Le plan de désendettement présenté par le Premier ministre François Bayrou prévoit une série de mesures d’austérité qui affecteront de manière disproportionnée les personnes les plus précaires : suppression de jours fériés, gel des prestations sociales (RSA, AAH, APL), réduction des droits à l’assurance chômage, coupes dans les dépenses de santé ou encore non remplacement des fonctionnaires partant à la retraite. Ces mesures sont vouées à affecter en particulier les femmes, surreprésentées parmi les allocataires des minimas sociaux, les mères isolées, les retraité·es à faible pension, elles aussi plus nombreuses, les personnes en affection longue durée et les usagères des services publics.
Sous couvert d’un « effort partagé », le gouvernement affirme vouloir mobiliser toutes les catégories sociales, en évoquant une éventuelle « contribution de solidarité » sur les hauts revenus et une révision des niches fiscales. Cependant, ces annonces restent floues et sans engagement ferme, tandis que les 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises (versées chaque année sans évaluation systématique, sans conditionnalité sociale ou environnementale, ni contrôle démocratique) échappent à toute remise en cause (Sénat, rapport n° 808, 2025). Aucune base de données exhaustive ne permet aujourd’hui de savoir précisément qui reçoit ces aides, ni selon quels critères. Pourtant, les dispositifs cumulés représentent près de 8 % du PIB national, soit plus de 1000 fois plus que le budget alloué à la lutte contre les violences faites aux femmes.
Cette opacité est dénoncée depuis des années par les chercheurs, la Cour des comptes et même les services du Sénat.
Dans les faits, ce sont les femmes les plus pauvres qui paieront le prix fort de ce plan, alors même qu’elles disposent de marges de manœuvre économiques extrêmement faibles. Parce qu’elles cumulent les inégalités (revenus plus bas, carrières discontinues, monoparentalité, accès inégal aux soins et au logement), toute réduction des droits sociaux ou recul des services publics les expose à une dégradation directe de leurs conditions de vie.
Une attaque frontale contre les droits des femmes
Ce plan d’austérité, loin d’être neutre, aggrave les inégalités structurelles entre les femmes et les hommes. Les associations féministes alertent depuis des années sur l’insuffisance des moyens alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Un rapport de la Fondation des Femmes évalue les besoins réels entre 2,6 et 5,4 milliards d’euros par an. L’État y consacre actuellement 184 millions, soit …0,04% de son budget..
Les associations féministes sont asphyxiées par le manque de moyens. Subventions gelées, retards de versement, absence de soutien structurel : des milliers de femmes ne peuvent plus être protégées, accompagnées ou entendues. Faute de soutien, des permanences ferment, des juristes, psychologues et travailleuses sociales sont licenciées. C’est une trahison des engagements de l’État, et une attaque contre la chaîne de solidarité qui protège les plus vulnérables.
Pourtant, chaque jour, le 3919 reçoit plus de 300 appels à l’aide des femmes victimes de violences, et un homme commet un féminicide tous les trois jours environ. Derrière chaque décision budgétaire, ce sont des vies que l’on sauve, ou que l’on abandonne.
En s’attaquant aux prestations sociales, à la santé, au droit du travail et aux services publics, le gouvernement isole encore davantage les femmes, les enferme dans la précarité, et démantèle les mécanismes collectifs de protection.
Osez le Féminisme ! appelle à une mobilisation féministe contre ce plan d’austérité injuste, violent et sexiste.
Nous refusons que l’on sacrifie la santé, la sécurité et les droits des femmes sur l’autel de la rigueur budgétaire.
Nous demandons :
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La sanctuarisation immédiate des budgets dédiés à la lutte contre les violences,
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L’augmentation des financements alloués aux associations féministes,
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L’abandon des mesures antisociales qui punissent les femmes pour une dette qu’elles n’ont pas créée.
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La fin de la stigmatisation des femmes étrangères et sans papiers et la garantie de leurs droits fondamentaux, y compris l’accès aux soins, à un hébergement digne, et à la régularisation.
La mise en transparence, la conditionnalité et l’évaluation des 211 milliards d’euros d’aides publiques versées chaque année aux entreprises. Ce sont des ressources publiques : elles doivent servir l’intérêt général, pas financer l’injustice.