Brèves Du blabla mais pas de budget

De l’enfumage, encore et toujours. Par manque de volonté politique ou par mépris des luttes féministes. Le collectif #NousToutes n’est pas dupe : les mesures contre les violences de genre annoncées par le gouvernement, ne visent qu’à masquer son manque d’action à l’occasion du 8 mars. Cela était prévisible. A l’occasion de la journée internationale de lutte pour les Droits des Femmes, le gouvernement se pare de féminisme en (ré)annoncant un ensemble de mesures qui, faute de financement, n’auront que peu d’effets.

Pack nouveau départ, doublement des maisons des femmes, déploiement d’une plateforme à destination des professionnel.les de l’ordre renseignant sur le passif de violences des mis en cause, mise en œuvre de juridictions spécialisées, création de travaux d’intérêt spécifiques aux violences faites aux femmes… Toutes ces mesures annoncées pourraient être bénéfiques à la lutte contre les violences patriarcales, si elles étaient accompagnées d’un budget. Or aucun engagement financier ni d’aucune hausse du budget global pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles n’ont été évoqués. Sans financement conséquent, aucune de ces annonces ne pourra être déployée massivement, préalable indispensable pour lutter efficacement contre les violences de genre. Sans budget dédié, les personnel•les devant les appliquer, ne seront pas formé•es. Et ce sont les victimes qui seront les premières à en pâtir.

Comment le Pack Nouveau Départ apportera-t-il une solution d’hébergement aux victimes de violences conjugales, si les 15 000 à 30 000 places dédiées manquantes ne sont pas créées ? Comment seront-elles protégées si l’on ne déploie pas massivement des dispositifs de protection avec un budget à la hauteur ? « Demander des aides financières , une aide au retour à l’emploi, un accompagnement psychologique… » sont des missions déjà assurées par les associations d’aide ; et lorsqu’elles ne le sont pas, c’est faire peser des tâches supplémentaires sans hausse de subventions sur des structures déjà prises à la gorge. Quant à attendre des « médecins, policiers et maires qu’ils signalent la situation et sollicitent un référent », le collectif nourrit beaucoup de crainte au vu du manque de formation de ces professionnel.les et des incessantes défaillances dont font preuve les forces de l’ordre.

Le féminisme et la lutte contre les violences de genre ne sont pas des oripeaux que l’on ressort automatiquement à l’occasion du 8 mars et du 25 novembre afin de prétendre faire de ces combats des Grandes causes nationales. Avant de les ranger dans un placard une fois la journée finie. Le collectif #NousToutes s’indigne que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ne reste qu’un oriflamme de communication pour le gouvernement, loin d’une politique volontariste et ambitieuse à la hauteur. Nous nous indignons que le peu d’actions lancées fassent la part belle à la répression aux dépens de la prévention, seule solution pour endiguer les violences.

Nous exigeons l’adoption urgente d’une loi cadre dotée d’un budget annuel pérenne de 2 milliards d’euros. Une succession de réformes à la marge, généralement peu appliquées, comme celle à laquelle nous assistons depuis plusieurs années, ne suffira pas pour en finir définitivement avec les violences de genre. Pour y parvenir, il faut faire évoluer les mentalités de la société et des institutions en profondeur. Seule une loi cadre dotée de moyens pérennes peut le faire, en actant de dispositifs/lois… concernant tous les secteurs de la société (éducation, santé, justice, culture, etc.) et en s’attaquant de concert à l’ensemble des violences de genre. Le collectif #NousToutes sait que de tels changements prendront du temps, mais sans une adoption rapide de cette loi cadre, les femmes, les enfant•es et les personnes LGBTQIA+ continueront de voir leur vie classée sans suite à cause des violences nées du patriarcat.

Nous toutes

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