Brèves Soumission chimique : l’insupportable lenteur de la justice pour les victimes du fonctionnaire du Ministère de la Culture. Les victimes alertent
Depuis 2019, la Fondation des Femmes accompagne, par l’action de ses avocates de la Force juridique, 30 des plus de 200 femmes victimes présumées de Christian Nègre, alors haut-fonctionnaire et DRH du ministère de la Culture. Cette affaire, révélée en 2019, demeure l’une des plus grandes affaires de soumission chimique en France.
Alors que la lutte contre la soumission chimique est enfin reconnue comme une priorité politique, notamment à la suite du rapport de la mission gouvernementale menée par Mesdames Sandrine Josso et Véronique Guillotin, les victimes accompagnées par la Fondation des Femmes alertent aujourd’hui sur l’extrême lenteur de la justice pénale dans le traitement de leur dossier.
Une instruction au ralenti, des victimes oubliées
L’information judiciaire, ouverte en octobre 2019, n’a toujours pas abouti près de six ans plus tard. Malgré la co-saisine de deux juges d’instruction et le renfort d’assistantes administratives, la justice semble incapable de traiter un dossier d’une telle ampleur.
- La majorité des victimes n’a pu être entendue que par les officiers de police judiciaire, faute de temps et de moyens pour que la juge d’instruction les reçoive individuellement.
- L’opacité de la procédure et l’absence totale d’information aggravent la souffrance des victimes, qui ignorent les raisons de ces délais et se sentent abandonnées par l’institution judiciaire.
Pendant ce temps, l’agresseur présumé demeure libre, sous contrôle judiciaire allégé, et continue d’exercer dans le domaine des ressources humaines, ce qui inquiète profondément les victimes.
Une justice à deux vitesses qui aggrave la détresse
La Fondation des Femmes et ses avocates rappellent que la France a récemment été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour “victimisation secondaire”, soulignant les dysfonctionnements persistants de la justice française dans les affaires de violences sexuelles.
Les victimes, encouragées à porter plainte, subissent ensuite les carences du système judiciaire, alors même que l’État reconnaît l’ampleur du phénomène de la soumission chimique et la nécessité d’une réponse pénale forte.
Bien que conscientes de la bonne volonté des juges d’instruction, elles sont les premières à essuyer le manque criant de moyens matériels et financiers de la justice et désespèrent de voir Christian Nègre jugé un jour.
La Fondation des Femmes, aux côtés des victimes, continuera de se mobiliser pour que la justice ne soit plus un parcours d’obstacles, mais un lieu de reconnaissance et de réparation, notamment avec l’adoption d’une loi intégrale contre les violences sexuelles, portées par plus de 115 associations et organisations.