Articles récents \ Culture \ Livres Editions des femmes-Antoinette Fouque : publications d’aout à octobre 2023

Editions des femmes-Antoinette Fouque

Depuis leur création en 1973, les Editions des femmes-Antoinette Fouque jouent un rôle moteur dans la vie éditoriale, intellectuelle et culturelle française en mettant en lumière les créations d’autrices. Les Editions des femmes proposent fictions, récits, biographies, essais, livres audio. Proposition de lectures pour l’été et le printemps 2023.

TOUFAH, La femme qui inspira un #MeToo africain

Toufah Jallow avec Kim Pittaway, Parution le 21 septembre 2023

Toufah Jallow est née et a grandi en Gambie. Exilée seule au Canada à 19 ans, elle vit à présent entre Toronto et la Gambie. Elle étudie tout en militant contre les violences faites aux femmes dans son pays natal, notamment à travers sa fondation, The Toufah Foundation.

Kim Pittaway est journaliste et professeure à l’université de King‘s College à Halifax, en Nouvelle-Ecosse. Elle collabore régulièrement à des projets de littérature de témoignage, aidant les victimes survivantes d’événements traumatiques à raconter leur histoire.

Chaque année, en Gambie, un concours national est organisé dans le but de récompenser une jeune femme intelligente et soutenir son projet professionnel. En 2015, à l’âge de 19 ans, Toufah Jallow l’emporte. Elle reçoit alors de nombreux cadeaux et l’argent qu’elle empoche lui permettra de réaliser son rêve d’études à l’étranger. Mais la victoir est amère. Yhaya Jammeh, dictateur de la Gambie, loin de l’image protectrice qu’il véhicule auprès de sa population, est un dangereux prédateur. Lors d’une cérémonie religieuse, il viole Toufah. Craignant pour sa propre sécurité, mais aussi pour celle de sa famille, Toufah prend la fuite en direction du Sénégal, usant de divers stratagèmes afin d’échapper à la surveillance omniprésente des sbires du « président ». Son parcours vers le Canada est jalonné d’embûches et la vie de réfugiée est loin d’être facile. Un an et demi après la destitution de Jammeh en 2017, Toufah Jallow est la première à accuser frontalement l’ancien dictateur de viol. Dès lors, un élan de solidarité inédit s’engage, notamment sur les réseaux sociaux, porté par le slogan #IAmToufah. Un espoir pour toutes les survivantes de violences sexuelles à travers le monde.

Complaisance

Simona Sora, Parution le 31 août 2023

Née en 1967 à Deva, en Transylvanie, Simona Sora vit actuellement à Bucarest où elle travaille aux Éditions de l’Institut culturel roumain. Elle est également journaliste, essayiste, traductrice et a enseigné la littérature roumaine à l’université de Bucarest de 2005 à 2007. Hôtel Universal, son premier roman (Belfond, 2016), est devenu un des best-sellers roumains. Il a fait partie de la liste des cinq finalistes du prix littéraire Augustin Fratila du meilleur roman. Il a également été déclaré « livre de l’année » par Paul Cernat, essayiste et critique littéraire roumain, dans la très
respectée revue Romania Literara.

Jeu de miroirs sous Ceausescu
En Roumanie, sous la dictature de Ceausescu, la jeune Maïa se retrouve impliquée dans une enquête sur un avortement illégal. C’est elle qui a trouvé le petit corps inerte dans les douches de l’hôpital communiste, îlot entre sexe et mort, dans lequel elle travaille comme instrumentiste et où elle rêve d’un ailleurs, là-bas, de l’autre côté du mur. Dans un second scénario, Maia, exilée, travaille dans la maison médicale suisse d’un canton catholique, dont les règles strictes et impénétrables l’entraîne vers une autre impasse… Sur le mode du miroir, Complaisance reflète deux hypothèses de vie du même personnage, et met face à face deux mondes différents, celui de l’Est et celui de l’Ouest, chacun exigeant, à sa manière, conformité, concession… En un mot : complaisance. C’est avec un réalisme cru, mais aussi beaucoup d’humour et d’acuité intellectuelle que Simona Sora signe ce portrait désillusionné de deux sociétés que tout semble opposer mais qui sont finalement assez semblables où l’hypocrisie ne laisse que peu de place à la vérité.

