Articles récents \ Culture \ Livres Editions des femmes-Antoinette Fouque : publications du printemps 2023

Editions des femmes-Antoinette Fouque

Depuis leur création en 1973, les Editions des femmes-Antoinette Fouque jouent un rôle moteur dans la vie éditoriale, intellectuelle et culturelle française en mettant en lumière les créations d’autrices. Les Editions des femmes proposent fictions, récits, biographies, essais, livres audio. Proposition de lectures pour le printemps 2023.

Corps de fille, corps de femme

Collectif – Voix d’écrivaines francophones. Parution le 9 mars 2023.

 

Vivre son corps, Faire corps

Créé en 2017 et regroupant plus de soixante-dix femmes, le Parlement des écrivaines francophones (PEF) a pour objectif de faire entendre la voix des autrices d’expression française sur le monde. Le PEF travaille
également à faire reconnaitre la place de l’écrivaine dans son pays, à réaffirmer son rôle dans le dialogue civilisationnel et à défendre les droits des femmes et des hommes partout où ils se trouvent attaqués. Ce parlement est aussi un espace de prise de parole destiné à donner le point de vue des femmes sur les débats ou les crises de nos sociétés.

Woman Hating De la misogynie

Andrea Dworkin. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Camille Chaplain et Harmony Devillard. Parution 16 mars 2023.

Née d’une famille de rescapé·e·s de la Shoah, Andrea Dworkin (1946-2005) fait le parallèle entre les mécaniques destructrices de l’antisémitisme et de la misogynie. Victime de pédocriminalité, d’un viol instrumental pour avoir manifesté contre la guerre du Vietnam, puis de violences conjugales, elle survit en se prostituant jusqu’à ce qu’ une féministe la recueille et induise son éveil politique. Elle consacre alors son œuvre et sa vie à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Avec Catharine MacKinnon, autrice du Féminisme irréductible, elles rédigent « l’ordonnance de Minneapolis », projet de loi novateur de lutte contre les violences pornographiques, sans passer par la censure puritaine et qui rencontre une implacable opposition. Décriée de son vivant, elle est saluée à sa mort pour son intégrité et son pacifisme et le mouvement #MeToo se réclame de son héritage.

« Après Woman Hating, on ne lit plus jamais un conte de fées de la même façon. » Ellen Frankfort, essayiste féministe.
Quel rapport y a-t-il entre les contes de fées traditionnels, la pornographie, les littératures sadiennes, la contreculture, mille ans de bandage des pieds des Chinoises et le Malleus Maleficarum, guide catholique allemand de la chasse aux sorcières ? La haine viscérale et irrationnelle déchaînée contre les femmes. Comme une démonstration mathématique, Andrea Dworkin met en lumière leur postulat commun : que toute femme agissante est malfaisante et doit être punie. Dans une prose farouche et sans concession, l’autrice expose son analyse des rouages des sociétés sexistes et dissèque au scalpel la misogynie dans laquelle baignent encore nos cultures post-modernes.

Où naissent les mères

Virginia Helbling. Traduit de l’italien par Lucie Tardin. Parution le 23 mars 2023.

Née à Lugano (Suisse italienne) en 1974, Virginia Helbling a étudié les lettres et la philosophie à l’ université de Fribourg. Mère de six enfants, elle travaille également comme journaliste. Avec son premier roman Dove nascono le madri, publié chez Gabriele Capelli Editore (Mendrisio), elle devient la première lauréate italophone et tessinoise du Prix Studer/Ganz en 2015. L’ ouvrage a été traduit en allemand , chez Bücherlese, sous le titre Am Abend fliesst die Mutter aus dem Krug.
Tout le monde sait où naissent les enfants, mais qu’en est-il des mères ?
Mère depuis quelques heures, une femme observe son nouveau-né depuis son lit d’hôpital. Comment porter sa fille, si fragile, sans la casser ? Donner naissance n’est pas le point d’arrivée mais le début d’un apprentissage. Les journées s’organisent au rythme de l’enfant et des soins prodigués à ce petit être encore méconnu. Entre la fatigue, les nouvelles difficultés et l’amour inconditionnel qui la lie à sa fille, la mère peine à trouver son équilibre. Elle n’a pas un instant pour jouer du piano tandis que le quotidien du père, violoniste en tournée, n’a pas changé. La nature semble être sa seule compagne dans cette recherche de soi. Après sa venue au monde en tant que mère, elle renaît en tant que femme.
Virginia Helbling refuse tous les lieux communs sur la maternité pour porter un roman sincère, lumineux, vif et singulier.

Gina

Maria Climent Huguet. Traduit du catalan par Carmen Fernandez. Parution le 6 avril 2023

Née à Amposta (province de Tarragone) en 1985, Maria Climent Huguet est diplômée de traduction et d’interprétariat. Elle a travaillé notamment comme professeure de langue, puis rédactrice de sites web, community manager, chroniqueuse, journaliste et traductrice. Elle vit entre Barcelone et sa ville natale. Gina, son premier roman, a obtenu un large succès critique et public en Catalogne. Elle l’a traduit elle-même en castillan.

