Articles récents \ France \ Société L’art thérapie : un lâcher-prise artistique…

Une fois par mois des sessions d’art thérapie sont organisées à la Maison des femmes de Paris, dans le 12ème arrondissement par Mélanie Body, illustratrice et artiste féministe engagée. Exprimer des ressentis que l’on n’arrive pas à extérioriser par les mots : voilà le but de l’art thérapie. Une feuille, de la peinture et des crayons sont les outils nécessaires à cet atelier. Il permet aux femmes d’être guidées vers la manifestation de sentiments, parfois enfouis, inconscients ou même oubliés.

Crée par Michelle Laroui pour la Maison des femmes, cet atelier a été repris par Mélanie Body il y a à peu près un an. Elle explique en quoi est-ce efficace : « J’essaye de trouver des exercices d’art thérapie qui permettent aux femmes de pouvoir les refaire chez elles. En tant que telles nous avons appris à garder tous nos sentiments pour nous, ce qui n’est pas bénéfique. L’art thérapie permet d’arriver à faire sortir ces sentiments pour que le jour où la femme est confrontée à ceux-ci, elle puisse arriver à l’exprimer » avant d’ajouter « quelques fois ça sert aussi à vider sa colère, son mal-être. Nous le mettons sur papier, que nous déchirons ensuite. Après avoir jeté ce papier c’est un peu comme si nous l’avions évincé. Ça y est le problème est résolu, on l’a fait ! ».

Le dessin… mais pas seulement ! L’expression physique a sa place dans l’atelier : « Parfois ce sont des gestes puissants,  l’on se bat presque avec la feuille, les crayons, les couleurs. Chacune a ses propres gestes selon le sentiment qu’elle souhaite mettre en avant ». La relaxation corporelle fait partie du processus d’art thérapie.

Dans un rapport publié en 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) soutient que l’art peut être bénéfique pour la santé physique et mentale. « L’OMS a identifié́ que les arts jouent un rôle majeur dans le cadre de la prévention des problèmes de santé, de la promotion de la santé et de la prise en charge et du traitement des maladies tout au long de la vie » selon Mary Corcoran pour le magazine Actualités Médicales.

L’apparence d’une psychothérapie

Utiliser l’art comme un moyen de parole a convaincu Nassima Yatim-Flonier, amie de Mélanie Body mais surtout fervente membre de l’atelier : « l’expérience que j’ai vécue au premier cours-thérapie était concluante (…) plus je dessinais, plus des souvenirs ressurgissaient, des choses que j’avais vécues et que mon cerveau avait totalement oublié. C’est comme si la chose me frappait en plein visage, je voyais la scène. Cela m’a énormément bouleversée, j’ai beaucoup pleuré ».

Après avoir été prise en charge à la suite de ce cours par la Maison des femmes, Nassima pose un mot : victime. « Je me sentais coupable de ne pas en avoir parlé. On m’a bien fait comprendre que je n’étais en aucun cas coupable mais bien la victime. Étant enfant lorsque j’ai vécu un harcèlement sexuel par un adulte de ma famille, j’ai été contrainte au silence toute ma vie ». Avoir laissé libre court à son esprit pour exprimer la douleur (ou la joie, parfois) s’est révélé décisif pour cette femme qui n’avait jamais su poser de mots sur son traumatisme d’enfance.

Un univers pour soi

Mélanie Body tache toujours de finir ses cours par une phase positive : « après avoir exprimé une scène qui nous a violenté ou blessé, hop ! nous la mettons de côté pour laisser place à un univers positif que l’on espère ou que l’on construit actuellement. Pour avoir un rebondissement et se dire que l’on est capable de créer quelque chose pour soi. Même si c’est difficile, c’est possible. »

Ouvert à toutes, l’atelier d’art-thérapie ne nécessite aucune connaissance particulière en art, en dessin ou autre. Tous les profils sont les bienvenus. La confidentialité reste primordiale pour assurer pleinement et en toute liberté cet atelier : « C’est très confidentiel ce qu’il se passe, logiquement tout ce qui est dit à l’atelier ne sort pas de l’atelier. Si l’on se rencontre en dehors, on ne parle pas de ce qu’il s’y est passé. L’anonymat est accepté. C’est intime et confidentiel. » assure la responsable de l’atelier.

Youssra Khoummam 50-50 Magazine

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