Monde \ Asie En Iran, chaque jour des voix s’élèvent contre les inégalités

Le 13 septembre 2022, Masha Amini, 22 ans, est arrêtée par la police des mœurs iranienne à Téhéran pour « tenue indécente ». Après avoir été violemment frappée, elle décède le 16 septembre des suites d’un coma. Ce n’est pas un cas isolé en Iran, dont la politique est réservée aux factions islamistes et où tous les autres partis sont interdits.

En Iran, depuis 1979 et la révolution islamique, il est obligatoire de se couvrir les cheveux en public. De même, les femmes sont interdites de porter des pantalons serrés ou troués, des couleurs vives ou des manteaux au-dessus du genou.

Dans le cas de Mahsa Amini, les autorités ont estimé qu’elle n’avait pas respecté les règles vestimentaires en vigueur. En cause : un voile mal porté, rendant sa « tenue indécente » aux yeux des autorités. Alors qu’elle venait rendre visite à sa famille à Téhéran, la police des mœurs a décidé darrêter la jeune femme originaire de la province iranienne du Kurdistan le 13 septembre. Après son arrestation, Mahsa Amini tombe dans le coma et décède trois jours plus tard.

« Mahsa avait apparemment des problèmes physiques antérieurs [et] elle avait subi une opération au cerveau à l’âge de cinq ans », a expliqué le ministre iranien de l’Intérieur, Ahmad Vahidi. Des informations démenties par le père de la jeune femme.

Dix jours après la mort de Mahsa Amini, une autre jeune femme du nom de Hadis Najafi, âgée de seulement 20 ans, a également perdu la vie lors d’une manifestation organisée dans la ville de Karaj, à une vingtaine de kilomètres de la capitale Téhéran. Les dernières images d’Hadis Najafi vivante ont été largement partagées sur les réseaux sociaux et sont devenues un symbole de lutte pour les milliers de manifestant·es qui se mobilisent dans tout le pays depuis la mort de Mahsa Amini.

Mobilisation mondiale 

Partout dans le monde des femmes se mobilisent en soutien aux femmes iraniennes. Cependant les femmes ne sont pas les seules victimes du régime iranien.  Les catégories de la population les plus sensibles pour les autorités politiques de la république d’Iran sont les jeunes et également les intellectuel·les. Ainsi, la jeunesse iranienne vit actuellement une crise causée par les contraintes morales, le manque de perspectives d’avenir et le chômage. Les jeunes n’abandonnent pas pour autant leur quête de liberté sociale : liberté de choix vestimentaires, de rencontre entre sexes opposés dans les lieux publics, d’accès à la production culturelle et artistique du monde entier, dans un pays ou l’Etat a le contrôle sur les corps de tou·tes.

Partout et sans cesse, les minorités se mobilisent pour la liberté. Les revendications ayant trait à la condition des femmes en Iran sont très fortes. Même si leur statut juridique est inférieur, comme le montrent notamment l’obligation du port du voile et les mesures en lien à la mixité, les femmes participent à tous les aspects de la vie politique, sociale, économique, scientifique et artistique. Il existe aujourd’hui deux mouvements féministes en Iran : un courant féministe islamiste, se réclamant des valeurs religieuses et de la tradition, et un autre se réclamant de la laïcité.

Les minorités ethniques comme les Kurdes se mobilisent également fortement afin d’être reconnues par le régime et profiter de conditions de vie décente dans le pays.

Les luttes pour les libertés et pour la reconnaissance de tou·tes en Iran ne se résument pas au port du voile des femmes. Les mobilisations rassemblent divers groupes tout autant victimes du régime que les femmes. Chaque jour des voix s’élèvent contre les inégalités sociales, les luttes convergent et les minorités se réunissent pour lutter contre l’oppression du régime.

Emma Pappo 50-50 Magazine

print