L’énergie et une bonne dose d’humour pour affronter la maladie.
Récit à la première personne par une narratrice introvertie, contemplative et furieusement ironique, Gina est la chronique d’une expérience de passage à l’âge adulte, tissée à partir d’un examen attentif des événements plus ou moins truculents qui marquent la vie d’une femme à l’aube de la trentaine. De l’enfance dans un village de « deux mille habitants et une centaine de milliers de moustiques », jusqu’aux nuits de fête dans une Barcelone branchée, aux soirées entre copines ou aux expériences amoureuses, souvent ratées, qui s’analysent auprès d’une thérapeute particulièrement originale. Puis la maladie survient, brutale, même si le diagnostic tarde à être posé : sclérose en plaques.
Tout semble s’arrêter et Gina sombre dans une profonde dépression. Mais c’est sans compter sur son énergie de vie et le regard qu’elle porte sur elle-même, lucide, fort et teinté d’autocritique, ironique, pertinent et drôle. La maladie ne fera pas d’elle une victime. Et au bout d’un chemin fait de désir d’enfant, il y a peut-être l’amour d’une autre femme…

Les répétitions et autres nouvelles inédites

Silvina Ocampo. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Picard. Parution le 13 avril 2023

Silvina Ocampo (1903-1993) est une figure majeure de la littérature argentine. Durant sa jeunesse, elle étudie le dessin et la peinture à Paris avec Giorgio de Chirico et Fernand Léger avant de se consacrer à la littérature vers l’âge de trente ans. Entourée de figures littéraires imposantes – son mari, Adolfo Bioy Casares, son ami Jorge Luis Borges, sa sœur Victoria Ocampo, fondatrice de la revue et maison d’édition SUR –, Silvina Ocampo reste très attachée à son indépendance. Les brefs récits qu’elle écrit s’intéressent à la genèse de l’œuvre et à son rapport au réel. Son œuvre littéraire importante est principalement composée de recueils de poèmes, de nouvelles et de courts romans.

24 nouvelles et 2 brefs romans composent ce recueil, dont beaucoup de textes sont restés inédits jusqu’alors. Les nouvelles, écrites entre la fin des années 1930 et 1980 offrent un vaste échantillon des différentes tonalités narratives et thématiques de l’autrice. On y retrouve les obsessions fécondes de Silvina Ocampo, toujours insondables, inquiétantes : le mystère des maisons et des jardins, les cruautés et les artifices de l’enfance, la prédestination d’un nom, les amours fantasmées… Défiant les frontières entre le quotidien et l’exceptionnel, éprise de la magie imperceptible de chaque jour, Silvina Ocampo instille au récit une dose de vraisemblance mais elle ne renonce jamais aux situations qui frôlent le fantastique, tout aussi cohérentes et plausibles que le monde dit réel.
C’est avec une grande liberté narrative que Silvina Ocampo tisse une matrice poétique aux dialogues singuliers. Depuis 2017, les éditions des femmes-Antoinette Fouque ont entrepris de mieux faire connaître son œuvre immense en France. Elles ont publié La Promesse (2017), Sentinelles de la nuit (2018) et Inventions du souvenir (2021), également traduits par Anne Picard. D’autres traductions sont prévues.

Notre sang Discours et prophéties sur la politique sexuelle

Andrea Dworkin. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Camille Chaplain et Harmony Devillard. Parution le 16 mars 2023

Née d’une famille de rescapé·e·s de la Shoah, Andrea Dworkin (1946-2005) fait le parallèle entre les mécaniques destructrices de l’antisémitisme et de la misogynie. Victime de pédocriminalité, d’un viol instrumental pour avoir manifesté contre la guerre du Vietnam, puis de violences conjugales, elle survit en se prostituant jusqu’à ce qu’une féministe la recueille et induise son éveil politique. Elle consacre alors son œuvre et sa vie à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Avec Catharine MacKinnon, autrice du Féminisme irréductible, elles rédigent « l’ordonnance de Minneapolis », projet de loi novateur de lutte contre les violences pornographiques, sans passer par la censure puritaine et qui rencontre une implacable opposition. Décriée de son vivant, elle est saluée à sa mort pour son intégrité et son pacifisme et le mouvement #MeToo se réclame de son héritage.

Figure de proue du féminisme américain, Andrea Dworkin a été prise pour cible privilégiée de la haine antiféministe pour son franc-parler et ses partis pris sans compromis. Après la parution de Woman Hating (1974), son premier livre, elle se tourne vers l’art oratoire pour survivre. Le milieu éditorial américain lui reproche le manque de « féminité » de son écriture, combative et corsée, qui choque et décille les consciences. Mais elle sait qu’elle a trouvé son public et se déplace de campus en associations, où elle suscite l’admiration, la colère et le débat. Notre sang : Discours et prophéties sur la politique sexuelle (1976, 1981) rassemble en un recueil ses discours pour porter sa voix plus loin, plus haut. Neuf discours, sur des problématiques aussi diverses que l’art, sa mère, la chasse aux sorcières, le lesbianisme, la non-violence ou l’histoire « amérikaine », visent un même objectif : un appel à la sororité pour galvaniser les femmes dans la lutte contre la domination masculine jusqu’à son abolition totale.

