Brèves Rapport annuel – Analyse des données issues des appels au 3919-Violences Femmes Info

En 2024, pour la première fois depuis la création de la ligne d’écoute, la barre symbolique des 100 000 appels pris en charge est dépassée. Ce triste record montre que les violences conjugales restent massives et qu’il y a urgence d’agir pour un financement des dispositifs d’aide et pour une société plus égalitaire.

L’hébergement et le relogement : questions centrales dans le parcours de fuite des femmes victimes de violences conjugales

Alors que l’étude IFOP sur les violences économiques faites aux femmes menée par le Crédit Mutuel conjointement à la FNSF a révélé que 40% des femmes en couple ne pourraient pas payer leur loyer seules si elles devaient quitter le domicile conjugal et que 44% ne pourraient pas quitter le foyer sans une aide financière extérieur, les données issues des appels au 3919 réaffirme que la cohabitation avec l’auteur des violences est un facteur central dans la capacité de fuir les violences.

  • Dans 55% des cas lorsque les appelantes ne résident plus avec l’auteur des violences cela fait suite à leur départ du domicile
  • Dans seulement 5% des cas, cela fait suite au départ de l’auteur.
  • 38% des appelantes qui ont déclaré être à la rue ont été “mises à la porte” par leur conjoint

Les femmes victimes de violences conjugales se retrouvent souvent forcées à devoir quitter leur domicile pour pouvoir échapper aux violences. Permettre un accès plus facile à l’hébergement et au relogement est essentiel dans le parcours de sortie des violences. Le 3919 repose sur un triptyque qui est l’écoute, l’information et l’orientation.

Si les écoutantes ne rencontrent pas de difficultés sur les deux premiers piliers de l’action du 3919, elles se retrouvent aujourd’hui confrontées à des difficultés pour orienter les femmes victimes de violences vers les associations de terrain. En effet, faute de moyens plusieurs associations du réseau de la FNSF et partenaires se voient contraintes de refuser de prendre en charge des femmes victimes de violences car elles sont arrivées au maximum de leur capacité d’accueil.

Des violences plurielles qui impactent toutes les sphères de la vie des femmes et qui perdurent après la rupture

Par ailleurs, les violences conjugales laissent des traces profondes et durables dans la vie des femmes qui en sont victimes. Au-delà de l’urgence, ces violences ont des répercussions physiques, psychologiques, sociales et économiques sur le long terme.

  • 82% des appelantes ont évoqué les conséquences des violences sur leur santé durant l’appel
  • 70% ont parlé des conséquences sociales, économiques et administratives des violences
  • En moyenne, lors d’un appel au 3919, les femmes victimes de violences conjugales déclarent subir trois formes de violences différentes (psychologiques, verbales, physiques, économiques, sexuelles, administratives, cyberviolences).

Dans de nombreux cas, les violences perdurent après la séparation.

  • Dans 30% des appels au 3919 pour violences conjugales l’auteur est l’ex conjoint
  • Pour 43% de ces situations, la rupture a eu lieu il y a plus d’un an et des violences sont toujours exercées

Il est donc impératif de financer des dispositifs d’accompagnement adaptés à toutes les formes de violences, dans la durée, pour garantir une véritable reconstruction. Cela implique aussi de reconnaître le continuum des violences faites aux femmes, des inégalités de genre jusqu’aux féminicides, et d’y répondre par des politiques publiques ambitieuses, coordonnées et structurantes, à la hauteur des enjeux.

Fédération Nationale Solidarité Femmes

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