Le chaudron militaire turc, Un exemple de production de la violence masculine

Pinar Selek, Parution le 5 octobre 2023

Née en 1971 à Istanbul, Pinar Selek est sociologue, militante féministe et antimilitariste. S’intéressant notamment aux groupes opprimés et aux marginaux, elle est victime de la répression que subissent les intellectuels en Turquie et a été emprisonnée en 1998. Condamnée à perpétuité, elle vit désormais en exil en France où elle a publié plusieurs livres, fictions, contes, essais et articles. Après une publication en Italie et en Turquie, son roman Azucena ou Les fourmis zinzines a été publié en français aux éditions des femmes-Antoinette Fouque en 2021.

Pinar Selek s‘intéresse aux différentes étapes de la construction de la domination hégémonique masculine, essayant de « sonder les ténèbres qui font d’un bébé un assassin ». L’enquête de terrain initiale menée en 2007, l’avait conduite à rencontrer des hommes d’origines géographiques et de milieux sociaux très différents sur plusieurs générations ayant seulement en commun d’avoir été obligés de faire leur service militaire, obligatoire en Turquie. Ce fut l’objet d’un premier ouvrage, Service militaire en Turquie et construction de la classe de sexe dominante – Devenir homme en rampant
(L’Harmattan, 2014). L’autrice y étudiait les différents mécanismes à l’œuvre pour formater les individus : dépersonnalisation, violence, soumission, absurdité et arbitraire d’ordres auxquels les jeunes appelés ne peuvent se soustraire, nationalisme et culte du pouvoir, de la force. Avec ce nouveau livre qui réarticule les éléments de ses recherches précédentes, Pinar Selek élargit sa réflexion, nourrie de références philosophiques à nos sociétés toutes entières, régies par un capitalisme effréné et un mépris à l’égard des femmes dans un contexte mondial de guerres et une montée des régimes autocratiques. Un texte fort et nécessaire. C’est dans un cadre très particulier, celui du système répressif turc, que Pinar Selek a mené son enquête, défiant la censure omniprésente. Exilée en France depuis 2011, elle est victime d’un acharnement judiciaire de la part de l’État turc depuis 25 ans et menacée de mort.

Vivre avec sans, Adagio maladie

Anne Sultan, Parution le 12 octobre 2023

Née en 1967, Anne Sultan est une danseuse devenue chorégraphe, co-dirigeant sa propre compagnie, Opus, avec Boris Jacta. Dans la lignée de son écriture pour la scène – un danser-faux de la marche, de la chute, une danse qui désarticule les lignes – elle écrit le texte de Radio Graph (2014), adapte et réécrit pour la scène La Barbe bleue, Cendrillon et Alice à la Conciergerie de Paris (2016).

L’alcoolisme et sa guérison vécus par une femme.
Comment guérir de l’alcoolisme ? Dans cette fiction poétique à la forme très originale, Anne Sultan, chorégraphe et danseuse, travaille la langue au plus près du corps et de l’esprit. Langue du corps mais aussi corps de la langue, les mots se font chair pour saisir les moments de désespoir profond qui jalonnent la dépendance à l’alcool, la difficulté d’en sortir et l’immense courage qu’il faut pour affronter cette maladie et en réchapper. Un texte d’une grande actualité sur un sujet rarement traité en littérature, celui de l’alcoolisme raconté par une femme, porté par une écriture poignante.
Vivre avec sans. Adagio Maladie a été porté sur scène au théâtre mais également à la radio (France Culture, « Création on Air », 11 janvier 2018). Ce texte a été sélectionné par le Comité de lecture des Écrivains Associés du Théâtre et par le Panta Théâtre de Caen.

