujours bien comporté avec elle, c’est du harcèlement sexuel, c’est même du chantage sexuel.

Enfin, il faut aussi prendre en compte le harcèlement sexuel dit environnemental ou ambiantal. Le code civil explique : « sans être directement visée, la victime subit des provocations et blagues obscènes ou vulgaires qui lui deviennent insupportables ». Par exemple, si des collègues affichent des images pronographiques dans la salle de pause, personne n’est individuellement visé mais cela crée une ambiance malsaine. 

Face à toutes ces formes de harcèlement, l’employeuse/employeur a des obligations envers ses salarié·es. Elle/il doit notamment garantir la santé et la sécurité de chacun·e; prévenir, faire cesser et sanctionner les faits; et enfin, en cas de signalement, déclencher une enquête interne. Un manquement à ce dernier point peut être considéré comme de la non assistance à personne en danger. 

La jurisprudence doit faire son travail

Malgré toutes ces définitions, certaines situations ne rentrent pas dans les clous. Il faut donc que la jurisprudence fasse son travail et protège les victimes même si les textes de loi ne permettent pas clairement de statuer sur les faits. C’est le cas notamment pour cet exemple : un collègue a, un jour, offert un sextoy à une collègue. C’est un acte grave relevant du harcèlement sexuel même si les textes de l’époque ne permettaient pas de l’affirmer. La loi est en perpétuelle évolution comme le souligne Juliette Demoor. 

Egae s’est donnée pour mission de transmettre des méthodes et des outils pour combattre le fléau des violences sexuelles au travail. Le but étant de créer un environnement de travail sans violences. Cela passe par l’exemplarité de la direction et de l’encadrement qui doivent se montrer réactifs et fermes. Les trois clés de réussite sont les suivantes : une prise de conscience et une mobilisation régulière des équipes sur le sujet; une capacité à détecter et à signaler; et un traitement rapide des cas signalés et une communication sur ce sujet.

A l’aide de la mise en place de baromètres, de formations, d’adresses mails de signalement, de sondages et d’accompagnements proposés par Egae, il est possible d’éradiquer le harcèlement sexuel au travail.

Eva Mordacq 50-50 Magazine

1 Avertissement visant souvent les personnes ayant vécu des choses traumatisantes pour les inviter à quitter la réunion si elles/ils ne se sentent pas d’attaque pour discuter de sujets lourds pouvant les faire revivre leurs traumatismes.

Lire aussi : Anna Toumazoff, la lanceuse d’alerte féministe.

print