Articles récents \ Monde Les femmes sont surreprésentées dans l’économie non marchande !

L’économie est la science qui étudie comment les ressources sont employées pour la satisfaction des besoins des êtres humains au sein d’une société et comment ces biens et ces services sont produits, distribués et consommés. L’économie se divise en marchande et non marchande. La marchande repose sur des prix issus de la rencontre entre une offre et une demande. C’est la partie immergée de l’iceberg, la plus visible de l’économie, la plus connue donc valorisée.

Or, celle-ci repose et s’appuie sur l’économie non marchande qui répond à d’autres principes économiques comme la redistribution, la réciprocité et l’économie domestique. L’économie non marchande correspond à la partie peu reconnue et invisible dans laquelle les femmes sont surreprésentées, et principalement dans les pays émergeants où ces dernières sont empêchées dans leur autonomisation et bafouées dans leurs droits fondamentaux.

Parmi les principes de l’économie non-marchande, on note la redistribution de ressources qui a lieu au niveau de l’Etat ou d’organisations sociales ou religieuses. La réciprocité organise le travail et les échanges dans des communautés traditionnelles, mais aussi dans de nouvelles organisations, comme les formes d’entrepreneuriat collectif de type solidaire ou des groupes d’entraide. La réciprocité est un principe très différent de celui du marché. Chaque personne s’oblige à contribuer aux besoins du groupe en fonction de ses capacités et non de son intérêt individuel. L’économie domestique correspond au travail domestique (ménage, courses, cuisine, éducation, action sociale et de care) qui est réalisé gratuitement au niveau des foyers et de la communauté. Si l’économie non marchande est invisible, elle n’en est pas moins indispensable à l’économie marchande. 

Sans le travail domestique, sans les prestations et politiques sociales et sans les organisations communautaires, l’économie marchande s’écroulerait. L’économie non marchande forme la base de l’iceberg et elle est en grande partie assurée par des femmes du fait de la solidarité et du lien social qui leur sont socialement attribués. Des recherches ont été menées pour estimer le poids de l’économie non marchande, en lui attribuant un équivalent monétaire. Selon les méthodes de calculs et les pays, le travail domestique non marchand représente entre 11 et 84% du produit national brut. A l’échelle mondiale, la valeur monétaire du travail de care non rémunéré est d’au moins 10.800 milliards de dollars chaque année, soit trois fois la valeur du secteur des technologies. Les conditions d’autonomisation économique des femmes et des hommes se déterminent donc à l’échelle de l’ensemble de l’iceberg et non pas seulement au niveau de la partie marchande émergée.

L’intégration de l’économie non marchande dans le calcul du PIB en tant que sources de richesse est en cours de réflexion dans une approche globale et intégrée du genre depuis les années 70. Chiffrer, quantifier et intégrer cette partie immergée de l’iceberg reviendraient à reconnaître non seulement l’invisibilité du travail des femmes mais aussi à reconnaître le patriarcat comme système économique reposant sur l’exploitation des femmes.

Laurence Dionigi 50-50 Magazine

Sources : Agence Française de Développement (AFD) et le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères

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