Brèves Feminicides : La « grande cause » Emmanuel Macron est un échec !

Le 31 août, une femme a été tuée à coups de machette alors qu’elle déposait son enfant à la crèche. Son ex-conjoint, déjà connu pour avoir enfreint une ordonnance de protection rendue en 2021 après leur séparation en 2020, était en fuite depuis lors. Cette femme, comme tant d’autres avant elle, n’a pas été protégée par la justice française. C’est le 90ème féminicide décompté depuis le début de l’année 2023.

Samedi 2 septembre le ministère de l’Intérieur a rendu son rapport sur “les morts violentes au sein du couple”. Sans surprise, le nombre de féminicides conjugaux ne baisse pas. Le bilan de la “grande cause » des deux mandats d’Emmanuel Macron : plus de 850 féminicides. En France en 2023, les hommes continuent à tuer les femmes.

Mais pourquoi en serait-il autrement ? Des politiques publiques ont-elles été mises en place pour faire reculer cette violence ? Un budget conséquent et adéquat a-t-il été débloqué ?  Les lois sur l’éducation à l’égalité à l’école sont-elles appliquées ? Les dispositifs de protection sont-ils déployés largement, les ordonnances de protection simplifiées et utilisées à chaque fois qu’une femme est en danger ? 

A toutes ces questions la réponse est NON. Si des mesures ont été annoncées à grand renfort de communication gouvernementale, elles sont insuffisantes et la plupart du temps peu voire pas appliquées. La “grande cause” des quinquennats Macron est un échec, non pas parce que des tentatives de politiques publiques auraient été infructueuses. Mais parce que ces politiques publiques n’ont pas eu lieu. Un échec par inaction. 

#NousToutes dénonce aujourd’hui ce qui n’est pas dit dans le rapport du Ministère de l’Intérieur et rappelle quelques mesures à mettre en place immédiatement. 

1) Beaucoup de ces morts auraient dû être évitées. 20% des femmes victimes avaient alerté les forces de l’ordre sur les violences subies, pourquoi n’ont-elles pas été protégées ? Toute la société doit être formée, à commencer par les professionnel.les de police, de justice, de santé, de l’éducation, du social, des ressources humaines dans les entreprises, à détecter les violences, accueillir et orienter les victimes. La formation doit devenir un outil déployé massivement dans tous les ministères, toutes les entreprises. 

2) Le féminicide est l’aboutissement d’un continuum de violences de genre. Il prend racine dans une société sexiste et inégalitaire qui tolère les violences de genre. En 2023, le Haut Conseil à l’Egalité a publié un rapport sur l’état du sexisme en France, concluant que celui-ci ne diminue pas et que ses manifestations les plus violentes s’aggravent. Où est la “grande cause” d’Emmanuel Macron ? Sans politiques publiques dignes de ce nom en matière d’éducation et de prévention, le sexisme et les inégalités de genre ne baisseront pas.

3) Les associations féministes qui accueillent, écoutent, hébergent, accompagnent les femmes victimes de violences n’ont pas les moyens d’accomplir leurs missions. Depuis 2019 et le “Grenelle des violences conjugales”, le gouvernement par la voix de plusieurs ministres, et même Emmanuel Macron en personne, appellent régulièrement les femmes victimes de violences à parler pour signaler les violences qu’elles subissent et appeler à l’aide. Elles le font. D’après la Fondation des Femmes, les faits dénoncés aux forces de l’ordre ont augmenté de 82%. Les appels aux associations féministes ont également explosé. 

Le vendredi 1er septembre, veille de la publication du ministère de l’Intérieur, la Fondation des Femmes lançait un appel à dons pour soutenir les associations d’aide aux femmes victimes de violences. Selon leur calcul, le budget alloué aux associations rapporté au nombre de victimes a diminué de 25%. Au bord de la faillite, celles-ci sont obligées de fermer des places d’hébergement, abandonnées par l’Etat qui préfère fermer les yeux sur les situations de danger imminent pour des femmes et pour leurs enfants. L’Etat doit débloquer immédiatement des fonds pour soutenir, pérenniser et renforcer le travail des associations qui sauvent des vies au quotidien.

4) Les féminicides ont également lieu en dehors de la sphère du couple. Le féminicide est le meurtre ou le suicide forcé d’une femme en raispon de son genre, et ce quel que soit son âge et les circonstances. Les féminicides s’inscrivent dans un contexte de violences patriarcales systémiques et/ou au croisement d’autres systèmes d’oppression. En 2022, #NousToutes a recensé non pas 118, mais 147 féminicides. 25%, soit 29 femmes, ont été assassinées par un fils, un frère, un membre de leur entourage, un inconnu, un homme se faisant passer pour un client du travail du sexe. Ces morts ne doivent pas être invisibilisées. Le 29 juin 2023 la Belgique a adopté une législation Stop Féminicides, inscrivant dans la loi une définition du féminicide qui inclut TOUS les meurtres de femmes en raison de leur genre.

Face à la permanence des féminicides, l’indifférence et l’inaction des pouvoirs publics sont sidérantes. Où sont les réactions politiques au rapport du ministère de l’Intérieur ? Où est la révolte, la colère que l’on pourrait attendre face aux plus de 850 personnes innocentes assassinées depuis la prise de fonction d’Emmanuel Macron, simplement parce qu’elles sont des femmes ? Où sont les deux milliards d’euros (0,1% du PIB) nécessaires pour faire reculer les violences ?

Déjà 90 féminicides décomptés en 2023, combien encore jusqu’à la fin de l’année, combien en 2024, combien de temps attendre encore ? #NousToutes réitère l’urgence d’adopter une loi cadre, accompagnée d’un budget de 2 milliard d’euros, pour lutter efficacement contre les violences de genre dont les féminicides sont l’ultime échelon, pour que nous n’ayons plus à compter nos mortes.

Nous Toutes

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