Articles récents \ Contributions Des femmes prennent dans leurs bras Dilma Rousseff et la démocratie

Le 19 avril dernier, des centaines de femmes ont manifesté pour défendre le mandat de la présidente Dilma Rousseff et la démocratie. La manifestation, « un câlin pour la démocratie – les femmes avec Dilma », s’est déroulée devant le palais présidentiel à Brasilia. Touchée par l’initiative, la présidente est sortie pour les remercier de leur soutien.

Des fleurs à la main et visiblement émue, Dilma Rousseff a lancé avec enthousiasme : « J’ai la conscience tranquille.» Elle est restée une vingtaine de minutes parmi les manifestantes pour les saluer et prendre des photos avec elles. La ministre des droits des femmes, Eleonora Menicucci, et la présidente de la Caisse économique fédérale, Miriam Belchior, l’ont accompagnée.
« En tant que femmes, nous nous sentons méprisées par les positions offensives et sexistes des parlementaires qui ont voté pour la recevabilité du processus de destitution. En tant que citoyennes, nous avons conscience que notre pays est en train de vivre un moment hors du commun. Nous ne pouvons fermer les yeux. Le manque de respect envers les institutions et la légitimité du processus électoral qui a placé Dilma Rousseff à la présidence du pays ne nous laisse d’autre choix que de descendre dans la rue et de lutter pour le maintien de son mandat», ont expliqué les organisatrices du mouvement par voie de communiqué.
Pendant la manifestation, Dilma Rousseff a été acclamée aux cris de : «Dilma, guerrière du peuple brésilien», « Ma présidente est un cœur vaillant » et « Les fascistes ne passeront pas ». Les femmes avaient des fleurs et scandaient des slogans comme : « J’ai foi en mon pays parce qu’une femme le gouverne » et «Reste avec nous, chérie !»
«J’ai vécu les années de plomb de la dictature à Rio de Janeiro. Je suis pour la démocratie. C’est pour ça que je suis ici aujourd’hui. Je vais dire : Dilma, nous sommes avec toi, sois forte et confiante, nous remporterons cette bataille’», a déclaré Tereza Pereira, une représentante du groupe.
Divers mouvements sociaux étaient aussi présents à la manifestation.

Manifeste de soutien à la démocratie lu pendant la manifestation

Dans la scène politique actuelle, nous ne pouvons occulter l’essor galopant du machisme et de la misogynie chez certains parlementaires et leurs partisans. Nous avons vu l’image de la présidente exposée de manière méprisante dans d’innombrables montages. Plus qu’une agression envers elle, ces montages démontrent la haine qu’engendre chez ces personnes le fait qu’une femme indépendante préside le Brésil.
Nous, femmes en faveur de la démocratie et contre la misogynie qui nous cerne sans répit, nous refusons les attaques à l’encontre la présidente Dilma Rousseff. Elles témoignent d’une violence politique, mais surtout d’une violence institutionnelle et sexiste.
Nous considérons inadmissibles les attaques machistes et grossières envers la présidente, comme celles proférées dimanche par le député Jair Bolsonaro. Son discours dédié à un dictateur, à un tortionnaire prouve son mépris total et son manque de respect envers l’histoire des luttes du Brésil. Nous ne pouvons permettre que ce flot de haine se répande, car il menace non seulement l’intégrité des femmes, mais aussi de l’être humain.
Nous refusons que les femmes, tout comme la présidente, qui ont été torturées et dont l’intégrité physique, émotionnelle, psychologique a été lacérée, voient leur douleur oubliée ou minimisée. Nous rappelons que les propos misogynes et machistes qui poussent à la haine des femmes tuent. Selon l’Observatoire des violences à l’encontre des femmes (2015), 13 femmes meurent chaque jour au Brésil.
Nous devons poursuivre nos conquêtes en faveur de la démocratie et garder l’espoir d’un Brésil chaque jour meilleur. La dictature n’a sa place que dans les livres d’histoire. Qu’on ne l’oublie pas, mais qu’elle ne revienne pas. »

Traduit par Clara Domingues  50-50 Magazine
Article tiré du média brésilien « 247 »
 
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