La petite différence et ses grandes conséquences

Alice Schwarzer, Parution le 5 octobre 2023

Alice Schwarzer, journaliste née en 1942, est une figure du féminisme allemand contemporain. Elle a participé activement au mouvement de libération des femmes en Allemagne. En 1977, elle fonde le magazine féministe EMMA qu’elle dirige depuis. Elle est, en Allemagne, l’initiatrice d’une campagne médiatique (« PorNO ») visant à l’interdiction de la pornographie.

Une enquête sur les pratiques sexuelles et les comportement stéréotypés dans les couples.

Alice Schwarzer interroge la fonction de la sexualité dominante. À travers une série d’enquêtes menées auprès des femmes d’Allemagne de l’Ouest, aux origines sociales et aux âges divers, l’autrice décrypte les mécaniques sexuelles et comportementales. Qu’elles soient en couple hétérosexuel ou homosexuel ou bien célibataires, les femmes ne jouissent pas de la même sexualité que les hommes. La petite différence physique engendre surtout de grandes conséquences idéologiques. Le modèle sexuel le plus admis est dominé par la jouissances des hommes. Loin de se laisser flouer par les idéaux de Mai 68, Alice Schwarzer affirme, au contraire, que ces derniers ne sont qu’une extension du modèle hégémonique masculin. Vraie précurseure, l’autrice s’intéresse à l’orgasme clitoridien et aux rapports sans pénétration. Ainsi, la sexualité retrouve son caractère polymorphe et de jouissance pour les corps.

Ferdaous, une voix en enfer

Nawal El Saadawi, Parution le 31 août 2023

Sage-femme puis psychiatre égyptienne, Nawal El Saadawi (1931-2021) est l’autrice d’une œuvre prolifique nourrie de sa pratique médicale au contact de ses patientes. Son écriture est mise au service de la lutte contre les violences machistes. Elle milite avant tout contre l’excision, qu’elle a subie à l’âge de 6 ans, et contre le mariage forcé, auquel elle réchappe à 10 ans. Nombre de ses ouvrages sont frappés d’interdiction en Égypte. Menacée de mort, elle s’exile aux États-Unis et devient consultante pour l’ONU.
Darina Al Joundi est une comédienne de théâtre et de cinéma syro-libanaise. Elle est également autrice de scénarios. En France, elle se fait connaître par le biais de la pièce autobiographique qu’elle a écrite, avec Mohamed Kacimi, Le jour où Nina Simone a cessé de chanter. En 2017, Darina Al Joundi a également publié Prisonnière du Levant aux éditions Grasset, texte dans lequel elle raconte la vie de la romancière May Ziadé. Darina Al Joundi a connu Nawal El Saadaoui de son vivant et admire son courage et ses engagements en faveur des droits des femmes.

Cette histoire bouleversante retrouve enfin son oralité originelle.
Dans une prison du Caire, une femme attend d’être pendue. La veille de son exécution, elle reçoit enfin dans sa cellule la psychiatre qui souhaite recueillir sa parole, et comprendre son crime. La détenue parle vite, sachant son heure venue et n’ayant plus rien à perdre. Elle s’appelle Ferdaous, « Paradis » en arabe, et sa vie n’a été qu’un enfer. D’inceste en violences conjugales, programmée pour devenir prostituée, elle fait payer les hommes pour le mal qu’ils lui infligent. Jusqu’au jour où l’un d’eux y laissera la vie. Ce roman iconique de la grande voix du féminisme du Moyen-Orient est inspiré de faits réels : Nawal El Saadawi a recueilli en tant que psychiatre le récit de vie d’une détenue de la prison de Kanater et l’a restitué à l’écrit en une semaine, après sa pendaison. Paru en arabe en 1975, Ferdaous est pour la première fois publié en France en 1981 aux éditions des femmes. L’autrice se trouve alors elle-même en prison, victime d’une vague d’arrestations arbitraires. La mobilisation internationale du Mouvement de libération des femmes (MLF) œuvre à sa délivrance. Suivront chez les mêmes éditrices : La face cachée d’Ève (1982), Douze femmes dans Kanater (1984), Femmes égyptiennes, tradition et modernité (1991).

