Articles récents \ DÉBATS \ Contributions Le tremblement de terre qui a secoué le Maroc et mon cœur

Le tremblement de terre qui a frappé Marrakech dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023 a secoué mon cœur et celui de tant d’autres, mais il a également renforcé notre relation avec le Maroc. La solidarité et le soutien manifestés par des personnes du monde entier nous rappellent que, même face aux adversités les plus grandes, l’humanité peut se relever et briller sous son meilleur jour.

Cette fois, l’histoire est différente

J’ai l’habitude de lire des histoires qui concernent des événements plus ou moins éloignés de moi. Mais cette fois, l’histoire est différente. Cette fois, mon cœur est personnellement impliqué, car je suis marocaine. J’ai grandi en Italie, et le tremblement de terre qui a frappé Marrakech et sa région dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023 a secoué mon pays natal et toute ma personne.

Une dualité d’appartenance

Je suis née au Maroc mais j’ai passé la majeure partie de ma vie en Italie. Cette dualité d’appartenance a toujours fait partie de moi, mais dans des moments comme celui-ci, elle devient plus évidente. D’un côté, je ressens un lien profond avec mon pays natal, avec ses traditions, sa culture et son peuple. D’un autre côté, l’Italie est le pays où j’ai grandi, le pays qui m’a offert de nombreuses opportunités, ma deuxième maison, et j’ai appris à l’appeler « maison » autant que le Maroc.

Ma famille vit à Casablanca, et quand j’ai reçu l’appel de ma grand-mère cette nuit-là, mon cœur s’est emballé. Heureusement, elle et mes proches allaient bien, mais le tremblement de terre avait fait trembler leur maison et leur monde. La peur et l’inquiétude étaient palpables dans sa voix quand elle m’a raconté l’expérience qu’elle venait de vivre. Même si je n’étais pas physiquement présente, je me sentais au plus près d’eux, au plus près de mon pays.

Un pays natal brisé

Cette nuit restera gravée dans la mémoire des Marocain.e.s pour toujours. Un tremblement de terre de magnitude 6,8 a frappé la ville de Marrakech causant de nombreuses victimes et d’importants dégâts aux bâtiments et aux infrastructures de cette ville classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Les provinces rurales d’Al Haouz (épicentre du séisme), Taroudant et Chichaoua sont les principales zones sinistrées. Les secours ont beaucoup de mal à arriver dans les villages enclavés dans ces chaînes montagneuses qui culminent à 4000 mètres d’altitudes.

Cet événement a mis en lumière la vulnérabilité sismique de cette région, qui n’a pourtant pas l’habitude d’être touchée par des tremblements de terre de cette ampleur. Le dernier séisme à avoir ébranlé le Maroc ayant eu lieu à Agadir, en 1960, où 12000 personnes périrent.

Le séisme a causé des dégâts matériels, mais le véritable coût se mesure en pertes humaines, en larmes et en destins brisés. Les gens ont fui dans les rues, beaucoup vêtus en pyjamas, cherchant refuge loin des bâtiments en ruine. Les histoires de courage et de solidarité se sont rapidement répandues, avec des personnes se mobilisant pour en aider d’autres piégé.e.s sous les décombres, blessées, égarées.


La solidarité et le soutien manifestés par toutes les personnes qui se sont mobilisées pour aider mon pays natal sont le signe bien réel de la force de l’humanité lorsque celle-ci s’unit pour relever les défis les plus grands.


A l’heure où j’écris la situation ne cesse de s’assombrir : le bilan officiel provisoire publié par le Ministère de l’intérieur marocain, lundi 11 septembre, fait été état de 2.681 morts et de 2501 blessé.e.s, dont 1404 en état grave. Mais malgré cette tragédie mon pays, le Maroc, fait preuve de résilience. En effet, en période d’adversité, nous nous rassemblons comme une grande famille, sans distinction. Ce tremblement de terre n’a pas fait exception. Les communautés se sont unies pour aider leurs proches, les autorités locales ont travaillé sans relâche pour coordonner les opérations de secours, et les organisations humanitaires ont offert leur soutien.

L’Italie, elle aussi, a ressenti l’appel de mon pays natal. La communauté marocaine de la péninsule s’est mobilisée pour collecter des fonds et envoyer de l’aide à Marrakech. Les nouvelles et les images m’ont remplie de fierté, sachant que mon lien avec le Maroc n’a jamais été aussi fort.

Quand on dit que le destin est ironique : exactement un mois plus tôt, le 8 août 2023, j’étais à Marrakech, et j’ai pris cette photo sur la place Jamaa El Fna.

Au-delà des dégâts matériels, ce tremblement de terre a touché le cœur de tous les Marocain.e.s. La peur et l’incertitude persistent, mais aussi l’espoir et la détermination de reconstruire et de surmonter cette tragédie. Marrakech, la ville rouge, a montré au monde sa force et sa résilience.

Ainsi, ce tremblement de terre n’a fait que renforcer mon lien avec le Maroc. Bien que je vive en Italie, mon cœur a toujours été partagé entre deux terres, deux langues et deux cultures. Cet événement a mis en lumière cette dualité de manière plus tangible que jamais. Je suis fière de la force et de la résilience de mon peuple en ces temps difficiles, et je sais que le Maroc et les Marocain.e.s du monde entier se relèveront plus fort.e.s que jamais. La solidarité et le soutien manifestés par toutes les personnes qui se sont mobilisées pour aider mon pays natal sont le signe bien réel de la force de l’humanité lorsque celle-ci s’unit pour relever les défis les plus grands.

Mon cœur est avec le Maroc et avec les populations qui ont vécu cette expérience tragique.

Chaimae Zouhiri rédactrice web à Medfeminiswiya

50 50 Magazine est partenaire de Medfeminiswiya

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