J’ai tué Emma S.

Emma Santos. Parution le 20 avril 2023

«Les femmes ont leurs raisons» : Antoinette Fouque avait ainsi nommé, dès les premières années de la maison d’édition, une collection ouverte aux femmes au psychisme blessé, rebelles aux enfermements, productrices de leurs propres écritures et recherches. En 1976, la jeune écrivaine Emma Santos (1946-1983) rencontre les éditions des femmes, qui lui offrent leur accueil indéfectible avec La Malcastrée (1976, réédité en 2022 en format poche). Très rapidement sont édités ensuite J’ai tué Emma S. (illustré par l’autrice), L’itinéraire psychiatrique puis La Loméchuse. En 1976 et 1977, Claude Régy la met en scène au Théâtre de la Gaîté lyrique, où elle lit un texte écrit par elle, Le Théâtre d’Emma Santos, également publié par des femmes. Plus tard, après son suicide à l’âge de 37 ans, les mêmes éditions publieront le texte inédit, Effraction au réel.

Une écrivaine se voit refuser le droit d’entrée dans un asile, seul traitement : quelques poudres. Marie-Anne Le Rozick, alias Emma Santos, décrit avec force son parcours douloureux, son désir d’enfant irréalisable et la violence de l’internement en asile psychiatrique. Dans cet ouvrage au style incandescent, elle revient sur sa rupture amoureuse, empreinte de domination masculine et de violence, ainsi que sur sa naissance à l’écriture. Au cœur des années 1970, ses écrits où convergent langage et matière charnelle, explorent des thématiques taboues pour l’époque, comme l’avortement, et sont rejetés par de nombreux éditeurs. Voie d’émancipation et bouée de sauvetage, elle s‘accroche pourtant à ses textes qui font exploser les poncifs autour de la «folie», quitte à tuer Emma S., nom d’emprunt donné par son ex-mari. Les éditions des femmes-Antoinette Fouque poursuivent avec la réédition de J’ai tué Emma S. en poche, et celle de La Malcastrée en 2022 leur travail éditorial autour de l’œuvre d’Emma Santos, écrivaine majeure dont les écrits emblématiques et poignants sont d’une modernité éblouissante !

Une femme dans la guerre (1970-2005)

de Christine Spengler. Parution le 9 mars 2023

Le témoignage d’une des plus grandes correspondantes de guerre

Originaire d’Alsace, Christine Spengler, correspondante de guerre de renommée internationale, exerce ce métier depuis 1970. Ses photos sur l’Irlande du Nord, le Viêt Nam, le Cambodge, le Liban, l’Iran… ont fait le tour du monde.
Elle réalise également des photos d’art. En 2022, elle participe à l’exposition collective « Femme photographes de guerre » du Musée de la Libération. Son ouvrage Une femme dans la guerre (1970 2005), est paru en 2006 aux éditions des femmes-Antoinette Fouque.
Devant l’objectif : un monde qui se déchire. Derrière l’objectif : une femme. Dans ce livre audio, lu par l’autrice, Christine Spengler revient sur les vingt-cinq ans durant lesquels elle a témoigné des « causes justes » en photographiant les conflits. Grand reporter de guerre, elle se sent en communion avec le deuil et la douleur du monde, surtout après le suicide de son frère Éric, auquel elle était profondément liée depuis l’enfance . Elle porte un regard sensible et singulier, celui d’une femme qui, au plus profond du drame, voit la vie continuer malgré tout. Christine Spengler prolonge la lecture de longs extraits de son livre par celle d’un texte inédit sur l’une de ses fameuses photos, « Les Colombes blanches de Calais», prise en 2016 dans la jungle de Calais

Nouvelle histoire de Mouchette

de Georges Bernanos. Parution le 27 avril 2023

L’histoire bouleversante d’une enfance brisée.

Un soir de vent noir, Mouchette, quatorze ans, emprunte les bois pour retourner dans son foyer, une masure imprégnée de misère, d’alcoolisme et de maladie. La pluie s’abat sur la jeune fille lorsqu’elle croise le chemin d’Arsène, qui lui propose de s’abriter chez lui. L’homme l’enivre d’histoires extraordinaires pour l’impressionner. Le genièvre réchauffe la gorge et échauffe le corps du braconnier. Mouchette, sans défense, est violée. Quelques temps plus tard, sa mère décède sans que l’enfant ait pu lui confier son terrible fardeau, ce sentiment de honte qui ne la quittera plus, jusqu’au drame.

Journaliste et écrivain, Georges Bernanos (1888-1948) publie un premier roman Sous le soleil de Satan en 1926. Il rencontre un succès immédiat. Romancier catholique salué
par ses pairs, il a reçu de nombreux prix dont le Femina pour La Joie (1929) et le Prix du roman de l’Académie française pour Le journal d’un curé de campagne. Les horreurs de la Première Guerre mondiale de même que la répression en Espagne l’ont profondément marqué. Très engagé politiquement, il est devenu un grand écrivain de la Résistance française.

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