Une femme dans la guerre, 1970-2016

Christine Spengler, Parution le 31 août 2023

Originaire d’Alsace, Christine Spengler, correspondante de guerre de renommée internationale, exerce ce métier depuis 1970. Ses photos sur les conflits en Irlande du Nord, au Viêt Nam, au Cambodge, au Liban, en Iran… ont fait le tour du monde. Elle réalise également des photos d’ art. En 2022, elle participe à l’exposition collective « Femmes photographes de guerre » au Musée de la Libération à Paris. Son ouvrage Une femme dans la guerre (1970-2005), est paru en 2006 aux éditions des femmes-Antoinette Fouque.

Le témoignage d’une des plus grandes photoreporters de guerre.
Christine Spengler est une pionnière du photoreportage de guerre et l’une des plus célèbres correspondantes de guerre du XXe siècle, multi primée. Pendant plus de 25 ans, elle a parcouru avec son appareil photo un monde déchiré par des conflits, ayant à cœur de témoigner des « causes justes ». Elle en a rapporté des photos inoubliables qui nous hantent encore. Dans ce livre audio, elle évoque de sa voix si caractéristique, à partir de son livre Une femme dans la guerre (1970-2005), les épisodes les plus marquants de son travail : Tchad (1970), Irlande du Nord (1972), Vietnam (1973),
Cambodge (1975), Kurdistan iranien, Afghanistan et Sahara occidental (1979), San Salvador (1980), Liban (1982). Un texte inédit sur l’une de ses fameuses photos, «Les Colombes blanches de Calais» , prise en 2016 dans la jungle de Calais, prolonge la narration de son livre. Le regard sensible d’une femme forte et engagée qui, au plus profond du drame, choisit la vie plutôt que la destruction et la mort.

Azucena ou Les fourmis zinzines

Pinar Selek, Parution le 28 septembre 2023

Née en 1971 à Istanbul, Pinar Selek est sociologue, militante féministe et antimilitariste. S’intéressant notamment aux groupes opprimés et aux marginaux, elle est victime de la répression que subissent les intellectuels en Turquie et est emprisonnée en 1998. Condamnée à
perpétuité, elle vit désormais en exil en France où elle a publié plusieurs livres, fictions, contes, essais et articles. Après une publication en Italie et en Turquie, son roman Azucena ou Les fourmis zinzines a été publié en français aux éditions des femmes-Antoinette Fouque en 2021.

Ariane Ascaride fait des études de sociologie à Aixen-Provence où elle rencontre Robert Guédiguian qui deviendra son mari. Ils sont alors des militants engagés. Elle monte à Paris et intègre le Conservatoire national d’art. Elle débute au théâtre, joue quelques rôles au cinéma et devient une actrice-clé des films de Robert Guédiguian : elle obtient avec lui le César de la meilleure actrice (Marius et Jeannette, 1997), et le prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise (Gloria Mundi, 2019).

La force des petites résistances, quotidiennes et joyeuses, pour repenser un avenir en commun.
À Nice, Azucena est au cœur de plusieurs groupes constitués en réseaux informels, d’amitiés et de résistances. Avec les Paranos, elle distribue légumes et graines bio, comme s’il s’agissait de contrebande ou de produits illicites. Avec Luna, elle exfiltre des chiens ayant fui leurs maîtres autoritaires ou violents pour commencer une nouvelle vie. Tout autour d’elle gravite une foule hétéroclite de doux rêveurs qui ne renonceraient pour rien au monde à la mise en pratique de leurs idéaux. Quelques-uns sont, tout comme elle, un peu cabossés, mais trouvent dans les liens qui les unissent des raisons d’espérer. Parce que l’espoir n’est pas une option. Tous, comme autant de fourmis invisibles et obstinées creusant des tunnels pour faire déraper, sans violence, notre vieux monde, œuvrent ainsi à en créer un nouveau, plus libre et lumineux, plus solidaire et plus juste.

Les Editions des femmes-Antoinette Fouque

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