France \ Société Vive les utérus !

C’est ce qu’on voudrait crier après avoir lu le passionnant livre de Leah Hazard, ancienne journaliste diplômée de Harvard devenue sage-femme qui, avec un vrai talent de conteuse, nous invite à découvrir cet organe d’où nous venons toutes et tous.
Longtemps ignoré par les livres de médecine, considéré comme un simple réceptacle où les bébés se développent avant de naître, notre utérus a pourtant aujourd’hui beaucoup à nous apprendre. Et à nous faire considérer cette partie de l’anatomie féminine comme le berceau de notre humanité.
Oui, si l’autrice a longtemps cherché ce qui avait été écrit sur l’utérus pour constater finalement que très peu des notices le concernaient, contrairement au pénis ! Recherche qui l’a suffisamment énervée pour qu’elle décide de lui consacrer plus de 375 pages, c’est bien parce que la médecine, comme en ce qui concerne généralement les femmes, n’avait jusqu’à maintenant considéré son importance que comme secondaire. Grâce à elle, l’oubli est maintenant réparé.
Bien plus : son remarquable ouvrage nous le fait appréhender d’une manière complètement différente. Sait-on par exemple que loin d’être l’environnement stérile que la médecine lui attribuait, son microbiote est d’une infinie variété, que la taille de ce muscle s’apparente à celle d’un autre organe bien plus célébré, le cœur, que nombreuses sont ses formes, ce qui ne permet pas de considérer que tel ou tel utérus serait plus « normal » qu’un autre, et qu’enfin s’il est porteur d’une promesse, celle de l’enfant à naître, il a une vie propre qu’il est urgent de comprendre.
Plus étonnant encore, ce livre plein de surprises remet en question la traditionnelle histoire de la fécondation telle que nous l’avons apprise à l’école : la compétition entre les innombrables spermatozoïdes pour arriver à féconder l’ovule qui attendrait sagement le vainqueur. Il semble que cette façon de décrire la fécondation ne soit rien de plus qu’un des avatars de la science patriarcale doctement répétée. Car les recherches récentes dont se fait l’écho Leah Hazard dans son enquête auprès de nombreux spécialistes racontent une toute autre histoire ; contrairement à la passivité que l’on attribuait jusqu’ici à l’utérus et à l’ovule, il s’agirait bien au contraire d’un choix que ferait le corps féminin du meilleur spermatozoïde ! C’est en stockant le sperme dans de minuscules cavités avant de décider de choisir le plus résistant, que le col de l’utérus décide en quelque sorte de libérer celui qui va féconder l’ovule. …Voilà qui met à bas selon le professeur Martin de l’université de Chicago le « mythe machiste » de la fécondation telle qu’enseignée jusqu’ici….
Mais cette anecdote si remarquable n’est qu’un chapitre d’un livre qui, des règles à la ménopause en passant par l’endométriose et l’hystérectomie, pour s’achever sur l’utérus du futur, et les greffes d’utérus dont l’actualité française, en ce mois de juin 2025, nous a rappelé la possibilité, laisse les lectrices et lecteurs (qu’on espère nombreuses/nombreux) avides d’en savoir plus. Car finalement, nous venons tou·tes de là, non ?
Moira Sauvage 50-50 Magazine