Articles récents \ Matrimoine \ Vidéos 50/50 Michelle Perrot: « Le fait que les femmes soient sorties de l’ombre est une conséquence du mouvement de libération des femmes ! »
Depuis plus de 50 ans, Michelle Perrot a largement contribué à faire émerger les femmes dans l’histoire. Ayant été encouragée par ses parents à faire des études et devenir une femme indépendante, elle a mené des études d’histoire qui l’ont conduite à travailler sur les mouvements ouvriers du XIXe s. À l’époque, l’Histoire était encore écrite par des hommes qui ne s’intéressaient guère au sort des femmes, invisibilisées de fait jusqu’à ce que des femmes comme Michelle Perrot les sortent de l’oubli. Déjà très mobilisée à gauche (elle s’est engagée dans le combat contre la torture en Algérie en participant au comité Audin créé en janvier 1958), c’est tout naturellement qu’elle a participé au mouvement de libération des femmes des années 1970. En 1973, avec ses collègues de l’université de Paris VII (Jussieu) Pauline Schmitt-Pantel et Fabienne Bock, Michelle Perrot va créer un cours sur les femmes intitulé : « Les femmes ont-elles une histoire ? ». La première conférence, donnée par la sociologue Andrée Michel, portera sur « La femme et la famille dans les sociétés développées ». Des étudiant·es gauchistes y étaient présent·es et hostiles à ce cours « parce que s’occuper des femmes c’était se détourner de la révolution… ». En 1975, Michelle Perrot fondera alors un « Groupe d’études féministes » (GEF) avec Françoise Basch, toujours à l’université de Jussieu. Actif jusqu’en 1991, de nombreuses chercheuses y aborderont quantité de sujets concernant les femmes et les conditions de leur émancipation du régime patriarcal qui infusait encore tous les aspects de la société (travail, famille, sexualité, création, recherche, religion, politique, citoyenneté…).
En tant que professeure d’histoire, Michelle Perrot a dirigé une cinquantaine de thèses liées à l’histoire des femmes. La première fut soutenue par Marie-Jo Bonnet en mars 1979 sur Recherches historiques sur les relations amoureuses entre les femmes du XVIe au XXe siècle. Si tous ces travaux ont contribué à une meilleure connaissance de la part des femmes dans l’histoire de l’humanité, il n’en reste pas moins qu’en 2010 Michelle Perrot affirmait encore dans une tribune parue dans Le Monde que « l’histoire demeure une science largement virile, dans son exercice comme dans son contenu ».
Toujours attentive à l’engagement des intellectuelles hors de l’université et à la diffusion des savoirs féministes – si importants en tant que levier de transformations sociales, Michelle Perrot a longtemps collaboré avec le journal Libération et co-produit l’émission Les Lundis de l’Histoire, sur France Culture. Résolument universaliste, Michelle Perrot a, dans son travail, mis en lumière plus particulièrement les différences de classe et de sexe qui sont partout au fondement des inégalités économiques et sociales, mais qui sont modulées selon les époques et les pays par d’autres discriminations. De nombreux sujets d’étude s’offrent aux nouvelles générations de chercheuses féministes auxquelles Michelle Perrot a contribué à ouvrir la voie !
Marie Hélène Le Ny 50-50 Magazine